Dissertation : le personnage antipathique a-t-il pour seule
fonction de susciter le rejet du lecteur ?
Bien
analyser le sujet : ici, « pour seule fonction de »
impliquer qu’il faille commencer par analyser cette fonction-là :
comment et pourquoi le personnage antipathique suscite-t-il le rejet
du lecteur (1ère partie) ?
Il
s’agit ensuite (2ème partie) de prendre le contre-pied de cette
thèse pour en proposer une autre (que l’on affirme)
La
3ème partie peut soit proposer encore une troisième fonction à ce
type de personnage (ce que je propose dans la correction), soit
prendre le contre-pied du début du sujet : le personnage
sympathique peut lui aussi susciter le rejet du lecteur
Attention,
les exemples doivent systématiquement prouver au
moins deux
éléments :
1)
Il doit prouver l’idée de l’axe (en quoi il est antipathique et
suscite le rejet / attire le lecteur)
2)
Il doit prouver l’idée de la sous-partie (exemple pour le I :
pourquoi on ne le comprend pas /
pourquoi il nous donne une mauvaise image de nous-mêmes
/ pourquoi il nous permet de nous rapprocher du personnage
positif)
I. Le
personnage antipathique a pour fonction de susciter le rejet du
lecteur
A. On ne peut
pas s’identifier à lui, on ne le comprend pas
Exemple : Georges Duroy dans Bel-Ami de Maupassant 1) Il
suscite le rejet par qu’il est immoral, il se sert des femmes pour
réussir dans la société, au point de faire une demande en mariage
à une veuve le jour où elle perd son mari 2) on ne peut pas
s’identifier à lui si l’on croit en l’amour et qu’on vit
selon une certaine morale
B. Il peut nous renvoyer une mauvaise image de nous-mêmes, qu’on
préfère rejeter
Exemple : Milady dans Les Trois Mousquetaires de Dumas 1)
Elle suscite le rejet parce qu’elle paraît excessive, violente
(elle a déjà tué plusieurs personnes) et manipulatrice 2) elle
renvoie une mauvaise image des femmes parce qu’elle va user de ses
charmes pour réussir, ce que toute femme pourrait être tentée de
faire un jour.
C. Par
contraste, il nous incite à nous identifier encore plus au
personnage sympathique
Exemple : La Thénardier dans Les Misérables de V. Hugo
1) Elle suscite le rejet par le portrait très péjoratif qu’en
fait Hugo : elle est aussi laide (« grasse, carrée,
charnue, énorme » ; elle a « de la barbe »)
que brutale (« bourreau », « ogresse ») ou
effrayante (« tout tremblait au son de sa voix » 2) par
contraste, elle nous incite à nous identifier davantage au
personnage sympathique : l’image antithétique de l’éléphant
et de la souris nous amène à ressentir de la compassion pour
Cosette qui souffre de la méchanceté de cette « sauvagesse ».
On la déteste d’autant plus que Cosette est fragile.
II. Mais il
peut également attirer le lecteur
A. il
donne du relief au récit car il est moins lisse
qu’un personnage sympathique
Exemple :
Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal 1) Il est
antipathique parce qu’il se montre envieux des bourgeois, vaniteux
et cherche à se venger d’une humiliation imaginaire 2) il est
moins lisse qu’un personnage sympathique parce que sa personnalité
est complexe, il évolue au fil du roman et crée la surprise à de
nombreuses reprises.
B. Il est
amusant, il peut faire rire par ses défauts, son
cynisme
Exemple
(je
fais un copier/coller de la dissertation travaillée en classe sur le
héros héroïque) : Valmont dans Les Liaisons
dangereuses : Il fait semblant de devenir très pieu et
ironise sur la naïveté de sa tante qui croit à sa transformation.
Il remplace la foi en Dieu par le désir de posséder une femme
vertueuse et mariée : il est tellement immoral qu’il en
devient drôle. Par exemple, on l’imagine faisant semblant de prier
alors qu’il épie discrètement sa proie et échafaude tout un plan
pour la séduire.
C. Il fait vivre par procuration au lecteur des actions
répréhensibles
Exemple :
Joseph dans Un Barrage contre le Pacifique. 1) Il est
antipathique parce qu’il est brutal avec sa mère et sa sœur,
impoli avec M. Jo ; 2) par procuration, on peut vivre sa
brutalité, on aimerait parfois avoir sa liberté de parole sans
s’encombrer des limites de a morale et du savoir-vivre
III. Il peut
enfin intéresser le lecteur, à défaut de l’attirer
A. Il
incarne la face sombre de notre humanité et nous fait réfléchir à
la psychologie humaine
Exemple : Les
personnages des Rougon-Macquart de Zola, dont la « fêlure
originelle » se propage de génération en génération 1) Ils
sont antipathiques parce qu’ils développent souvent une névrose
(Lantier l’assassin, Gervaise l’alcoolique, etc.) 2) Ils nous
font réfléchir à la psychologie humaine, conformément à ce que
souhaitait Zola : son naturalisme se veut un laboratoire
littéraire et social qui étudie le développement de cette tare
selon le milieu social dans lequel elle évolue...
B. Il
permet une critique de certains travers de la société
Exemple : Les
héros des romans de Houellebecq 1) Ils sont antipathiques
parce que … 2) Ils permettent une critique de notre société en
perte de repères parce que ...
C. Il
nous fait comprendre le fonctionnement du mal
Exemple :
Milady dans Les Trois Mousquetaires 1) on a déjà montré
qu’elle était antipathique 2) Elle nous fait comprendre le
fonctionnement du mal parce qu’elle se déguise, elle joue, on
comprendre que le mal peut revêtir un aspect attirant (image du
serpent de la Bible qui séduit Eve par ses belles paroles).
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