La
critique de Nolwenn
La
Part de l’Autre est un
roman d’uchronie dont le personnage principal est l’un des
plus grands tyrans de tous les temps, j’ai nommé Adolf Hitler.
Célèbre pour ses horreurs sans nom, le dictateur sera l’objet
d’un parallèle entre sa vie vécue et celle qui aurait pu
changer le cours de l’Histoire si seulement il avait été
accepté dans l’Ecole des Beaux -Arts de Vienne.
Ce
roman est scindé en deux parties : la vie vécue et celle
rêvée. A l’aide d’un double personnage, Adolf Hitler et
Adolf H, le lecteur découvre la capitale de l’Autriche sous un
autre jour. Vienne est décrite de long en large que cela soit
pour peindre ses qualités ou ses défauts. On y découvre les
fractures sociales et le monde de l’art au début du vingtième
siècle. Plusieurs thèmes seront notamment abordés par l’auteur
comme la découverte de la sexualité, l’homosexualité chez les
peintres, ou encore l’antisémitisme naissant aux portes de la
guerre. Pour Eric Emmanuel Schmitt, chaque thème sera l’occasion
de noter les fractures qui feront d’un peintre déçu, un
machiavélique tyran.
Parfois
un peu perturbant, ce roman révèle un réel sens de la
psychologie chez l’écrivain. En effet, le monde de la
psychanalyse est assez présent avec l’apparition du père de
cette médecine : Sigmund Freud. Le vrai Adolf Hitler suivra
même une psychanalyse avec celui-ci. Avec cet écrit à double
facette, l’auteur nous montre que l’homme est changeant et
qu’il suffit d’un rien pour devenir profondément mauvais.
Alors qu’Adolf H avoue échouer par manque de talents, Adolf
Hitler reste, lui, convaincu de ses talents jusqu’à ce que
cette part de l’autre dévore celle qui devait faire de lui un
homme accompli. C’est dans ce mélange d’émotions parfois
étouffant, notamment avec l’apparition de la lubie presque
obsessionnelle d’Hitler pour Wagner, que le message de l’auteur
nous paraît le plus flagrant : rien n’est joué, il existe
toujours cette part de l’autre.
De
plus, en lisant ce roman on ne peut qu’être poussé à
poursuivre notre réflexion sur cette problématique en
dehors de notre lecture : Hitler et les étapes qui ont
construit sa vie sont reconstituées dans ce roman avec une
vraisemblance effrayante. On comprend peu à peu la stratégie de
l’auteur. Il ne cherche pas à pardonner l’impardonnable, il
cherche seulement à peindre le côté humain de quelqu’un qui
semble ne pas l’être. Ce côté humain épouvante beaucoup car
il s’agit de montrer qu’Hitler avant d’être Hitler était
quelqu’un qui se fondait dans la masse. Il n’était pas plus
antisémite ou reclus qu’un autre, c’est la conjonction
d’éléments diamétralement différents qui feront de lui ce
qu’il est devenu.
Ce
roman n’est pas des plus simples à lire et il est parfois
déroutant pour un lecteur de parcourir une œuvre avec diverses
anecdotes sur Adolf Hitler. C’est pour cela qu’il est
important de le découvrir et d’y réfléchir. Il ne s’agit
pas simplement de lire, il s’agit d’impulser une réflexion
sur l’humain et sa capacité à pouvoir raisonner lorsqu’il
est envahi par les émotions. Ce roman n’est certes pas
hilarant, notamment à cause de la période évoquée et des
thèmes abordés, mais les rares moments drôles sont exprimés
avec finesse et permettent au lecteur de prendre une réelle
bouffée d’oxygène.
Un
excellent livre.
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La
critique de Meï
Un
homme, deux destins.
Un
sentiment, un regard, une journée, une année, voire une vie,
tout peut changer. Rien qu'avec un « Et si..? ». Et si
Edison n'avait pas inventé l'électricité ? Et si Pasteur
n'avait pas découvert le vaccin contre la rage ?... Tant de
possibilités, pour que le passé finisse par n'être
que le résultat d'une seule issue, d'un futur imprévisible, dont
on ne peut se
demander le « et si ? » que lorsque l'on prend du recul.
Mais
alors, et si Hitler était entré aux Beaux-Arts ? C'est ce que
nous raconte Eric-Emmanuel Schmitt dans son roman La
Part de l'autre.
Tout commence le jour oú le vrai Adolf Hitler n'est pas accepté
lors des concours d'entrée aux Beaux-Arts de Vienne. Déçu,
pauvre et étudiant, il se retrouve donc à la rue. Mais alors
qu'il s'en va, dépité, errant dans sa ville natale, une autre
histoire se dresse en parallèle, celle d'un Adolf Hitler qui est
admis par le jury des Beaux-Arts. S'ensuit alors le
long chemin de
celui dont on connaît l'histoire, et
qui
va peu à peu se renfermer sur
lui-même ; chemin tortueux, sombre, où l'antisémitisme et
la guerre dominent progressivement la voie de sa pensée. En
parallèle, l'autre
Adolf s'engage sur un chemin qui aurait pu
changer
toute une période de l'Histoire du monde, un
chemin
qui le mène à Freud, et
au cours duquel
il va découvrir les plaisirs et les
déceptions
de l’existence
qui vont lui permettre de s'épanouir en peinture comme dans sa
vie privée. On en vient presque à voir Hitler, ce dictateur,
différemment.
À éprouver une certaine compassion pour
lui
qui au début du roman est un homme avec de l'esprit critique, et
qui
devient un personnage froid et violent parce qu'au fond de
lui-même il se sent seul et rejeté. Ce qu'il aurait pu ne pas
devenir s'il avait eu une vie comme le « Et
si... ? » de Eric-Emmanuel Schmitt.
Cette
histoire retrace celle d'un personnage tourmenté, qui nous fait
comprendre que chaque choix dans la vie d'un individu, quel qu'il
soit, peu avoir un impact bien plus grand qu'on ne peut
l'imaginer. Se dire qu'une seule et même personne, à un moment
donné, a des opportunités pour devenir complètement différente,
change la perception de notre quotidien. L'auteur nous invite
alors à réfléchir sur nous-mêmes. Mais comment voir si nos
choix sont les bons, nous qui ne pouvons pas prévoir le futur car
il change constamment ?
Qui que l'on
soit, nous avons déjà imaginé notre vie avec des « Et si..? ».
Parce que l'Homme aime se poser des questions, se demander si sa
vie aurait pu ou pourrait être meilleure, à la recherche de la
perfection, il traque les meilleures solutions, mais elles ne sont
pas toujours synonymes de raison.
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samedi 9 mars 2019
Critique : La Part de l'Autre
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