mercredi 2 décembre 2015

Brève histoire de la mise en scène au théâtre

La mise en scène depuis le XVIIIè siècle



Cette capsule (de 4 minutes) résume en image le texte qui suit :






- Jusqu'au XVIIIè siècle, les acteurs eux-mêmes élaboraient la mise en scène. Ils interprétaient leur rôle selon des conventions établies. Chaque artiste imaginait individuellement sa gestuelle et sa déclamation, il fournissait lui-même le costume de son personnage, et les mouvements de scène étaient réduits au strict nécessaire.

- L’organisation d’une mise en scène théâtrale est apparue dès la fin du XVIIIe siècle, lorsqu’il n’y a plus de spectateur privilégié assis directement sur la scène (dès 1759) : l’idée d’unifier le style d’un spectacle, le jeu des comédiens, les costumes et l’espace des décors, a conduit les dramaturges et directeurs de théâtre à élaborer des mises en scène. Beaumarchais fait partie de cette période de transition dans la représentation théâtrale, comme le montre la profusion des didascalies dans ses pièces (notamment dans Le Mariage de Figaro).

- Mais le métier de metteur en scène n'apparaît que dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec Jacques Copeau. Celui-ci transforme le théâtre à l'italienne (tel qu'on le connaît généralement, avec un espace clos entre trois murs) en scène ouverte pour établir un contact entre acteurs et spectateurs. Il propose une scène sobre, avec très peu de décors. Le spectacle repose avant tout sur le jeu des acteurs.

- Au XXè siècle, avec le développement de la mise en scène et des innovations techniques, se pose le problème de la fidélité au texte. Trois grandes tendances se dessinent :

1) Le respect scrupuleux du texte tant au niveau de la forme que de l'esprit.
Metteurs en scène :
Louis Jouvet parle de « l'aveugle dévotion du metteur en scène ».
Jean Vilar dit qu'« il faut s'en reporter à l'auteur, l'écouter, le suivre ».
Patrice Chéreau fait exagérer le jeu des comédiens, afin de faire ressortir l'authenticité des émotions.

2) La liberté totale du metteur en scène par rapport au texte de l'auteur.
Metteurs en scène :
Antonin Artaud considère que la mise en scène prime sur le texte. Il crée des grands spectacles en associant musique, danse, masques, jeux outrés et décors travaillés.
Jean-Louis Barrault pense que le théâtre s'exprime d'abord par le langage du corps, et doit être un spectacle total entraînant le public dans une émotion intense.

3) Le théâtre est perçu comme un instrument au service d'une idéologie politique.
Metteur en scène :
Bertolt Brecht. Pour lui, le théâtre a une fonction didactique et politique. Il s'agit de détruire l'illusion théâtrale pour que le spectateur se distancie et soit contraint à réfléchir, mais libre de sa réflexion. Pour ce faire, les décors sont visiblement faux, on les change sous les yeux du public, les acteurs adoptent un jeu et une diction artificiels : le quatrième mur disparaît.

Entre ces deux dernières tendances, Ariane Mnouchkine : elle retourne aux sources de la commedia dell'arte, elle allie musique et danse et utilise la distanciation par le masque. Elle souhaite que le théâtre recrée du lien social par l'émotion collective engendrée.

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