L.A
4 : La lettre aux chiens du cadastre
p.238 (« Je
suis vraiment très pauvre maintenant ») à p.240 (attention, édition Folio)
Comment, dans cette
ultime lettre de la mère, le désespoir se transforme-t-il en
révolte ?
Je vous propose deux plans légèrement différents, selon ce qui a été vu dans les différentes classes, mais qui reprennent exactement les mêmes arguments.
Le plan A a le mérite d'évoquer le genre du texte (une lettre) mais l'inconvénient d'avoir un IB un peu trop étoffé.
Plan A :
I. La lettre
désespérée
A. Une lettre
intime et sincère
- pronoms
personnels : « je » / « vous »
- instauration d’un
dialogue avec l’agent : question l.2, dialogue imaginé au
discours direct l.18 à 32 : « vous me diriez... » ,
« je vous répondrais... ».
- « Voyez-vous »
+ « mettez-vous à ma place » : formules plutôt
d’oralité qui montrent une certaine familiarité entre eux
- Expressions
familières : « quand on n’a rien à se mettre sous la
dent » l. 52-53 ; formule de politesse officielle qui
termine la lettre (« je vous prie d’agréer, etc. »)
alliée à une restrictive familière (« quand même »
l.55) = burlesque
- Dévoilement de
sujets intimes : évoque ses enfants (« mon fils » ;
« ma fille »), sa souffrance à l’idée du départ de
son fils, sa pauvreté, ses insomnies (« je ne peux plus
dormir » l.6) → comme si elle parlait à un proche.
B. Une tonalité
tragique, sans espoir : solitude, échec, perte irrémédiable
* Pathétique dû à
la pauvreté :
- hyperboles
soulignant sa pauvreté :
« vraiment très pauvre » l. 1, « tant de misère »
l.3
-
Pathétique : « l’argent que […] j’avais économisé
sou par sou » l. 38
*
Tragique lié à l’éclatement familial (et surtout à la perte du
fils) :
-
Tristesse infinie à l’idée du départ imminent de son fils :
« tellement triste » l.5 + répétition « mon fils
[…] va probablement me quitter pour toujours » l. 2-4, « que
mon fils s’en aille pour toujours » l. 12, « que je
presse mon fils de partir » l. 30 avec une gradation dans son
activité à elle : au départ, elle subit le départ du fils,
puis elle finit par le provoquer, comme quelque chose d’inévitable.
-
indications temporelles « pour toujours » dans « me
quitter pour toujours » l.4 et répété l.12 (en évoquant le
départ probable de son fils)+ adverbe « jamais » dans
« je ne les reprendrai jamais » l.43 (en évoquant son
argent, sa jeunesse) → pas de retour en arrière possible, perte
irrémédiable
-
Comparaison avec la mort des enfants de la plaine (« de même
que les morts d’enfants ne peuvent se reprendre » l. 41 :
souligne le caractère irrémédiable de ces pertes.
-
« je ne me sens plus le courage ni le droit » l. 4-5 :
elle accepte (se résigne ?) désormais que ses enfants s’en
aillent.
-
interjection tragique « hélas » l.37
* Ironie tragique de
l’absence d’espoir :
- constat
désabusé dans la locution : « il faut bien vivre de
quelque chose » l. 48-49 avec le pronom indéfini « quelque
chose » qui apparaît comme dérisoire
- expressions
d’inutilité : « ça
ne sert à rien » l. 9, « à quoi bon ? »
l.19, « que me restera-t-il à faire… ? » l.35 →
comme si plus rien ne pouvait marcher, comme si la vie n’avait plus
qu’à s’arrêter.
-
Hypothèse à plusieurs reprises de l’absence d’espoir :
« si je n’ai même pas l’espoir » l. 27-28, « si
dans l’année qui vient je n’ai même pas cet espoir » l.
33, « si ce n’est pas de l’espoir » l.49
-
Ces hypothèses sont
suivies de solutions désespérées : « je donne
tout de suite ma fille à un bordel » l. 29-30, « je
presse mon fils de partir », « je fasse assassiner les
trois agents du cadastre » l.31-32 → la mère est prête
à renoncer à ce qu’elle a de plus cher au monde, ses enfants, son
honneur, sa liberté.
C. La
mère ressasse jusqu’à la
folie
- Indicateurs
temporels : « Ça commence à faire bien longtemps déjà »
l. 6-7, « depuis le temps que » l.8
- polyptote
« ressasser », « ressasse » l. 8 et 9
- « Je vous le
répète » l.48
-
des formules répétées :
« des nuits et des nuits » l. 7-8 ; « ces
choses » répété 3 fois l.8, 11, 13 ; « il
faut que vous me donniez ces cinq hectares du haut qui entourent mon
bungalow » l. 16, puis « il faut m’accorder ces cinq
hectares » l.44-45 ; le
nom « barrages » est répété à 5 reprises
-
passage absurde de
l’idée que « ça ne sert à rien » l. 9 à l’idée
que « ces choses serviront » l. 11 → folie du
désespoir.
-
Folie de la mère qui sait
que ses barrages ne serviront à rien (l. 22) mais qui veut tout de
même les faire, pour sauvegarder l’espoir, donc la vie.
-
l’obsession des barrages
remplacée par l’obsession de l’assassinat : « assassiner
les trois agents du cadastre de Kam »l.31, « vous faire
assassiner » l.36, « vos cadavres » l.45,
« méprisables cadavres des trois agents cadastraux de Kam »
l.52 = cercle mortifère
II. d’une
femme qui a encore l’énergie de se révolter
A. Un ton
polémique et irrévérencieux
*Mépris :
- Interjection
« ah ! » + « les gens de votre espèce »
l.23 + passage à la 3ème personne : « ils » pour
parler à son interlocuteur = mépris
- « votre
ignominie » l. 14 : terme martelé tout au long de la
lettre (= déshonneur, honte extrême due à un outrage) +
« méprisables » l. 51
- la restrictive
« ne ... que » dans « ils n’ont que de
l’ambition » l.25 marque le mépris de la mère à l’égard
de ces gens : ils ne risquent rien puisqu’ils « ne
ratent jamais leur coup », au contraire de la mère qui, elle,
a tout risqué et tout perdu.
- adjectif
« méprisables » l.51 pour qualifier les potentiels
cadavres des agents.
*Colère et
indignation :
- Accusation
explicite : « vous êtes des voleurs » l. 41 +
hyperbole « vos poches déjà alourdies d’or » l. 40
- Questions
rhétoriques l. 37 à 40 : marquent l’indignation
*ironie désespérée :
décalage menace de mort et formule de politesse finale ;
mettez-vous à ma place : vous faire assassiner ;
aphorisme : « quand on n’a rien à se mettre sous la
dent, on n’est pas difficile » ; son accusation
frontale : « vous êtes des voleurs »
B. La
dénonciation des tous les méfaits des colons
- C.L de
l’argent : « argent », « gagné »,
« économisé », « sou par sou », « or »
→ son argent à elle est passé dans les poches des agents du
cadastre = accusation de corruption.
- opposition « sou
par sou » / « vos poches déjà alourdies d’or » :
elle a travaillé dur pour gagner ce pécule, ils sont déjà riches
et n’ont pas besoin de son argent.
- métaphores
« poches déjà alourdies d’or » + « voleurs » :
fait penser à Ali Baba et les 40 voleurs.
- lexique de la
mort : « les morts d’enfants », « enterrait »
→ rappelle l’exploitation ignoble des bagnards + la mort cruelle
et injuste des enfants de la plaine.
-
Sadisme des colons rappelé implicitement dans l’emploi de
l’indéfini « on » : « on enterrait tout vifs les
bagnards qui travaillaient à sa construction » l.46
- Avoir ruiné sa
jeunesse en vain
C. Le refus du
fatalisme, l’espoir à tout prix
- Malgré tout son désespoir, la mère rebondit, ne se laisse pas
achever : « insensiblement je commence à espérer »
l.10, « c’est ce que je me dis pour me consoler »
- Polyptote (répétition d’un même radical) : « ça
commence » l.6, « je commence » l.10, « un
commencement » l.14 → nouveau départ ?
- futur de certitude (« ces
barrages seront aussi mauvais que les premiers », « je ne
les reprendrai jamais ») l.43) + futur proche : (l’année
qui vient, la perspective), l.33-34 = elle se projette toujours.
- « faire
de nouveaux barrages » l. 21, « acheter cette
concession » l. 38, « nouveaux barrages » l.50
- Paradoxe : « cet espoir », que représente « la
perspective d’une nouvelle défaite » l. 34 → même la
défaite est vue comme un espoir parce qu’alors, la mère aura
tenté quelque chose, elle se sera battue jusqu’au bout, elle aura
refusé le fatalisme et la passivité.
