Le
coup d’État du 2 décembre 1851
Le matin du 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte prépare une nouvelle constitution pour succéder à celle de la Deuxième République, qui avait été proclamée en février 1848.
Si le peuple de Paris réagit relativement peu pour défendre une assemblée conservatrice qui l’a dépouillé d’une partie de ses droits politiques, ce n’est pas le cas dans les zones rurales de près d’une trentaine de départements.
Un an plus tard, le 2 décembre 1852, à la suite d'un autre plébiscite, le Second Empire sera établi, Louis-Napoléon Bonaparte devenant « Napoléon III, empereur des Français ».
Dans la nuit du 1er au 2 décembre, des troupes alliées occupent tous les points stratégiques parisiens. Louis-Napoléon fait occuper toutes les imprimeries alors que seuls les journaux favorables à l'Élysée peuvent continuer de paraître. Les cafés (lieux de discussion politique) et les écuries (où l’on pourrait louer des chevaux pour fuir Paris) sont fermés. Les chefs de l’opposition, républicaine ou monarchiste sont arrêtés.
Louis-Napoléon Bonaparte édicte six décrets dans lesquels il déclare l’état de siège, la dissolution de l’Assemblée nationale, le rétablissement du suffrage universel, la convocation du peuple français à des élections et la préparation d'une nouvelle Constitution.
2 décembre
Le siège de l'Assemblée étant occupé par la troupe, environ trois cent parlementaires, essentiellement du parti de l'Ordre, se réfugient dans la mairie du Xe arrondissement. Se basant sur l'article 68 de la constitution selon laquelle « toute mesure par laquelle le président dissout l'Assemblée nationale […] est un crime de haute trahison. Par ce seul fait, le président est déchu de ses fonctions ; les citoyens sont tenus de lui refuser obéissance », les députés votent à l'unanimité la déchéance et la mise en accusation de Louis-Napoléon. Mais 220 d'entre eux sont aussitôt arrêtés.
Les ouvriers parisiens restent cependant méfiants dans leur ensemble envers les membres de l’Assemblée et envers la république. Au soir du 2 décembre, il semble que la partie est gagnée pour les conjurés, sans effusion de sang.
3 décembre
L'appel à la résistance armée vient de la soixantaine de députés républicains formant un Comité de résistance (comprenant Victor Hugo), qui en appelle au peuple contre Louis-Napoléon. Ils essayent de soulever les quartiers populaires de l'est parisien et de dresser des barricades pour le lendemain. Cependant, de nombreux insurgés sont abattus.
4 et 5 décembre
Dans la nuit du 4 décembre, une trentaine de milliers de soldats sont déployés dans les zones tenues par les insurgés parisiens. Dans l’après-midi du 4 décembre 1851, de jeunes bourgeois, installés aux terrasses des cafés s'exclament à leur adresse : « Vive la Constitution ! Vive l'Assemblée nationale ! » Certains soldats, énervés par cette attitude hostile, et sans en avoir reçu l'ordre, ouvrent le feu. Le carnage fait entre 100 et 300 morts. Il n'y a cependant pas eu plus de 1000 à 1200 insurgés au total ; dès le 4 décembre au soir, la résistance parisienne au coup d’État est écrasée.
Paris est désormais sous contrôle militaire en dépit de quelques mouvements sporadiques. Les dernières barricades, dont fait partie Hugo, tombent le 5 décembre.
La nouvelle du coup d’État se diffuse progressivement à travers la France, tournant parfois à la manifestation spontanée dans les grandes villes ; cependant, il n’y a pas de réaction organisée, à quelques rares exceptions. Des arrestations au cours de l’année 1851 ou dans les semaines qui précèdent le coup d’État empêchent aussi, le moment venu, la mobilisation du milieu ouvrier.
Des conseils municipaux, en application de l'article 68 de la constitution, proclament la déchéance de Louis-Napoléon Bonaparte, et déclenchent de nombreuses insurrections, notamment dans le Sud-Est pour « défendre la République ». Dans les départements où elle existe, il s'agit d'une résistance purement spontanée, sans aucun plan d'ensemble. Au total, il y a peut-être près de 100 000 insurgés pour toute la France. La plus grande partie de la province ne réagit pas et la plupart des élites locales acceptent le coup d’État.
C'est dans le Sud-Est que les principales résistances républicaines se manifestent. Le 5 décembre, l'insurrection s'y déclenche.
Des rassemblements armés débouchent sur des affrontements sanglants entre les insurgés républicains et forces de l'ordre. Ainsi dans le Var les colonnes républicaines, mal armées, sont facilement dispersées par la troupe et il y a entre 60 et 90 tués en quelques jours.
Ces insurrections servent néanmoins la cause de Louis-Napoléon lui amenant le soutien de beaucoup de notables légitimistes et libéraux, qui étaient jusque là hésitants.
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