lundi 6 octobre 2014

corpus personnage romanesque en prison (exemple rédigé)

Corpus : le personnage romanesque en prison

« Comment les personnages rendent-ils compte de leur pensées et sentiments sur leur emprisonnement ? »

Au brouillon, exemple de tableau :

Texte A
V. Hugo, Le Dernier jour d'un condamné - 1829
(roman)
Texte B
Stendhal, La Chartreuse de Parme - 1839
(roman)
Texte C
A. Dumas, Le Comte de Monte Cristo - 1845
(roman)
Texte D
Camus, L'Etranger - 1942


(roman)
-Accumulation :« une sanglante, une horrible, une implacable idée »,
-idée comparée à un « couteau »
-pensée obsédante personnifiée et comparée à un « spectre de plomb »
-exclamations + ellipse + répétition : « condamné à mort ! » (3 fois)






-Métaphores : «il se cramponnait à une idée», «il s'acharnait sur cette idée», « la dévorant […] à belles dents »
- CL de la colère : « acharnait », « dévorant », « rage » ; « fureur »
-Comparaison : « rester prisonnier comme un aigle dans une cage »
-« les premiers jours ont été très durs »
-« nausée perpétuelle »









-CL de la beauté : « sublime », « ravissant » « joli », « brillant crépuscule rouge orangé », « majestu-eusement »,
-CL du plaisir, de la douceur : « s'amusait » « douceurs »
« notre héros se laissait charmer par les douceurs de la prison »


-« je n'étais pas trop malheureux ».
- opposition « autrefois » vivant (CL de la distraction) / « maintenant » horrible - « est-ce là ce que j'ai tant redouté ? » : opposition entre son présent agréable et l'idée qu'il s'en faisait avant. -« bonheur détruit sans cause apparente » ; « son passé était couvert » : opposition passé heureux et simple / présent obsédant
- « j'ai appris à me souvenir » ; « un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour […] aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer » : le passé comme soutien du présent
-Narrateur intradiégétique (« je »)

=> focalisation interne
-On saisit clairement les pensées du narrateur : horreur, terreur.




-Narrateur extradiégétique (« il »)

-tout est vu à travers ses yeux (focalisation interne): « la vue qu'on avait » ; « les yeux de Fabrice furent attirés » ; « Fabrice fut ému et ravi par ce spectacle »
-Narrateur extradiégétique

-Focalisation externe : le narrateur explique ce qui aurait pu aider Dantès s'il avait été cultivé.


Narrateur intradiégétique

=> focalisation interne
-écrit au présent, au jour le jour, comme un journal intime. -Pensées traduites au discours direct (guillemets) : question rhétorique + exclamation traduisant son plaisir
- paroles rapportées dans discours narrativisé : « blasphèmes »
+ discours du corps : violence physique « brisait son corps », « s'en prenait avec fureur à tout ce qui l'entourait »
-Récit rapporté au passé (passé composé et imparfait) comme si tout était terminé depuis longtemps.
-Paroles rapportées au style indirect : « j'ai demandé à ce qu'on me les rende »

Ce qui donnerait, sur la copie :
Attention, il manque l'introduction et la conclusion.

                       Selon le statut du narrateur, les pensées sont exprimées différemment : les extraits des romans de Hugo et Camus sont écrits à la première personne, le narrateur est donc interne, ce qui permet de se mettre à la place du personnage. Chez Hugo, on trouve un « je » qui parle au présent : « j'habite », « je viens de m'éveiller », on est dans ses pensées les plus immédiates. Chez Camus, le narrateur interne s'exprime au passé : « je suis entré », « j'arrachais », ce qui laisse à penser qu'il raconte sa vie retrospectivement. On n'est pas dans ses pensées immédiates mais dans des réflexions livrées après coup. Au contraire, les narrateurs de La Chartreuse de Parme et du Comte de Monte-Cristo sont externes : ils utilisent la troisième personne pour désigner Fabrice et Dantès.

                      Cependant, les focalisations sont différentes : le point de vue adopté dans l'extrait de Stendhal est interne : on voit tout à travers les yeux du jeune homme. On trouve par exemple une description de ce qu'il voit précisément par la fenêtre de sa prison. On sait ce qu'il ressent grâce aux adjectifs « ému » et « ravi ». A l'inverse, la focalisation est omnisciente dans l'extrait du roman de Dumas : on sait notamment que le personnage est « simple et sans éducation », ce qu'il ne peut pas deviner de lui-même. On connaît par ailleurs ses pensées grâce aux termes « rage » et « fureur ». Enfin, dans les extraits où le narrateur est interne, la focalisation est évidemment interne : les sentiments sont ouvertement déclarés par le narrateur.

                      Ces sentiments sont très négatifs chez Hugo et Dumas : Le narrateur de Le Dernier jour d'un condamné est obsédé par la pensée de sa mort prochaine, comme en témoigne l'accumulation d'adjectifs péjoratifs pour désigner cette idée : « une sanglante, une horrible, une implacable pensée » ; plus loin, la personnification de cette même idée et sa comparaison avec un couteau la rend particulièrement terrifiante. Chez Dumas, le personnage est également obsédé par une idée puisqu'il s'y « cramponnait », s'y « arrachait ».       Cependant, chez Dantès, ce n'est pas tellement l'horreur qui habite le détenu, mais plutôt la « rage » et la « fureur », dues à l'idée de l'injustice de son sort, de son « bonheur détruit sans cause apparente ».

                      De manière assez surprenante, ce sont des idées positives, voire exaltées qui habitent les personnages des autres textes : Frabrice « s'amusait » à regarder à travers la fenêtre de sa prison, il considère le spectacle « sublime », « ravissant », et trouve « des douceurs » à sa vie en prison. La question rhétorique montre qu'il ne considère pas emprisonné. Le narrateur de L'Etranger semble moins exalté, mais il admet qu'il « n'étai[t] pas trop malheureux ». Si « les premiers jours ont été durs », ce n'était pas tant à cause de l'emprisonnement qu'à cause du manque de cigarettes. D'ailleurs, il s'habitue à « ne plus fumer ». Mieux encore, il se trouve une occupation pour « tuer » le temps » : ses souvenirs lui permettent de vivre bien.

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