lundi 20 avril 2015

Dénoncer la pauvreté, L.A n°2 : Hugo, Discours sur la misère à l'Assemblée


L.A n° 2, Discours sur la misère, Victor Hugo, 1849

 

I- Un discours qui débute par un réquisitoire :

A. Un discours à l'Assemblée :

- les marques de l'oralité :
  • interjection « Eh bien »
  • apostrophe « messieurs »
  • verbes de parole : anaphore de « je dis » dans le 1er paragraphe
  • verbes d'écoute : « tous ceux qui m'écoutent » l. 8-9
  • présent d'énonciation
  • Les nombreuses « didascalies » (on les appelle ainsi faute de mieux!) : « Bravo ! – Applaudissements », l.14 : « Acclamation ! » l.25 , « C’est vrai ! C’est vrai ! » l.32
- les indices d'un discours devant une assemblée :
  • 1ère personne  « je » et pronom tonique « moi », par opposition à « vous » (par exemple, « Vous le voyez, messieurs » l.29)
  • Expression « cette assemblée » l. 12 : le démonstratif « cette » est un « déictique », c'est-à-dire un démonstratif qui montre une chose présente sous les yeux des interlocuteurs.
  • De très nombreuses répétitions ou parallélismes pour frapper les esprits : « choses qui ne doivent pas être » l.1 → « pour que de telles choses ne soient pas » l.3 ; « je dis que » x 3 ; « voilà pourquoi «  x 2 l. 8 ; « je voudrais que cette assemblée » x2 (l.10 et 12) ; « ce but » x3 (l. 13), « tant que » x10 ! etc. 

B. Un réquisitoire (ou un discours qui accuse) :
  • VH accuse non pas l'Assemblée, mais « la société toute entière » l.4 : les « vous » qu'il martèle l'engagent aussi : « je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire » l. 5
  • anaphore de « vous n'avez rien fait » (6 occurrences) dans le 3è paragraphe
  • le «pronom personnel « vous » martelé à plusieurs reprises pour que l'assemblée se sente concernée comme lui.
  • Mais le pronoms possessif dans « nos villes » et « nos campagnes » l.21-22 montrent bien qu'il s'inclut dans cette responsabilité.
  • formulation d'une maxime au présent de vérité générale et à la forme négative : « ce sont là des choses qui ne doivent pas être »
  • nombreuses phrases exclamatives qui marquent le ton vif et indigné de VH.
  • CL de la faute : « complice », « crime », « torts »
  • gradation hyperbolique : « ce ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu » l.6

II- Persuader l'auditoire par une description poignante et manichéenne
 
A. Un fort registre pathétique
  • CL de la souffrance : « peuple souffre » l.17, « peuple qui désespère » l.19, « souffrance publique » l.26, « homme malheureux » l.28
  • référence aux plus faibles : « ceux qui sont vieux » l.20, « pauvres familles » l.24
  • lexique de la misère : « misère » l.13, « sans pain » l.20, « « sans asile » l.21, « on meurt de faim » l.22
  • une injustice pointée du doigt : travail non récompensé puisque ceux « qui travaillent peuvent être sans pain » et ceux « qui ont travaillé peuvent être sans asile ».
  • référence aux catégories sociales des travailleurs, pourtant touchées par la misère : « paysans », « ouvriers » l.24 
B. Le combat du bien contre le mal
  • le peuple est montré comme bon : anaphore de l'adjectif « bon » l. 24 + « honnête » + « gens de coeur » l.24-25 → lexique moral
  • antithèse bien / mal : « œuvre de destruction et de ténèbres » l. 27, « souterrainement » l.27, « méchant » l.28, « abîmes » l.31 / « lois fraternelles », « lois évangéliques » l.23 (lois faites par l'Assemblée, presque divinisée ici !)
  • métaphore de la dévoration, où le peuple est le faible, et la misère, le monstre : « l'usure dévore nos campagnes » l.21
  • Appel à « la générosité » des députés l.30 (c'est-à-dire à leur cœur, avant leur raison, leur « sagesse » l.30 également) : les députés dressés au rang de sauveurs...

III- Un Plaidoyer pour le progrès social

A. Des arguments principalement moraux
  • arguments moraux, :
    • faire du tort à l'homme revient à faire du tort à Dieu l. 6 (équivaut presque à un argument d'autorité)
    • la réussite matérielle doit avoir pour base l'ordre moral (parallélisme des lignes 15-16) ; sinon, la misère plonge l'homme dans les « abîmes » du mal l. 31
    • injustice sociale : deux parties de la société puisque « en dessous de vous, une partie du peuple qui souffre »
  • argument sécuritaire lié à l'argument du mal : c'est parce que l'homme souffre qu'il devient méchant (donc criminel) l. 28 ; (implicite : en annihilant la souffrance, on éliminera le crime)

B. Pour le progrès de toute la société
  • métaphore du progrès : « un premier pas » l.20, puis « marcher à ce grand but » l.12 = idée de déplacement, de marche en avant
  • anaphore de « but », dans une gradation romantique : « à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime » l.13
  • rappel de « l'esprit de révolution » : la révolution de 1848, où le peuple se révolte contre la monarchie, et qui amènera la République de Bonaparte. Les espoirs sont immenses, le peuple pense que sa misère fondra avec l'effondrement de la monarchie.
  • Gradation dans l'exhortation à agir : VH constate d'abord l'inaction de tous « vous n'avez rien fait, rien fait » l.26), puis il incite à la réflexion : « je vous conjure d'y réfléchir », puis « songez-y » l.30 et enfin, il utilise l'impératif pour lancer l'Assemblée dans l'action : « faites des lois » l.32
  • Incitation à l'union nationale en effaçant les oppositions politiques : « cette assemblée, majorité et minorité, n'importe, je ne connais pas, moi, de majorité et de minorité en de telles questions » l. 10-12
  • personnification de la société, élevée à un seul individu (= métonymie) : « la société doit dépenser toute sa force... » l. 2 : le singulier montre que l'effort doit être unanime ; « une seule âme » l.12, « la conscience de la société toute entière » l. 4 + « complice et solidaire » l.5


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire