jeudi 30 octobre 2014

1ères STI : Correction des questions de corpus (personnages en prison)


1) Dans les extraits des romans Le Dernier jour d'un condamné de Victor Hugo, La Chartreuse de Parme de Stendhal, Le Comte de Monte-Cristo de Dumas et L'Etranger de Camus, chaque texte rend compte des pensées et sentiments des personnages de différentes manières :

Selon le statut du narrateur, les pensées sont exprimées différemment : les extraits des romans de Hugo et Camus sont écrits à la première personne, le narrateur est donc interne, ce qui permet de se mettre à la place du personnage. Chez Hugo, on trouve un « je » qui parle au présent : « j'habite », « je viens de m'éveiller », on est dans ses pensées les plus immédiates. Chez Camus, le narrateur interne s'exprime au passé : « je suis entré », « j'arrachais », ce qui laisse à penser qu'il raconte sa vie rétrospectivement. On n'est pas dans ses pensées immédiates mais dans des réflexions livrées après coup. Au contraire, les narrateurs de La Chartreuse de Parme et du Comte de Monte-Cristo sont externes : ils utilisent la troisième personne pour désigner Fabrice et Dantès.

Cependant, les focalisations sont différentes : le point de vue adopté dans l'extrait de Stendhal est interne : on voit tout à travers les yeux du jeune homme. On trouve par exemple une description de ce qu'il voit précisément par la fenêtre de sa prison. On sait ce qu'il ressent grâce aux adjectifs « ému » et « ravi ». A l'inverse, la focalisation est omnisciente dans l'extrait du roman de Dumas : on sait notamment que le personnage est « simple et sans éducation », ce qu'il ne peut pas deviner de lui-même. On connaît par ailleurs ses pensées grâce aux termes « rage » et « fureur ». Enfin, dans les extraits où le narrateur est interne, la focalisation est évidemment interne : les sentiments sont ouvertement déclarés par le narrateur.

Les pensées et sentiments des personnages sont donc rendus grâce aux changements de statut du narrateur : interne chez Camus et Hugo, avec, par conséquent, une focalisation interne ; externe dans les deux autres extraits, avec une focalisation interne chez Stendhal, mais omnisciente chez Dumas.



2) Dans les extraits des romans du corpus, les personnages vivent leur emprisonnement de différentes manières :

Les sentiments sont très négatifs chez Hugo et Dumas : Le narrateur de Le Dernier jour d'un condamné est obsédé par la pensée de sa mort prochaine, comme en témoigne l'accumulation d'adjectifs péjoratifs pour désigner cette idée : « une sanglante, une horrible, une implacable pensée » ; plus loin, la personnification de cette même idée et sa comparaison avec un couteau la rend particulièrement terrifiante. Chez Dumas, le personnage est également obsédé par une idée puisqu'il s'y « cramponnait », s'y « arrachait ». Cependant, chez Dantès, ce n'est pas tellement l'horreur qui habite le détenu, mais plutôt la « rage » et la « fureur », dues à l'idée de l'injustice de son sort, de son « bonheur détruit sans cause apparente ».

De manière assez surprenante, ce sont des idées positives, voire exaltées qui habitent les personnages des autres textes : Frabrice « s'amusait » à regarder à travers la fenêtre de sa prison, il considère le spectacle « sublime », « ravissant », et trouve « des douceurs » à sa vie en prison. La question rhétorique montre qu'il ne considère pas emprisonné, au contraire, puisque cette prison le rapproche de Clélia Conti dont il est amoureux. Le narrateur de L'Etranger semble moins exalté, mais il admet qu'il « n'étai[t] pas trop malheureux ». Si « les premiers jours ont été durs », ce n'était pas tant à cause de l'emprisonnement qu'à cause du manque de cigarettes. D'ailleurs, il s'habitue à « ne plus fumer ». Mieux encore, il se trouve une occupation pour « tuer » le temps » : ses souvenirs lui permettent de vivre bien.

Les personnages vivent donc leur emprisonnement de manière négative chez Hugo et Dumas, avec la pensée obsédante de la mort chez le premier et la rage chez le second ; Meursault, le vit finalement plutôt bien ; quant à Fabrice, il est franchement heureux d'être en prison, non loin de sa bien-aimée.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire