mardi 12 février 2019

Commentaire : le portrait de Milady chez Dumas


PBQ possible : Comment Alexandre Dumas peint-il le portrait d’une femme déterminée à s’en sortir par tous les moyens ?

I. Portrait d’une femme complexe

A. Manifestations de la violente colère de Milady
- Exclamations qui accentuent l’aspect violent de sa colère
- Focalisation interne qui nous fait pénétrer dans les pensées intimes de Milady
- Manifestation physique de la colère (« yeux », « poitrine » → vue, ouïe)
- Métaphore de la houle avec gradation (« monte, gronde, mugit et vient se briser »)
- Hypallage sur le « château sombre et orgueilleux » (qui pourrait représenter Milady elle-même)
- C.L de la lumière : « ardents », « éclairs », « briller » = métaphore de sa colère
- Isotopie de la folie : « yeux ardents » « convulsions de rage », « frémissements nerveux » « folle colère » « j’étais folle »

B. Une femme impuissante et désespérée
- comparaison de sa respiration à un « désespoir » avec hyperbole « éternel et impuissant »
- 2ème paragraphe : deux adversatifs (mots qui marquent une opposition) « mais » et un « et » qui a le sens de « or » avec l’opposition « des mois, des années » et « dix ou douze jours » = énumération de tous les obstacles auxquels elle se heurte : elle est prisonnière, elle n’a pas la force physique nécessaire pour s’évader, ni le temps nécessaire à cela.
- Discours indirect libre : « pourquoi donc le ciel... » = plainte de Milady, vécue en direct par le lecteur.
-la métaphore presque oxymorique du « serpent fatigué » figure bien son désespoir qui lui ressemble peu, et accentue ainsi la profondeur de ce désespoir.
- Isotopie de l’impuissance et de l’échec : « se briser », « impuissant », « perdus dans les lointains », « échouer », « n’a pu vaincre »

C. Une femme hybride
- plusieurs oppositions entre l’homme et la femme
- l’homme est toujours associé à la force physique : homme « fort », verbes de bricolage qui exigent de la force (percer, desceller, trouer)
- la femme est liée à la faiblesse : « irritations fébriles d’une femme », « corps frêle et délicat » »faiblesse féminine », « plus faible encore que moi »
- elle-même se sent plutôt « homme » : « cette âme virile » avec le démonstratif qui désigne son âme à elle ; projection dans une hypothèse qu’elle aimerait voir réalisée : « si elle était un homme »
- elle est aussi mi-femme mi-animal : « rugissements » font référence au lion, comparaison explicite à un « serpent » et nombreuses références à cet animal : yeux ardents et fixes », « repliée sur elle-même », « regard brûlant », « ondulations »
(voir aussi le chapeau qui qualifie Milady d’« ange démoniaque » : qu’a-t-elle de l’ange ? Qu’a-t-elle du démon ?)

II. Qui trouve des armes pour s’en sortir

A. Elle a un caractère très déterminé, elle sait se maîtriser, elle est intelligente
- elle est intelligente comme le suggère la métaphore de son « esprit » qui « brill[e] » ou l’hypallage des « mains savantes »
- La répétition de l’impératif « allons, allons » montre qu’elle se raisonne
- Sa maîtrise d’elle-même est aussi visible dans la disparition de sa violente colère : « elle a surmonté […] sa folle colère », « les frémissement nerveux […] ont disparu », « pas de violence »
- passage du passé (« j’étais folle ») au présent (« je lutte ») qui montre une prise de conscience de son erreur passée et son engagement dans l’avenir.
- connecteurs logiques qui montrent les étapes du raisonnement de Milady : « cependant », « aussi », « mais », « alors », « enfin »
- Elle tire des conclusions sous forme de lois générales paradoxales : « Pas de violence, la violence est une preuve de faiblesse » ; « Ma force est dans ma faiblesse ».

B. Elle opère un changement radical pour faire de sa faiblesse une force
-1ère ligne du texte : « immobile », et yeux « fixes » en opposition au dernier paragraphe : « changements », « mobile », « ondulations » → elle entre en mouvement, mais un mouvement ordonné cette fois, loin des « convulsions de rage » du début.
- connecteurs temporels qui marquent des états différents, des changements : « les premiers moments de sa captivité », puis « peu à peu » et enfin « maintenant ».
- Le dernier constat satisfait de Milady prouve qu’elle possède une arme : sa beauté (« rien n’est perdu, je suis toujours belle »). A mettre en relation avec la mention du « serpent », le séducteur de la Genèse → Milady va probablement user de ses charmes pour s’évader.
- Mention de ses attributs féminins qui désignent les armes dont elle dispose : son « corps frêle et délicat », ses « mains savantes », son « séduisant sourire », ses « cheveux » (symbole érotique) son « regard brûlant »
- C.L de la beauté : « séduisant », « charmes », « belle » : non seulement elle est une femme, mais elle est une femme belle.

C. Elle sait parfaitement se transformer, jouer un rôle
- pluriel dans « changements impos[és] à sa physionomie », et « toutes les expressions » : elle est capable de mimer plusieurs états, des émotions variées
- la mention des « mains savantes » fait penser à un prestidigitateur qui peut transformer tout en n’importe quoi : elle est aussi une magicienne capable de se transformer elle-même, de passer d’ange (« doux ») à démon (« colère »).
- intensifs « si » dans « physionomie si expressive et si mobile » : insiste sur ses talents de comédienne
- C’est elle qui décide ce que son visage doit afficher comme le montrent les verbes : « imposer à sa physionomie », « lui fit prendre toutes les expressions »
- Tout un C.L du regard, de l’apparence et du faux-semblant émaille le texte : « yeux », « briller », « éclats », « glace qui reflète dans ses yeux », « expressions ».
- Finalement, on en revient toujours à la métaphore du serpent, qui est en réalité le Démon déguisé dans la Bible. Milady est bel et bien ce serpent.


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