mardi 12 février 2019

Dissertation personnage antipathique


Dissertation : le personnage antipathique a-t-il pour seule fonction de susciter le rejet du lecteur ?

Bien analyser le sujet : ici, « pour seule fonction de » impliquer qu’il faille commencer par analyser cette fonction-là : comment et pourquoi le personnage antipathique suscite-t-il le rejet du lecteur (1ère partie) ?

Il s’agit ensuite (2ème partie) de prendre le contre-pied de cette thèse pour en proposer une autre (que l’on affirme)

La 3ème partie peut soit proposer encore une troisième fonction à ce type de personnage (ce que je propose dans la correction), soit prendre le contre-pied du début du sujet : le personnage sympathique peut lui aussi susciter le rejet du lecteur

Attention, les exemples doivent systématiquement prouver au moins deux éléments :
1) Il doit prouver l’idée de l’axe (en quoi il est antipathique et suscite le rejet / attire le lecteur)
2) Il doit prouver l’idée de la sous-partie (exemple pour le I : pourquoi on ne le comprend pas / pourquoi il nous donne une mauvaise image de nous-mêmes / pourquoi il nous permet de nous rapprocher du personnage positif)



I. Le personnage antipathique a pour fonction de susciter le rejet du lecteur

A. On ne peut pas s’identifier à lui, on ne le comprend pas
Exemple : Georges Duroy dans Bel-Ami de Maupassant 1) Il suscite le rejet par qu’il est immoral, il se sert des femmes pour réussir dans la société, au point de faire une demande en mariage à une veuve le jour où elle perd son mari 2) on ne peut pas s’identifier à lui si l’on croit en l’amour et qu’on vit selon une certaine morale

B. Il peut nous renvoyer une mauvaise image de nous-mêmes, qu’on préfère rejeter
Exemple : Milady dans Les Trois Mousquetaires de Dumas 1) Elle suscite le rejet parce qu’elle paraît excessive, violente (elle a déjà tué plusieurs personnes) et manipulatrice 2) elle renvoie une mauvaise image des femmes parce qu’elle va user de ses charmes pour réussir, ce que toute femme pourrait être tentée de faire un jour.

C. Par contraste, il nous incite à nous identifier encore plus au personnage sympathique
Exemple : La Thénardier dans Les Misérables de V. Hugo 1) Elle suscite le rejet par le portrait très péjoratif qu’en fait Hugo : elle est aussi laide (« grasse, carrée, charnue, énorme » ; elle a « de la barbe ») que brutale (« bourreau », « ogresse ») ou effrayante (« tout tremblait au son de sa voix » 2) par contraste, elle nous incite à nous identifier davantage au personnage sympathique : l’image antithétique de l’éléphant et de la souris nous amène à ressentir de la compassion pour Cosette qui souffre de la méchanceté de cette « sauvagesse ». On la déteste d’autant plus que Cosette est fragile.

II. Mais il peut également attirer le lecteur

A. il donne du relief au récit car il est moins lisse qu’un personnage sympathique
Exemple : Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal 1) Il est antipathique parce qu’il se montre envieux des bourgeois, vaniteux et cherche à se venger d’une humiliation imaginaire 2) il est moins lisse qu’un personnage sympathique parce que sa personnalité est complexe, il évolue au fil du roman et crée la surprise à de nombreuses reprises.

B. Il est amusant, il peut faire rire par ses défauts, son cynisme
Exemple (je fais un copier/coller de la dissertation travaillée en classe sur le héros héroïque) : Valmont dans Les Liaisons dangereuses : Il fait semblant de devenir très pieu et ironise sur la naïveté de sa tante qui croit à sa transformation. Il remplace la foi en Dieu par le désir de posséder une femme vertueuse et mariée : il est tellement immoral qu’il en devient drôle. Par exemple, on l’imagine faisant semblant de prier alors qu’il épie discrètement sa proie et échafaude tout un plan pour la séduire.

C. Il fait vivre par procuration au lecteur des actions répréhensibles
Exemple : Joseph dans Un Barrage contre le Pacifique. 1) Il est antipathique parce qu’il est brutal avec sa mère et sa sœur, impoli avec M. Jo ; 2) par procuration, on peut vivre sa brutalité, on aimerait parfois avoir sa liberté de parole sans s’encombrer des limites de a morale et du savoir-vivre

III. Il peut enfin intéresser le lecteur, à défaut de l’attirer

A. Il incarne la face sombre de notre humanité et nous fait réfléchir à la psychologie humaine
Exemple : Les personnages des Rougon-Macquart de Zola, dont la « fêlure originelle » se propage de génération en génération 1) Ils sont antipathiques parce qu’ils développent souvent une névrose (Lantier l’assassin, Gervaise l’alcoolique, etc.) 2) Ils nous font réfléchir à la psychologie humaine, conformément à ce que souhaitait Zola : son naturalisme se veut un laboratoire littéraire et social qui étudie le développement de cette tare selon le milieu social dans lequel elle évolue...

B. Il permet une critique de certains travers de la société
Exemple : Les héros des romans de Houellebecq 1) Ils sont antipathiques parce que … 2) Ils permettent une critique de notre société en perte de repères parce que ...

C. Il nous fait comprendre le fonctionnement du mal
Exemple : Milady dans Les Trois Mousquetaires 1) on a déjà montré qu’elle était antipathique 2) Elle nous fait comprendre le fonctionnement du mal parce qu’elle se déguise, elle joue, on comprendre que le mal peut revêtir un aspect attirant (image du serpent de la Bible qui séduit Eve par ses belles paroles).




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