- Espoir fou d’une réponse de l’agent : « s’il vous
plaisait une fois de ma répondre », puis « en espérant
quand même une réponse de votre part ».
Plan B
I. Une femme
désespérée
A. Les causes du
désespoir : les pertes successives
*La pauvreté :
- C.L de
l’argent : « argent », « gagné »,
« économisé », « sou par sou », « or »
- hyperboles
soulignant sa pauvreté :
« vraiment très pauvre » l. 1, « tant de misère »
l.3
-
Pathétique : « l’argent que […] j’avais économisé
sou par sou » l. 38
*L’éclatement
familial (et surtout la perte du fils) :
-
répétition « mon fils […] va probablement me quitter pour
toujours » l. 2-4, « que mon fils s’en aille pour
toujours » l. 12, « que je presse mon fils de partir »
l. 30 avec une gradation dans son activité à elle : au départ,
elle subit le départ du fils, puis elle finit par le provoquer,
comme quelque chose d’inévitable.
*
Le caractère irrémédiable de ces pertes :
-
indications temporelles : adverbe « jamais ») dans
une phrase au futur : « je ne les reprendrai jamais »
l.43 (en évoquant son argent, sa jeunesse) + « pour toujours »
dans « me quitter pour toujours » l.4 et répété l.12
(en évoquant le départ probable de son fils) → pas de retour en
arrière possible, perte irrémédiable.
- Lexique de la
mort : « les morts d’enfants », « enterrait »
= renforce l’aspect irrémédiable de ces pertes.
B. L’aveu de
l’absence d’espoir
-
La mère dévoilement
des
sujets intimes : évoque ses enfants (« mon fils » ;
« ma fille »), sa souffrance à l’idée du départ de
son fils, sa pauvreté, ses insomnies (« je ne peux plus
dormir » l.6) → comme si elle parlait à un proche.
-
« Voyez-vous »
+ « mettez-vous à ma place » : formules plutôt
d’oralité qui montrent une certaine familiarité entre eux :
la mère a besoin d’être
comprise (immense solitude?)
-
« je ne me sens
plus le courage ni le droit » l. 4-5 : accepte (se résigne
?) désormais que ses enfants se désolidarisent.
-
Tristesse infinie à l’idée du départ imminent de son fils :
intensif « tellement » dans « tellement triste »
l.5
-
interjection tragique « hélas » l.37
- constat
désabusé dans la locution : « il faut bien vivre de
quelque chose » l. 48-49 avec le pronom indéfini « quelque
chose » qui apparaît comme dérisoire
- expressions
d’inutilité : « ça
ne sert à rien » l. 9, « à quoi bon ? »
l.19, « que me restera-t-il à faire… ? » l.35 →
comme si plus rien ne pouvait marcher, comme si la vie n’avait plus
qu’à s’arrêter.
-
Hypothèse à plusieurs reprises de l’absence d’espoir :
« si je n’ai même pas l’espoir » l. 27-28, « si
dans l’année qui vient je n’ai même pas cet espoir » l.
33, « si ce n’est pas de l’espoir » l.49
-
Ces hypothèses sont
suivies de solutions désespérées : « je donne
tout de suite ma fille à un bordel » l. 29-30, « je
presse mon fils de partir », « je fasse assassiner les
trois agents du cadastre » l.31-32 → la mère est prête
à renoncer à ce qu’elle a de plus cher au monde, ses enfants, son
honneur, sa liberté.
C. La
mère ressasse jusqu’à la
folie
- Indicateurs
temporels : « Ça commence à faire bien longtemps déjà »
l. 6-7, « depuis le temps que » l.8
- polyptote
« ressasser », « ressasse » l. 8 et 9
- « Je vous le
répète » l.48
-
des formules répétées :
« des nuits et des nuits » l. 7-8 ; « ces
choses » répété 3 fois l.8, 11, 13 ; « il
faut que vous me donniez ces cinq hectares du haut qui entourent mon
bungalow » l. 16, puis « il faut m’accorder ces cinq
hectares » l.44-45 ; le
nom « barrages » est répété à 5 reprises
-
passage absurde de
l’idée que « ça ne sert à rien » l. 9 à l’idée
que « ces choses serviront » l. 11 → folie du
désespoir.
