I.
L’acceptation progressive de la vérité
A. Le refus
parallèle de Jeanne (paniquée) et de Nawal (qui veut oublier)
- Nawal sur la
défensive : « Qu’est-ce que tu me veux ? » +
refuse le fardeau des enfants « garde-les ! »
- Jeanne :
répétition de l’adverbe « Non » + phrases négatives
- Jeanne est
paniquée par la vérité qui se fait jour :
- multiplication des exclamations
-
accumulation d’arguments : les noms ne sont pas ceux que lui
donne Malak, elle a un certificat de naissance, elle est née en été,
Fahim voyait Nawal tous les jours et n’a donc pas pu se tromper sur
le nombre d’enfants dans le seau..
-
les connecteurs logiques qui donnent l’illusion de la cohérence :
« puisque » répété 2x (se rappeler que Jeanne est
professeur de maths à l’université, elle est toujours très
rationnelle, ce qui lui permet de tenir à distance ses émotions).
-
la longueur de de ses phrases, au rythme haché (virgules, « et »)
voire en polysyndète pour la dernière réplique.
-
parallélisme de construction + répétition de mots, comme pour se
convaincre elle-même : « Il a pris l’enfant, il a pris
le seau, l’enfant était dans le seau »
-
répétition de la négation : « pas deux, pas deux »,
comme une plainte.
B. Des fables et
des erreurs pour (se) détourner de la vérité
- C.L du mensonge,
de l’erreur, du secret : « secret », « trompé »,
« raconter des histoires »
- Jeu de ping-pong
(phrase affirmtive / phrase négative) à propos de Fahim, qui
débouche sur la vérité : « Fahim me l’a dit » /
« Fahim s’est trompé » / « Fahim ne s’est pas
trompé » / « Fahim n’a pas bien regardé »
- symbolique de la
saison de naissance : « l’été, pas l’hiver »,
comme s’il s’était agi d’une naissance heureuse, chaleureuse.
- fable du père
héroïque : « il a donné sa vie pour votre pays »
et celle des parents passionnément amoureux : « il a aimé
ma mère et ma mère l’a follement aimé ». Mais cette fable
est celle de la naissance de Nihad, pas celle de la naissance des
jumeaux.
C. Un
cheminement vers la vérité
- C’est Malak qui
ouvre le chemin avec des phrases déclaratives très brèves : « ils
sont à toi », « Jannaane et Sarwane », « Fahim
s’est trompé », « Fahim n’a pas bien regardé »
= sûr de lui.
-
Malak fait le lien entre
les temporalités : passé composé : «je vous ai pris et
je suis parti » / présent « tu me reviens », « je
vois » / « futur : « ils sauront » :
il est celui qui fait le
lien entre toutes les époques, donc entre toutes les vérités
-
Isotopie du cheminement, du début et du point d’aboutissement :
« nous voilà arrivés », « et voilà »,
« maintenant », « tu me reviens », « début
de leur existence » + antithèse « naissance » /
« mort » : la boucle est bouclée grâce à Malak
qui a accompagné l’acceptation de la vérité
-
La transmission des enfants de Fahim à Malak et de Malak à Nawal //
la transmission de la vérité de Malak à Jeanne (verbes de
mouvements, d’allers / retours): « Fahim me tend… et il
repart… je suis parti… tu me reviens » + jeu des
didascalies : « prend Jeanne dans ses bras », « avec
deux bébés dans ses bras », « donne les enfants à
Nawal »)
-
Il est finalement écouté par les deux femmes : Nawal a repris
ses enfants ; Jeanne croit ce qu’il lui révèle sur sa
naissance.
II. Grâce à
Malak
A. Malak, le
père de substitution
- « Malak »
en Araméen (parlé au Liban pendant l’Antiquité) = « ange »
- Il renomme Jeanne
dès qu’il sait qu’elle est la fille de Nawal : « tu
es Jannaane » + signe de
reconnaissance paternelle : il la prend dans ses bras
(didascalie).
- Il martèle, tout
au long de l’extrait, qu’il a donné un nom aux enfants :
« Je leur ai donné un nom à chacun », « Le garçon
s’appelle Sarwane et la fille, Jannaane ». Il répète :
« Sarwane et Jannaane ». Il répète à Jeanne :
« Jannaane et Sarwane ». Il répète encore : « je
vous ai […] nommés : Jannaane et Sarwane ».
-
Phrases injonctives : « Prends-les », « prends-les
et garde-moi », « écoute-moi » : autorité,
c’est lui qui guide, comme un père.
-
« Je t’avais prévenue » : comme un père
-
Didascalie : « Malak, deux bébés dans ses bras » +
« je vous ai nourris et nommés » + comparaison « j’en
ai pris soin comme s’il avaient été mes propres enfants » :
comme un père
-
Métaphore du « jeu des questions et réponses » :
joue avec Jeanne, comme un père.
B. Malak, le
témoin des origines, celui qui voit et décille ceux qui ne voient
pas
- C.L du regard :
« se regardent », « on ne voit pas », « il
la voyait », « pas bien regardé », « je
vois » x 2 → Malak est celui qui voit, qui sait.
- Malak rend présent
le passé en se remémorant la passation des enfants → scène
devant les yeux des spectateurs, en train de se jouer grâce à la
présence de Nawal = rend vraie la parole de Malak aux yeux du
spectateur.
- Le récit de Fahim
qui lui tend le seau se fait au présent de narration (me tend,
repart, lève... ») : Malak rend présent le passé
- Métaphore du
dévoilement de la vérité dans le geste de « lever le tissu »
du seau.
- Homophonie seau /
sceau : le sceau du secret est brisé grâce à Malak
- Didascalie
interne : « larmes qui coulent de tes yeux » :
Jeanne a les yeux embués, elle voit enfin la vérité // Oedipe qui
se crèvent les yeux devant la vérité.
C. Malak, celui
qui rend beau l’insupportable et permet de regarder l’avenir
- métaphore des
« fruits » nés du « viol et de l’horreur » :
du laid est né le beau, le bon
- métaphore :
« renverser la cadence des cris perdus » (=
exorciser
le terrible passé)
- le miracle d’être
en vie : « miracles » répété trois fois +
« rescapés »
pour insister sur
le fait que leur vie est précieuse.
- « Tous
trois », « trois » + « deux
bébés, deux », « l’un à l’autre », « l’un
contre l’autre » : Nawal et les jumeaux se
ressemblent, ils sont vécu la même chose, c’est pourquoi Nawal
doit se sentir unie à eux.
- Possessif dans
« tes enfants » : attribue ces deux bébés à
Narwal, lui faire accepter le fait qu’elle soit mère.
-
Deux futurs prophétiques
: « tu ne sais pas ce qu’il seront pour toi »
(sous-entendu : ils t’aideront dans ta reconstruction)
+
« ils sauront renverser la cadence » → Malak
voit l’avenir, comme
un prophète
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire