lundi 21 décembre 2015

Barbier, L.A n°2 : acte II, scène 11 (enquête jalouse)

(attention aux lignes qui ne correspondent pas à notre édition)

I. Bartholo : un jaloux lucide et agressif


A. La jalousie de Bartholo

-soupçonne Rosine d'être intéressée par Figaro : « vous eussiez mieux aimé que c'eut été Monsieur Figaro ? » + « de si pressé à vous dire » l.5-6

-exprime son mépris à l'égard de « ce Barbier » l.5 (démonstratif péjoratif + le désigne par sa fonction subalterne)

-Formule des hypothèses suspicieuses : « je vais parier qu'il était chargé de vous remettre quelque lettre » l.10-11 + « peut-être la réponse au papier de la fenêtre ? » l.14-15

-apostrophe suspicieuse à Rosine : « rusée Signora ! » l.22

-fait des actes excessifs : « compte tous les matins » les feuilles de son cahier, l.34, « un bon double tour » quand il sort l.63

-Rosine évoque explicitement son « instinct de jalousie » l.65

-prend en charge la pensée qu'il prête à Rosine, en italique, l.59-60

-accuse franchement Rosine de mensonge : « déguisant coup sur coup la vérité » l49-50 « que de mensonges entassés » l.58, « cacher un seul fait » l.59



B. sa lucidité et son sens de l'observation

-Rosine reconnaît sa lucidité : « Il n'en a pas manqué une seule » l. 16

-Didascalies montrant ses gestes précis : « regarde les mains de Rosine », « lui prenant la main droite », « comptant »

-Expose des faits indéniables, qui constituent des preuves : énumération : « le bout du doigt reste noir, la plume est tachée, le papier manque » l.60-61 ; il remarque même la rougeur de Rosine qui ment l.49.

-lexique du procès : « preuve » l.26, métaphore du « second témoin » l.32, « déposition » l.32



C. son agressivité

-ironie agressive : « que cela est édifiant ! » l48, « certes, j'ai tort… quoi de plus innocent ? » l.55-57

-fait semblant de ne pas savoir pour montrer qu'il sait (forme de litote ) : « je vais parier que » l.10, « que sais-je, moi ? » l.14, « peut-être » l.14

-questions rhétoriques ironiques : « est-ce en écrivant la lettre de la petite Figaro ? » l.43-44

-reprise insultante des propos de Rosine : « Vous rendre compte ! » l.10, « oh ! De qui ! » l.13, « c'est ce que vous avez fait ? » l.31

-il fait physiquement mal à Rosine : « Vous me tordez le bras » l.27

-interjection vulgaire : « hein ? » l.22





II. Rosine, emblématique de la condition des femmes


A.Les explications de Rosine

-lexique de la persuasion : « je vous assure » l.4, « parler sérieusement » l.7

-ironise : « et de qui, s'il vous plaît ? » l.12, « Ah ! Sans doute… la belle preuve ! » l.26

-emploie le conditionnel (irréel du présent) pour nier la vérité : « vous mériteriez bien que cela fût » l. 16-17

-défie Bartholo au conditionnel, car elle est sûre qu'il ne peut la démasquer : « Il serait assez plaisant que vous eussiez le projet de m'en faire convenir » l.19-20.

-trouve de multiples explications : emploi du passé pour expliquer le présent : « Il m'a rendu compte de l'état de Marceline » l.7-8 ; « je me suis brûlée en chiffonnant autour de cette bougie » + argument du remède de grand-mère : « on m'a toujours dit qu'il fallait aussitôt tremper dans l'encre » l.28-29 ; puis à propos de la feuille manquante : « je l'ai employée à faire un cornet pour des bonbons » l. 40 ; et pour la plume noircie : « Elle m'a servi à retracer une fleur effacée » l. 45-46

-Emploie une antithèse pour se défendre : « voir tirer des conséquences aussi malignes des choses les plus innocemment faites » l.52-54, où la malignité = Bartholo, alors que l'innocence = elle-même.

-Exclamation indignée : « Eh ! Qui ne rougirait pas... » l.52



B. son embarras et ses sentiments vis-à-vis de Bartholo

-Première question : pour cacher son embarras puisque Figaro vient de s'enfuir.

-points de suspension,

-didascalies : « avec embarras » puis « baissant les yeux »

-elle se fustige elle-même dans une apostrophe  : « oh ! Imbécile ! » l.36

-elle rougit, comme le voit Bartholo : « il ne faudrait pas rougir » l49

-didascalies « à part »

-interjection « Maudit homme ! » l.23 et démonstratif péjoratif « cet homme » l.45

-elle est encore jeune et assez naïve : « mon enfant » l.48-49, « c'est ce que vous ne savez pas encore » l.50-51, « on ne saurait penser à tout » l.61-62

-ses explications sont de moins en moins précises : d'abord, sur l'état de Marceline, Rosine donnait des détails dans une relative : Marceline, qui même n'est pas trop bien » l.8 → l'adverbe « même » insiste sur la véracité de l'information. Ensuite, « on m'a toujours dit que » l.28-29 : idée reçue assez vague, noyée dans l'indéfini « on ». Les deux explications suivantes ne sont pas motivées, ce sont de simples phrases déclaratives : « je l'ai employé à » l.40, « elle m'a servi à » l.46. Enfin, question rhétorique l.52, qui n'apporte pas vraiment de justification.



C. Une dénonciation de la condition des femmes

- les activités de Rosine sont réduites, ce sont celles d'une jeune femme de cette époque : couture et travaux d'aiguille « en chiffonnant » l.28, « la veste que je vous brode au tambour » l.46-47, rôle social :« des bonbons que j'ai envoyés à la petite Figaro » l.41 (on apprend auparavant qu'elle prend des leçons de chant, à domicile).

-elle est presque empêchée d'écrire : interdiction de prendre la plume, le papier = symbole d'obscurantisme.

-elle est retenue prisonnière : « bon double tour » ; alors que Bartholo est libre d'aller et venir : « quand j'irai par la ville » l.63

-le mépris de Bartholo à l'égard des femmes = traduction de la pensée générale : article défini pluriel « les » : « quelqu'un que les femmes ne nomment jamais » l.13-14 puis article indéfini générique « une » : « une femme se croit en sûreté parce qu'elle est seule » l24-25

-Bartholo clôt la discussion dans une tirade qui montre qui c'est lui qui détient le pouvoir.


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