vendredi 2 mars 2018

Montpensier : Le portrait des personnages dans la nouvelle

La Princesse de Montpensier : de la vertu à la passion 
 
-D’une grande beauté.
-Mariée contre son gré, victime des codes sociaux et moraux de son époque : « Melle de Mézières, tourmentée par ses parents […] se résolut enfin d’obéir à ses parents »
-Aucun amour pour son mari : « Le Prince de Montpensier s’en retourna à Champigny pour achever d’accabler la princesse sa femme par sa présence »
-Incarne la perfection : « tant de beauté, d’esprit et de vertu » : grâce à Chabannes, elle devient « une des personnes du monde la plus achevée »
-Montre du mépris envers Chabannes lors de son aveu : « une tranquillité et une froideur pires mille fois que toutes les rigueurs à quoi il s’était attendu : elle ne prit pas la peine de se mettre en colère » et plus loin : « La princesse, qui n’avait dans la tête que le Duc de Guise […] trouva si mauvais qu’un autre mortel osât encore penser à elle qu’elle maltraita bien plus le comte de Chabannes qu’elle n’avait fait la première fois qu’il lui avait parlé de son amour »
-Elle cède, presque malgré elle, à la passion : « Cette belle princesse ne put refuser son cœur à un homme qui l’avait possédé autrefois »
-Marques de jalousie : « jalousie que lui donnait la beauté de Madame » ; « elle n’ouvrit la bouche que pour lui faire des reproches épouvantables […] elle l’accusait d’infidélité et de trahison »
-Inconsciente de la souffrance qu’elle inflige à Chabannes : elle lui détaille son amour pour de Guise. Elle « lui fit avaler à longs traits tout le poison imaginable en lui lisant ses lettres et la réponse tendre et galante qu’elle y faisait »  ; elle utilise Chabannes : elle rappelle Chabannes à elle lorsqu’il s’en va, « par l’intérêt de son amour pour le duc de Guise où il lui était nécessaire »
-Tiraillée entre vertu et passion : « elle pensa combien cette action était contraire à sa vertu, […] elle se trouva dans une extrémité épouvantable » , elle hésite jusqu’au bout à recevoir le Duc de Guise de nuit ; lors de la venue de Guise : « la princesse de Montpensier, qui avait quelque honte de se trouver seule avec le Duc de Guise, pria plusieurs fois le comte d’entrer dans sa chambre »
-Elle finit par mourir non tant à cause de l’ingratitude de Guise qu’à cause de la perte de Chabannes : « L’ingratitude du Duc de Guise lui fit sentir plus vivement la perte d’un homme dont elle connaissait si bien la fidélité »


Le Prince de Montpensier : un mari jaloux

- Un des chefs de guerre catholiques : « tout couvert de la gloire qu’il avait acquise au siège de Paris et à la bataille de Saint Denis »
- Ami fidèle, il prend le Comte de Chabannes sous sa protection contre la Reine mère  ; il aime sincèrement Chabannes : « l’homme du monde qu’il aimait le mieux »
- Jaloux : « par le sentiment d’une jalousie qui lui était naturelle » et description de sa jalousie après le départ de Guide et Anjou de chez lui ( ) ; jusqu’à la violence : « le chagrin que tous ses soupçons lui causèrent donna de mauvaises heures à la princesse »  ; après l’aveu dans l’antichambre de la reine, « il s’emporta avec des violences épouvantables »  ; « effroyables malheurs où la jalousie de son mari pouvait le jeter »  ; « excès de rage et de fureur » , etc.
- Tiraillé lorsqu’il découvre le corps de Chabannes : « son amitié se réveillant lui donna de la douleur ; mais enfin le souvenir de l’offense qu’il croyait en avoir reçue lui donna de la joie »


