I.
Un éloge sensuel du sein
A. La
description sensuelle d'un sein
- octosyllabes,
rimes suivies : forme simple, humble, pour une sujet qui l'est
tout autant.
- répétition
anaphorique de « tétin » + sonorités [t] et [in]qui font entendre
le mot « tétin »
- chaque occurrence
du nom « tétin » est suivie d'une expansion du nom :
adjectifs qualificatifs (« blanc », « beau »,
« dur »), complément du nom (« de satin »),
subordonnée relative (« qui fait honte à la rose »)
- Toute la 1ère
moitié du poème consiste exclusivement en une description. Aucun
verbe d'action (d'ailleurs, ce n'est pas une phrase verbale).
- description totale
de ce sein :
x sa forme arrondie
(« refait », « petite boule »),
x sa couleur
(« blanc » répété v.1 et 2, mais aussi « rouge »
v.11),
x sa fermeté
(« jamais ne se bouge »),
x sa douceur (« de
satin »)
x et peut-être
aussi son parfum (« qui fait honte à la rose »).
- deux images
suggèrent aussi le goût de ce sein : « fraise »,
« cerise »
- donc, description
qui fait appel aux cinq sens : vue, toucher, odorat, goût, et
même ouïe dans une certaine mesure, puisque le sein finit par crier
au v. 28.
= plénitude, vie du
sein
B. Un sein
fantasmé qui suscite le désir
- En réalité, le
poète n'a jamais vu ni touché le sein, comme on l'apprend
tardivement, en fin de phrase (v.9). C'est une pure supposition (« je
gage »).
- Le « je »
n'apparaît qu'une seule fois, dans ce v.10, comme si le poète
disparaissait derrière l'objet du désir.
- le désir :
manifestée par la symbolique de la couleur rouge (v.11 + les fruits
rouges)
- verbes de toucher
qui traduisent le désir du poète : « touche »,
« tâter », « tenir »
- isotopie de
l'appétit et de la nourriture : « œuf »,
« cerise », « fraise », « envie »
v.20 répété v. 24, « mûr », « appétit »
v.26, « lait » => le sein suscite le désir, mais
aussi la création poétique. Il « nourrit »
l'imagination du poète.
C. Un blason
plaisant et vif
- sujet plaisant
- répétition
obsédante du mot « tétin »
- personnification
des seins (« compagnon » v. 16, prise de parole du v. 28)
- le désir
irrésistible que leur vue produit sur le poète (et sur tout homme)
par ex. v. 19-20
- apostrophe lyrique
au tétin v. 25 : presque héroï-comique
- le sous-entendu
grivois du v.24 et toute la sensualité du poème
- fortes assonances
de dentales ([t] et [d]) qui donnent une impression de mordant, comme
si le poète avait envie de croquer le fruit défendu à pleines
dents.
- Un poème qui
semble peu sérieux, qui paraît être la description d'un pur
fantasme.
II.
Pour donner une représentation de la femme idéale selon le poète
A. L'idéal
de la femme encore vierge (la « pucelle »)
- les v. 17 et 18,
placés stratégiquement au milieu du poème comme une clé de
lecture : le sein est une synecdoque de la femme.
- d'où relecture du
début du poème pour en dégager un sens métaphorique :
x la rondeur de la
féminité (« œuf », « boule », « cerise »),
x noter aussi que le cercle est la forme de la perfection, perfection
également visible dans la double négation v.25 (« ni grand ni
petit » : donc d'une taille parfaite) ;
x la femme est
précieuse (« ivoire »)
x la pureté est
fragile, comme semble le suggérer l' « oeuf ».
- CL de la
nouveauté, de la candeur, de la fraîcheur : « tout
neuf » v.2, « rose » v.3, « oeuf » v.1
- CL du blanc =
éloge de la pureté de la pucelle
B. Mais
cette beauté est inaccessible, trop idéalisée,
sacralisée
- ce qui compte, ce
n'est pas tellement une femme particulière, mais la beauté de la
femme en général. Le poète, d'ailleurs, ne parle pas en son nom
(on a vu : un seul « je) mais au nom de tous les hommes :
tournures impersonnelles « il vient » v.19, « il
se faut » v. 22, pronom « on » v.31.
- CL de la beauté :
hyperbole du v.4 (plus beau que nulle chose »), comparaison à
la rose
- mais une beauté
un peu froide : « plus blanc qu'un oeuf » → lisse
et fragile ; « boule d'ivoire » → froid, dur ;
« jamais ne se bouge » → immobilité, absence de vie
- sacralité du sein
encore caché : références au fruit défendu (la cerise et la
fraise) + sein caché (« que nul ne voit, ne touche aussi »
v. 9) → inaccessible, pur objet de fantasme
- préservation de
la vertu et de la pudeur de la « pucelle » : v.22
« il se faut bien contenir »
C. D'où
une préférence pour la femme mariée et mère
- seule la femme
mère est vraiment « entière » cf. dernier vers où le
« tétin de femme entière et belle » semble supérieur
au « tétin de pucelle ».
- isotopie du
mariage avec le blanc tout au long du poème, de l'oeuf au lait, ne
passant par l'ivoire
- répétition
impatiente de l'impératif « mariez » v. 28 avec à
chaque fois diérèse pour insister sur le terme.
- le sein
nourricier : CL de la nourriture et du lait
- les dentales [d]
et [t] peuvent suggérer le bruit de la suscion, de la tétée
- notion de bonheur
(« heureux ») liée à la notion de maternité
- CL de la
plénitude : « enfles » v.29, « emplira »
v.32, « entière » v.34
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