mardi 6 janvier 2015

L.A n°1, Agrippa d'Aubigné, les Tragiques, "Je veux peindre..."


L.A « Je veux peindre la France », Les Tragiques, Agrippa d'Aubigné (1616)
 
  1. Un récit violent, basé sur l'allégorie
    1. Un récit allégorique
  • Allégorie de la France + ses deux enfants à son sein = image de la mère nourricière (« doux lait », « sein », « nourriture ») + mère protectrice au départ (« entre ses bras » v. 2 ou « asile de ses bras » v. 28 + « amour maternelle » v. 25 + « sauver » v. 27 + « asile » v. 28
  • succession de rimes plates = succession des événements.
  • Connecteurs temporels (« puis » v. 4 ; « si que » v. 9 ; « à la fin » v. 13 ; « si bien que » v. 18, etc.)
  • un poème très structuré :
1) d’abord focalisation sur le plus fort des deux frères, « Esaü » : v. 1 à 10

2) puis le second frère, « Jacob » entre en scène (v.11à 20)

3) Enfin, l’extrait se termine sur la mère (v. 21), et sa prise de parole finale.

= enchaînement incontrôlable de la violence.

  • nombreux enjambements et rejets (vers 3/4, 5/6, 19/20, 25/26, 27/28, 31/32) => la phrase déborde du vers = débordement de la violence.
                 2. les procédés de la dramatisation
  • hypotypose : « je veux peindre » = figure de style qui consiste à décrire très précisément un tableau, de manière à le rendre presque visible.
  • Utilisation du présent de narration = rend la scène vivante
  • on part d'un plan large v. 1 : La mère-France portant ses enfant (tableau familial) à un plan plus rapproché (sur les deux enfants, v.2, excluant la mère), puis rétréci sur un des fils v. 3 (« le plus fort, orgueilleux », qui prend toute la place sur le tableau)
  • Une figure maternelle pathétique (douleur physique + douleur morale) : v.15-16 (« soupirs », « pitoyables », « pleurs ») + v. 20-21 (« éplorée », « douleur » x2)
  • La mère est victime : « affligée » v. 1, « chargée » v. 2 ; elle est réduite à un « champ » de bataille v. 14 ; elle est impuissante : « elle voit » v. 23, puis « elle veut » v. 27 (mais vainement), enfin, « elle dit » v. 31 et termine sur un constat d'échec, marqué par la formule restrictive « ne que » v. 34 : « je n'ai plus que du sang » 
                   3. les registres épiques et tragiques
  • nombreux verbes d'action + bruits (« cris, pleurs, soupirs ») + allitérations nombreuses qui participent au bruit + prise de parole directe de la mère en fin de poème.
  • personnages de la légende biblique
  • énumérations (v. 5 ; 15-16 ) et hyperboles
  • ponctuation très rythmée, alexandrins épiques
  • C.L du combat : « combat » v.14, « conflit » v. 19, «querelle » v.26
  • C.L de la violence + nombreux termes de la famille de « sang » en fin de poème : « sanglants » v.23 ; « ensanglanté » v.31, « sanglante » v. 33, « sang » v. 34 => généralisation de la violence (d'abord un fils, puis les deux, puis la mère « succombe à la douleur, mi-vivante mi-morte » v. 22)
  • C.L de la mort : « se perd », « derniers », « ruine », « venin »
  • diérèse sur le « furieux » v. 19 ( or le furor en latin = la démesure des passions, qui entraîne la destruction, la mort // l'hybris grecque), diérèse aussi sur « viole » v. 28 = insiste sur l'horreur de la profanation.
  • image du lait transformé en sang (v. 34)// vie = mort
  • brutalité du dénouement

  1. La visée didactique du poème

    1. un discours polémique et engagé
  • « Je » = débute le poème // « je » du discours de la mère, v.34 qui clôt le poème.
  • effets oratoires : répétition de « ni, ni » v. 15-16 ; « leur » v. 17, 18 et 19, en écho avec « malheur », « pleurs », « coeur » ; parallélisme v. 7 : « ce voleur acharné, cet Esaü malheureux »

  • description subjective d'Esaü et Jacob :
    • Esaü = « orgueilleux », « voleur », « malheureux » (dans le sens : qui porte le malheur) + c'est lui qui lance le combat v. 5 ; s'oppose à la nature des choses ( v.6) ; corps agressif : « ongles », « poings », « pieds » v.5
    • Jacob = une périphrase pour le désigner v. 26 : « celui qui a le droit et la juste querelle » + décrit comme mesuré (« ayant dompté longtemps en son cœur son ennui » v. 12) ; c'est celui de qui la mère prend parti (« elle veut le sauver » v. 27)
     
                2. la dénonciation du combat
  • figures bibliques = frères, « besson », « deux enfants » v. 2, « d'une même mère » v.8
  • aveuglement commun des deux frères v. 20, geste très violent : « ils se crèvent les yeux » (idem Oedipe, le dénaturé)
  • « les mutins » v. 23 : déterminant globalisant + terme péjoratif qui exprime le jugement moral de l'auteur, condamnant les deux frères
  • malédiction commune pour terminer, parole émanant de la mère : « félons » v. 31 (apostrophe désignant les deux enfants)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire