Maria, fervente admiratrice de Mme de Lafayette
Bonsoir Mme, je vous admire
beaucoup et j’espère que vous répondrez avec plaisir à mes questions auxquelles
je souhaite une réponse depuis tant de temps.
Mme de Lafayette
Bonsoir ma
chère, je suis ici pour vous écouter et répondre le plus sincèrement possible à
vos questionnements. Je vous écoute.
Maria
Tout d’abord, je serai ravie de connaitre mieux votre
vie, de votre enfance à aujourd’hui.
Mme de Lafayette
Je suis née à
Paris, le 18 mars 1634 de parents appartenant à la petite noblesse. Mon père
meurt malheureusement lorsque j’ai 15ans, 2 ans après je rentre au service de
la reine Anne d’Autriche en tant que demoiselle d’honneur, tout ceci grâce à ma
marraine. J’épouse à l’âge de 21ans François de la Fayette avec qui j’ai 2
fils, cependant lui préfère sa petite campagne et moi les salons parisiens. En
1662, je publie alors La princesse de Montpensier avec succès.
Maria
Vous avec tout
juste évoqué les salons parisiens que vous fréquentez souvent, pouvez-vous m’en
dire d’avantage sur ses lieux nobles ?
Mme de Lafayette
Les salons littéraires,
au cœur du siècle des Lumières, sont organisés par des personnes qui invitent
chez elles les savants en fonction des sujets abordés. Ce sont ainsi des
réunions à date d’hommes et femmes lettrés, bourgeois ou nobles à l’origine
attirés la poésie, la littérature et le théâtre, et souvent les arts et les
sciences. Ces salons deviennent ainsi des lieux nécessaires de la vie
bourgeoise ou mondaine.
Maria
Les salons sont
liés à la préciosité, qu’est-ce que réellement ce terme que vous employez
souvent ?
Mme de Lafayette
La Préciosité
est un phénomène socio-littéraire qui est né autour d’une aristocratie
lettrées dans les salons particulier français c’est un courant qui reflète
l'évolution des mœurs de la bonne
société. Il s’agit d’introduire dans le langage de l’élégance et de la
pureté et supprimer la grossièreté de la cour de Henri IV
Maria
C'est dans les salons
tenus par des femmes de l'aristocratie parisienne qu'éclot la préciosité. Nous
entendons souvent parler du salon de Mademoiselle de Scudéry. Qui
est-elle ?
Mme de Lafayette
Madame de Scudéry est une
bonne amie que je connais depuis de longues dates c’est un auteur du XVII
siècle. Son salon devient une référence entre 1653 et 1660. Ses "samedis"
sont très courus. Madeleine de Scudéry obtient l'amitié de futurs grands
écrivains.
Maria
Lorsque vous
rencontrez vos amis dans les salons, parlez-vous des conflits du XVIIème
siècle ? Pouvez-vous m’éclairez sur cette période difficile que nous
affrontons ?
Mme de Lafayette
Oui,
certainement. Dans les salons nous discutons souvent des conflits religieux du
XIIe siècle. J’ai ainsi appris que depuis François Ier, les
rois de France luttent contre le protestantisme, qu'ils considèrent comme un
danger pour leur autorité. Mais en dépit des persécutions infligées aux
protestants, le mouvement ne cesse de grossir en France. Les nobles commencent
à adhérer à la réforme. En 1559, François II laisse le royaume aux commandes
des catholiques. Les chefs des huguenots, tel le prince de Condé, contestent
cette autorité. La montée des tensions entre catholiques et protestants mène à
la première guerre de religion en
1562, qui débute par le massacre de Wassy. Le soutien des protestants par
l'Angleterre et des catholiques par l'Espagne va faire durer le conflit. Les
jeunes rois de France, comme Charles IX, incapables d'imposer leur autorité, ne
pourront mettre fin à la guerre.
Maria
Quand nait réellement la religion
protestante ?
Mme de Lafayette
Le protestantisme est un mouvement
religieux initié par un moine allemand, Martin Luther. Luther ne reconnaît que
l'autorité de la Bible et
profite de l'imprimerie pour diffuser cet ouvrage, qui doit être accessible à
tous. Malgré sa condamnation par l'Église catholique romaine, le mouvement
prend de l'ampleur : de nombreux princes allemands adoptent la religion
protestante pour se libérer de l'autorité du pape et du chef de Saint-Empire
romain germanique. Le protestantisme arrive en Suède, au Danemark, puis en France,
sous l'impulsion de Jean Calvin.
Maria
Maintenant que vous m’avez éclairé sur le
contexte de votre siècle, j’aimerais en savoir davantage sur une œuvre que j’ai
particulièrement apprécié : La Princesse de Montpensier.
Mme de Lafayette
J’ai publié cette œuvre en 1662. Il s’agit d’une œuvre
dont l’amour est un des thèmes principaux de l’histoire : l'image de
l'amour peinte dans cette nouvelle révèle que l'être aimant est dans une
situation bien cruelle, autant parce que ce dernier est rarement réciproque que
parce que lorsque celui-ci est réciproque, il s'éteint rapidement et s'efface. La
peinture de l'amour dans cette nouvelle montre bien que ce dernier implique une
prise de risques terribles et engendre des souffrances insoutenables pour peu
de satisfaction en contrepartie. L'amour est donc un sacrifice
de soi qui ne se choisit pas selon moi.
Maria
A part l’amour, quels sont les autres thèmes
de la nouvelle ?
Mme de Lafayette
La passion et
le drame sont deux autres thèmes importants, ils sont très fortement liés à
l’amour et sont la conséquence de ce sentiment, tout comme la jalousie :
par exemple la jalousie du prince de Montpensier lorsqu’il apprend l’amour que
porte le duc d’Anjou envers sa femme. En outre, L’amour est
toujours contrarié :
par la non
réciprocité des sentiments, par l’ambition
ou par les convenances
sociales De plus, l’amitié est tout aussi présente, comme l’amitié qu’éprouve
la princesse envers Chabannes qui devient son confident, même si ses sentiments
ne sont pas les mêmes. Enfin comme je
l’ai développé juste avant, les guerres de religion sont présentes tout au long
du récit sous le règne de Charles IX.
Maria
Quel est précisément votre style
d’écriture ?
Mme de Lafayette
Je ne sombre
pas dans le pathétique ou le pittoresque. A cet égard, je me considère être un
auteur classique car je respecte à ma manière les règles de l’écriture classique
(sobriété, retenue, vraisemblance)
Maria
Bien. Comment votre œuvre a été reçu à
l’époque ?
Mme de Lafayette
L'ouvrage est
un succès dès sa parution. Il en circule des contrefaçons. Pour Sorel, ce
succès est dû au style aristocratique de l'œuvre, mais aussi à la possibilité
de reconnaître dans les personnages du passé des individus contemporains. Ce
n'est pas la raison qui fait le succès des livres, mais c'est l'adresse avec
laquelle nous savons mettre le cœur de notre côté, et c'est un art et une
affaire
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