vendredi 22 mars 2019

Incendies, sens du titre


Le titre de la pièce : Incendies

Phrases et des moments comportant le verbe « brûler », « exploser » ou équivalent :

Feu / explosion au sens figuré = joie et amour ; perte de repères

- Nawal apprend qu’elle est enceinte : « un océan a éclaté dans ma tête. Une brûlure. » (5. Ce qui est là)
- Wahab à Nawal : « Je voulais te dire que cette nuit, mon cœur est plein d'amour, il va exploser. »
- Idem : « Nous rêvions de regarder l'océan ensemble. Eh bien, Nawal, je te le dis, je te le dis, le jour où je le verrai, le mot océan explosera dans ta tête et tu éclateras en sanglots car tu sauras alors que je pense à toi. » (7. Un couteau planté dans la gorge)
- Dans la lettre à Nihad : « Et tu as sorti ce petit nez de clown. / Et ma mémoire a explosé » (37. Lettre au fils)


Feu / explosion au sens propre = barbarie, violence, guerre, cruauté

- Sawda racontant son passé à Nawal : « Pourquoi mon père était à genoux à pleurer devant la maison brûlée ? Qui l'a brûlée ? » (13. Sawda)
- Le médecin explique l’absurdité de la vengeance : « les réfugiés avaient brûlé une maison près de la colline du thym. Pourquoi les réfugiés ont-ils brûlé la maison ? Pour se venger des miliciens qui avaient détruit un puits d'eau foré par eux. Pourquoi les miliciens ont détruit le puits ? Parce que des réfugiés avaient brûlé une récolte du côté du fleuve au chien. Pourquoi ont-ils brûlé la récolte ? Il y a certainement une raison, ma mémoire s'arrête là, je ne peux pas monter plus haut. » (17. Orphelinat de Kfar Rayat)
- Nawal raconte l’incendie de l’autobus : « l'autobus a flambé, il a flambé avec tous ceux qu'il y avait dedans, il a flambé avec les vieux, les enfants, les femmes, tout ! Une femme essayait de sortir par la fenêtre, mais les soldats lui ont tiré dessus, et elle est restée comme ça, à cheval sur le bord de la fenêtre, son enfant dans ses bras au milieu du feu et sa peau a fondu, et la peau de l'enfant a fondu et tout a fondu et tout le monde a brûlé ! » (19. Les pelouses de banlieue).
- 1978, massacre des camps. Nawal raconte à propos d’un ami : « sa fille aînée, ils l’ont brûlée vive ».
- Plus loin : « Ils ont brûlé l’imprimerie. Brûlé le papier » (21. La guerre de cent ans)
- Plus loin, Sawda raconte le massacre du camp : « Les garçons égorgés, les jeunes filles brûlées. Tout brûlait autour, Nawal, tout brûlait, tout cramait ! Il y avait des vagues de sang qui coulaient des ruelles […] au coeur de la ville qui brûlait » (25. Amitiés)
- A propos des amis de Nawal (probablement Sawda) : « L'une d'elles s'est rendue jusqu'au café où se tenaient les miliciens et s'est fait exploser. » (26. La veste en toile verte)
- Tous les coups de feu tirés : ceux de la guerre (par exemple, les tirs pour mettre le feu à l’autobus, les miliciens qui obligent une mère à choisir lequel de ses trois fils épargner et qui tuent les deux autres), mais aussi ceux de Nihad / Abou Trek (31. L'homme qui joue + 33. Les principes d'un franc-tireur), celui de Nawal tuant Chad ou de Sawda tuant un milicien de deux balles (23. La vie est autour du couteau).


Les titres intermédiaires : incendies de l’esprit, ravages irréparables :

Incendie de Nawal : Nawal se fait retirer son bébé. Elle perd aussi son amant. Elle vit dans un pays en guerre. Elle se fait torturer, violer. Elle reconnaît son fils en son bourreau, se tait à jamais et meurt.
Incendie de l’enfance : Nawal est trop jeune pour avoir un enfant ; Nihad est abandonné ; Jeanne et Simon ne reçoivent que peu d’amour de la part de leur mère ; Sawda vit son enfance dans des camps de réfugiés
Incendie de Jannaane : Elle découvre des secrets du passé de sa mère : la violence de la guerre, son viol ; elle apprend qu’elle et Simon sont nés de ce viol. Tout son joli passé vole en éclat.
Incendie de Sarwane : Il découvre que son père est son frère. Bouleversé, il se tait pendant trois jours.

Sens du titre et des titres de parties

INCENDIES : L’histoire se passe au Liban durant la guerre civile. Les personnages sont brûlés au sens psychologique car leur vie est enfer (perte d’un amant, d’un enfant, viols, guerres, découvertes inattendues)
Le lexique du feu est omniprésent dans le texte. « Incendies » est au pluriel car chaque partie évoque un incendie, un évènement marquant :


1) INCENDIE DE NAWAL : Découverte du testament de leur mère et de l’existence de leur père et de leur frère.
Mort de Nawal, la mère ; disparition de Wahab, accouchement de Nawal et disparition de son fils  Incendie intérieur de Nawal qui a tout perdu

2) INCENDIE DE L’ENFANCE : L’orphelinat de Kfar Rayat est vidé de tout enfant ; Nawal ne retrouve pas son fils.
Scène du bus brûlé par des miliciens  Incendie au sens propre, c’est à ce moment-là que Nawal décide de combattre.
EAU : Présente à l’enterrement de Nawal sous forme de pluie, Nawal demande également à recevoir recevoir 3 seaux d’eau pour son enterrement, un de Simon, de Jeanne et de Hermile.
Présence de la rivière gelée donc pas d’eau accessible et « Pluie torrentielle » est la dernière phrase du texte.     
L’eau est l’élément de purification, l’eau éteint les incendies.

3) INCENDIE DE JANNAANE : Jeanne va dans le village natal de Nawal mais elle découvre que tout est brûlé, à cause d’un incendie  Incendie au sens propre
Jeanne apprend le viol dont elle est issue.

4) INCENDIE DE SARWANE : Hermile et Simon partent rejoindre Chamseddine afin que Simon retrouve son frère et il apprend la vérité sur ses origines incestueuses. Il brûle intérieurement d’apprendre ces nouvelles. Incendie intérieur


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