mardi 25 septembre 2018

exemple de paragraphe argumenté sur un texte.


                          Cette scène d'exposition remplit bien ses fonctions, puisque grâce à la double énonciation, le spectateur connaît les éléments indispensables pour suivre l'intrigue. Pour commencer, le cadre spatio-temporel est donné dès le début de la scène, par Hippolyte qui informe Théramène de son départ « de l’aimable Trézène », ville antique du Péloponèse. On apprend par ailleurs les liens familiaux et les fonctions sociales des personnages : d'abord, Hippolyte étant le fils de Thésée, lui-même « Roi » d'Athènes ; ensuite, Phèdre, sa « marâtre », donc épouse de Thésée, est désignée par la périphrase « fille de Minos et de Pasiphae », ce qui souligne ses origines à la fois divines et maudites : on se rappelle les amours monstrueuses de sa mère avec un taureau. Enfin, Aricie est citée par Hippolyte, comme faisant partie de la famille des « cruels Pallantides », famille ennemie du trône, et pourtant, Téramène semble l'apprécier, comme en témoigne l'adjectif « aimable » utilisé pour la qualifier. Le rappel de ces différentes relations entre les protagonistes traduit également leur personnalité et leur passé : Thésée est dépeint par Théramène comme un séducteur invétéré, cachant « de nouvelles amours », alors qu'Hippolyte prend la défense de son père, désigné comme « une tête si chère », l'évoquant comme un homme droit, désormais bien loin « de ses jeunes erreurs ». Phèdre, elle, est présentée dans un portrait peu flatteur : le suffixe péjoratif « âtre » du nom « marâtre », associé à tout un lexique hostile marque un conflit ancien entre elle et Hippolyte. La Reine y apparaît comme une femme remplie de « haine » envers son beau-fils, l'ayant même exilé pour ne plus avoir à supporter sa vue. Cependant, Théramène rappelle que cette femme, « mourante », n'est plus que l'ombre d'elle même, elle « cherche à mourir » pour des raisons « qu'elle s'obstine à taire ». D'ailleurs, tout un champ lexical de la mort, associé à celui de la divinité tisse le registre tragique : « les dieux » et « la fatalité » sont liés contre « le destin » des hommes. L'intérêt du spectateur est donc éveillé et tous les fils de l'intrigue sont mis en place : Pourquoi Phèdre attend-elle la mort ? Où est passé Thésée, disparu « depuis plus de six mois » ? Hippolyte, enfin, suggère dans une litote qu'il est amoureux de l'inaccessible Aricie : cet amour pourra-t-il voir le jour ? Cette scène d'exposition a donc enclenché tous les rouages de la tragédie, elle a su délivrer les informations utiles pour avoir envie d'en savoir plus sur les personnages, tout en esquissant les grands thèmes de la pièce : amour, mort et fatalité.

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