Corpus :
le personnage romanesque en prison
« Comment
les personnages rendent-ils compte de leur pensées et sentiments sur
leur emprisonnement ? »
Au
brouillon, exemple de tableau :
Texte
A
V. Hugo, Le
Dernier jour d'un condamné - 1829(roman) |
Texte
B
Stendhal, La
Chartreuse de Parme - 1839(roman) |
Texte
C
A. Dumas, Le
Comte de Monte Cristo - 1845(roman) |
Texte
D
Camus, L'Etranger
- 1942(roman) |
-Accumulation :« une
sanglante, une horrible, une implacable idée »,
-idée
comparée à un « couteau »
-pensée
obsédante personnifiée et comparée à un « spectre de
plomb »
-exclamations
+ ellipse + répétition : « condamné à mort ! »
(3 fois)
|
-Métaphores :
«il se cramponnait à une idée», «il s'acharnait sur
cette idée», « la dévorant […] à belles dents »
-
CL de la colère : « acharnait »,
« dévorant », « rage » ; « fureur »
-Comparaison :
« rester prisonnier comme un aigle dans une cage » |
-« les
premiers jours ont été très durs »
-« nausée
perpétuelle »
|
|
-CL
de la beauté : « sublime », « ravissant »
« joli », « brillant crépuscule rouge orangé »,
« majestu-eusement »,
-CL
du plaisir, de la douceur : « s'amusait »
« douceurs »
« notre
héros se laissait charmer par les douceurs de la prison » |
-« je
n'étais pas trop malheureux ».
|
||
- opposition « autrefois » vivant (CL de la distraction) / « maintenant » horrible | - « est-ce là ce que j'ai tant redouté ? » : opposition entre son présent agréable et l'idée qu'il s'en faisait avant. | -« bonheur détruit sans cause apparente » ; « son passé était couvert » : opposition passé heureux et simple / présent obsédant |
- « j'ai
appris à me souvenir » ; « un homme qui n'aurait
vécu qu'un seul jour […] aurait assez de souvenirs pour ne pas
s'ennuyer » : le passé comme soutien du présent
|
-Narrateur
intradiégétique (« je »)
=>
focalisation interne
-On
saisit clairement les pensées du narrateur : horreur,
terreur.
|
-Narrateur
extradiégétique (« il »)
|
-Narrateur
extradiégétique
-Focalisation
externe : le narrateur explique ce qui aurait pu aider Dantès
s'il avait été cultivé.
|
Narrateur
intradiégétique
=>
focalisation interne
|
-écrit au présent, au jour le jour, comme un journal intime. | -Pensées traduites au discours direct (guillemets) : question rhétorique + exclamation traduisant son plaisir |
- paroles
rapportées dans discours narrativisé : « blasphèmes »
+
discours du corps : violence physique « brisait son
corps », « s'en prenait avec fureur à tout ce qui
l'entourait » |
-Récit
rapporté au passé (passé composé et imparfait) comme si tout
était terminé depuis longtemps.
-Paroles
rapportées au style indirect : « j'ai demandé à ce
qu'on me les rende »
|
Ce qui donnerait, sur la copie :
Attention, il manque l'introduction et la conclusion.
Selon
le statut du narrateur, les pensées sont exprimées différemment :
les extraits des romans de Hugo et Camus sont écrits à la première
personne, le narrateur est donc interne, ce qui permet de se mettre à
la place du personnage. Chez Hugo, on trouve un « je »
qui parle au présent : « j'habite », « je
viens de m'éveiller », on est dans ses pensées les plus
immédiates. Chez Camus, le narrateur interne s'exprime au passé :
« je suis entré », « j'arrachais », ce qui
laisse à penser qu'il raconte sa vie retrospectivement. On n'est pas
dans ses pensées immédiates mais dans des réflexions livrées
après coup. Au contraire, les narrateurs de La Chartreuse de
Parme et du Comte de Monte-Cristo sont externes : ils
utilisent la troisième personne pour désigner Fabrice et Dantès.
Cependant,
les focalisations sont différentes : le point de vue adopté
dans l'extrait de Stendhal est interne : on voit tout à travers
les yeux du jeune homme. On trouve par exemple une description de ce
qu'il voit précisément par la fenêtre de sa prison. On sait ce
qu'il ressent grâce aux adjectifs « ému » et « ravi ».
A l'inverse, la focalisation est omnisciente dans l'extrait du roman
de Dumas : on sait notamment que le personnage est « simple
et sans éducation », ce qu'il ne peut pas deviner de lui-même.
On connaît par ailleurs ses pensées grâce aux termes « rage »
et « fureur ». Enfin, dans les extraits où le narrateur
est interne, la focalisation est évidemment interne : les
sentiments sont ouvertement déclarés par le narrateur.
Ces
sentiments sont très négatifs chez Hugo et Dumas : Le
narrateur de Le Dernier jour d'un condamné est obsédé par
la pensée de sa mort prochaine, comme en témoigne l'accumulation
d'adjectifs péjoratifs pour désigner cette idée : « une
sanglante, une horrible, une implacable pensée » ; plus
loin, la personnification de cette même idée et sa comparaison avec
un couteau la rend particulièrement terrifiante. Chez Dumas, le
personnage est également obsédé par une idée puisqu'il s'y
« cramponnait », s'y « arrachait ».
Cependant, chez Dantès, ce n'est pas tellement l'horreur qui habite
le détenu, mais plutôt la « rage » et la « fureur »,
dues à l'idée de l'injustice de son sort, de son « bonheur
détruit sans cause apparente ».
De
manière assez surprenante, ce sont des idées positives, voire
exaltées qui habitent les personnages des autres textes :
Frabrice « s'amusait » à regarder à travers la fenêtre
de sa prison, il considère le spectacle « sublime »,
« ravissant », et trouve « des douceurs » à
sa vie en prison. La question rhétorique montre qu'il ne considère
pas emprisonné. Le narrateur de L'Etranger semble moins
exalté, mais il admet qu'il « n'étai[t] pas trop
malheureux ». Si « les premiers jours ont été durs »,
ce n'était pas tant à cause de l'emprisonnement qu'à cause du
manque de cigarettes. D'ailleurs, il s'habitue à « ne plus
fumer ». Mieux encore, il se trouve une occupation pour
« tuer » le temps » : ses souvenirs lui
permettent de vivre bien.
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