Le Duc de Guise : un amant sincère mais inconstant

- Le « Balafré », un des chefs de guerre catholiques : « ce fut dans cette guerre que le Duc de Guise commença à avoir des emplois considérables » et « y fit des actions qui suffiraient seules à rendre glorieuse une autre vie que la sienne »
- Riche et beau : Au bal, il est «  paré d’un nombre infini de pierreries mais plus paré encore de sa bonne mine »
- Intelligent : « beaucoup d’esprit » , « la fierté du duc n’était pas accoutumée à de telles menaces […] mais elles gravèrent dans son cœur un désir de vengeance »
- Amoureux : « se sentant réveiller dans son cœur si vivement tout ce que cette princesse y avait autrefois fait naître »  ; «  Le Duc de Guise acheva d’en devenir violemment amoureux » « je suis assez hardi pour vous adorer »  ; prêt à sacrifier sa fortune à sa passion : après le sacrifice du mariage avec Marguerite de Valois, il « veut que l’amour le récompense de ce qu’il perdait du côté de la Fortune »
- Dissimulateur : « il lui était très important de ne pas découvrir son amour au prince » et « ce duc, qui commençait à se faire une affaire sérieuse de son amour, n’en voulut rien avouer »  ; « voulant par plusieurs raisons tenir sa passion cachée »
Manipule Chabannes : « Il se mit à lui exagérer sa passion, et à lui faire comprendre qu’il mourrait infailliblement s’il ne lui faisait obtenir de la princesse la permission de la voir »
- D’après le duc d’Anjou, « c’est un homme qui n’est capable que d’ambition »
- Troublé dans la scène de la chambre : « Duc de Guise, Qui ne savait quelle résolution prendre » et « le Duc de Guise […] sans savoir quasi ce qu’il faisait tant il était troublé »
- Il prend des nouvelles de la Princesse qu’il sait malade, puis « laissa peu à peu s’éloigner de son âme le soin d’apprendre des nouvelles de la Princesse »


Le Comte de Chabannes : un héros tragique

- Huguenot repenti par amitié pour le prince de Montpensier : « le comte de Chabannes […] avait été si sensible à l’estime et à la confiance de ce prince, que contre tous ses intérêts, il abandonna le parti des huguenots, ne pouvant se résoudre à être opposé en quelque chose à un si grand homme et qui lui était si cher »
- Il est « d’un esprit fort sage et fort doux »
- Ami fidèle : ses liens avec le prince sont exclusivement ceux de l’amitié : « la confiance s’augmentait de part et d’autre, à tel point qu’elle lui apprit l’inclination qu’elle avait eu pour le Duc de Guise »
- Amoureux éconduit de la princesse, se sacrifiant en vain pour le bonheur de celle-ci. « s'il ne fut pas maître de son coeur, il le fut de ses actions » ; « sa passion le portait si naturellement à ne songer qu’à ce qui pouvait augmenter le bonheur et la gloire de la princesse qu’il oubliait sans peine les intérêts... »
- Capable de jalousie envers le Duc de Guise : « s’abandonnait à un désespoir et à une rage qui le poussa mille fois à donner de son épée au travers du corps de son rival »
- Héroïque : « Il se résolut, par une générosité sans exemple, de s’exposer pour sauver une maîtresse ingrate et un rival aimé »
- Vertueux et honnête : « Chabannes, pénétré de repentir d’avoir abusé d’une amitié dont il recevait tant de marques »
- Il est tué lors de la Saint-Barthélemy.


Le Duc d’Anjou : un amoureux honnête homme

- Futur Henri III, frère du roi Charles IX, rival malheureux du duc de Guise.
- « fort galant et fort bien fait »
- Glorieux chef militaire : « acquit beaucoup de gloire par plusieurs belles actions »
- Dissimulateur : « la dissimulation qui lui était naturelle »
- Jaloux : « la jalousie, le dépit et la rage se joignant à la haine qu’il avait déjà pour lui firent dans son âme tout ce qu’on peut imaginer de plus violent » ; menace de Guise : « La perte de votre vie sera peut-être la moindre chose dont je punirai quelque jour votre témérité »
- Honnête homme : « je ne m’opposerai point à la fortune que je méritais sans doute mieux que lui mais je me rendrais indigne si je m’opiniâtrais davantage à la conquête d’un cœur qu’un autre possède. C’est trop de n’avoir pu attirer que votre indifférence : je ne veux pas y faire succéder la haine en vous importunant plus longtemps de la plus fidèle passion qui fut jamais ».
- Sensible, élégant, conformément à l’amour précieux : « Le Duc d’Anjou, qui était effectivement touché d’amour et de douleur, put à peine achever ces paroles » ;
« Il sortit du bal feignant de se trouver mal et s’en alla chez lui rêver à son malheur »

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