-
Folie de la mère qui sait
que ses barrages ne serviront à rien (l. 22) mais qui veut tout de
même les faire, pour sauvegarder l’espoir, donc la vie.
-
l’obsession des barrages
remplacée par l’obsession de l’assassinat : « assassiner
les trois agents du cadastre de Kam »l.31, « vous faire
assassiner » l.36, « vos cadavres » l.45,
« méprisables cadavres des trois agents cadastraux de Kam »
l.52 = cercle mortifère
II. Mais aussi
révoltée
A. Un ton
polémique et irrévérencieux
*Mépris :
- Interjection
« ah ! » + « les gens de votre espèce »
l.23 + passage à la 3ème personne : « ils » pour
parler à son interlocuteur = mépris
- « votre
ignominie » l. 14 : terme martelé tout au long de la
lettre (= déshonneur, honte extrême due à un outrage) +
« méprisables » l. 51
- la restrictive
« ne ... que » dans « ils n’ont que de
l’ambition » l.25 marque le mépris de la mère à l’égard
de ces gens : ils ne risquent rien puisqu’ils « ne
ratent jamais leur coup », au contraire de la mère qui, elle,
a tout risqué et tout perdu.
- adjectif
« méprisables » l.51 pour qualifier les potentiels
cadavres des agents.
*Colère et
indignation :
- Accusation
explicite : « vous êtes des voleurs » l. 41 +
hyperbole « vos poches déjà alourdies d’or » l. 40
- Questions
rhétoriques l. 37 à 40 : marquent l’indignation
*ironie désespérée :
décalage menace de mort et formule de politesse finale ;
mettez-vous à ma place : vous faire assassiner ;
aphorisme : « quand on n’a rien à se mettre sous la
dent, on n’est pas difficile » ; son accusation
frontale : « vous êtes des voleurs »
B. La
dénonciation franche de tous les méfaits des colons
-
Quelques expressions familières : « quand on n’a rien à
se mettre sous la dent » l. 52-53 ; formule de politesse
officielle qui termine la lettre (« je vous prie d’agréer,
etc. ») alliée à une restrictive familière (« quand
même » l.55) = franchise de la mère qui a un aspect comique
- opposition « sou
par sou » / « vos poches déjà alourdies d’or » :
elle a travaillé dur pour gagner ce pécule, ils sont déjà riches
et n’ont pas besoin de son argent = accusation de corruption
(métaphore « poches déjà alourdies d’or » +
« voleurs » : fait penser à Ali Baba et les 40
voleurs)
→ rappelle
l’exploitation ignoble des bagnards + la mort cruelle et injuste
des enfants de la plaine.
-
Sadisme des colons rappelé implicitement dans l’emploi de
l’indéfini « on » : « on enterrait tout vifs les
bagnards qui travaillaient à sa construction » l.46
-
Comparaison frappante avec la mort des enfants de la plaine (« de
même que les morts d’enfants ne peuvent se reprendre » l. 41
= elle accuse implicitement les blancs d’avoir laissé mourir ces
enfants.
C. Le refus du
fatalisme, l’espoir à tout prix
- Malgré tout son désespoir, la mère rebondit, ne se laisse pas
achever : « insensiblement je commence à espérer »
l.10, « c’est ce que je me dis pour me consoler »
- Polyptote (répétition d’un même radical) : « ça
commence » l.6, « je commence » l.10, « un
commencement » l.14 → nouveau départ ?
- futur de certitude (« ces
barrages seront aussi mauvais que les premiers », « je ne
les reprendrai jamais ») l.43) + futur proche : (l’année
qui vient, la perspective), l.33-34 = elle se projette toujours.
- « faire
de nouveaux barrages » l. 21, « acheter cette
concession » l. 38, « nouveaux barrages » l.50
- Paradoxe : « cet espoir », que représente « la
perspective d’une nouvelle défaite » l. 34 → même la
défaite est vue comme un espoir parce qu’alors, la mère aura
tenté quelque chose, elle se sera battue jusqu’au bout, elle aura
refusé le fatalisme et la passivité.
- Elle
imagine un dialogue avec l’agent cadastral : question l.2,
dialogue imaginé au discours direct l.18 à 32 : « vous
me diriez... » , « je vous répondrais... » :
comme si la communication était possible.
- Espoir fou d’une réponse
de l’agent : « s’il vous plaisait une fois de ma
répondre », puis « en espérant quand même une réponse
de votre part ».
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