samedi 25 novembre 2017

G.T dytopies au XXè siècle

G.T : Utopie et dystopie dans la science-fiction au XXème siècle

TEXTE A : Zamiatine, Nous autres, 1924
Le narrateur est chargé de rédiger son journal, pour d’éventuels peuples extra-terrestres avec lesquels son gouvernement parviendrait à communiquer.

Eh bien, les Tables des Heures, elles, ont fait de chacun de nous un héros épique à six roues d’acier. Tous les matins, avec une exactitude de machines, à la même heure et à la même minute, nous, des millions, nous nous levons comme un seul numéro. À la même heure et à la même minute, nous, des millions à la fois, nous commençons notre travail et le finissons avec le même ensemble. Fondus en un seul corps aux millions de mains, nous portons la cuiller à la bouche à la seconde fixée par les Tables ; tous, au même instant, nous allons nous promener, nous nous rendons à l’auditorium, à la salle des exercices de Taylor, nous nous abandonnons au sommeil...
Je serai franc : nous n’avons pas encore résolu le problème du bonheur d’une façon tout à fait précise. Deux fois par jour, aux heures fixées par les Tables, de seize à dix-sept heures et de vingt et une à vingt-deux heures, notre puissant et unique organisme se divise en cellules séparées. Ce sont les Heures Personnelles. À ces heures, certains ont baissé sagement les rideaux de leurs chambres, d’autres parcourent posément le boulevard en marchant au rythme des cuivres, d’autres encore sont assis à leur table, comme moi actuellement.
On me traitera peut-être d’idéaliste et de fantaisiste, mais j’ai la conviction profonde que, tôt ou tard, nous trouverons place aussi pour ces heures dans le tableau général, et qu’un jour, les 86 400 secondes entreront dans les Tables des Heures.
J’ai eu l’occasion de lire et d’entendre beaucoup d’histoires incroyables sur les temps où les hommes vivaient encore en liberté, c’est-à-dire dans un état inorganisé et sauvage. Ce qui m’a toujours paru le plus invraisemblable est ceci : comment le gouvernement d’alors, tout primitif qu’il ait été, a-t-il pu permettre aux gens de vivre sans une règle analogue à nos Tables, sans promenades obligatoires, sans avoir fixé d’heures exactes pour les repos ! On se levait et on se couchait quand l’envie vous en prenait, et quelques historiens prétendent même que les rues étaient éclairées toute la nuit et que toute la nuit on y circulait.
C’est une chose que je ne puis comprendre. Quelque trouble qu’ait été leur raison, les gens ne devaient pourtant pas être sans s’apercevoir qu’une vie semblable était un véritable assassinat de toute la population, un assassinat lent qui se prolongeait de jour en jour. [...]
N’est-il pas absurde que le gouvernement d’alors, puisqu’il avait le toupet de s’appeler ainsi, ait pu laisser la vie sexuelle sans contrôle ? N’importe qui, quand ça lui prenait... C’était une vie absolument a-scientifique et bestiale. Les gens produisaient des enfants à l’aveuglette, comme des animaux. N’est-il pas extraordinaire que, pratiquant le jardinage, l’élevage des volailles, la pisciculture (nous savons de source sûre qu’ils connaissaient ces sciences), ils n’aient pas su s’élever logiquement jusqu’à la dernière marche de cet escalier : la puériculture. Ils n’ont jamais pensé à ce que nous appelons les Normes Maternelle et Paternelle.
Ce que je viens d’écrire est tellement invraisemblable et tellement ridicule, que je crains, lecteurs inconnus, que vous ne me preniez pour un mauvais plaisant. Vous allez croire que je veux tout simplement me payer votre tête en vous racontant des balivernes sur un ton sérieux ? Pourtant je ne sais pas blaguer, car dans toute blague le mensonge joue un rôle caché et, d’autre part, la Science de l’État Unique ne peut se tromper. Comment pouvait-on parler de logique gouvernementale lorsque les gens vivaient dans l’état de liberté où sont plongés les animaux, les singes, le bétail ? Que pouvait-on obtenir d’eux lorsque, même de nos jours, un écho simiesque se fait encore entendre de temps en temps ?
Mais, fort heureusement, cela n’arrive que rarement et c’est une petite question de mise au point ; il est facile d’y remédier sans arrêter la marche éternelle de toute la Machine. Pour remplacer la clavette tordue, nous avons la main habile et puissante du Bienfaiteur, nous avons l’œil exercé des Gardiens...

TEXTE B : Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (chap.17), 1932
John, dit « Le Sauvage » parce qu’il a été élevé dans une réserve indienne, discute avec Mustapha Menier, Administrateur du Gouvernement Mondial.

- Pourquoi ne leur faites-vous pas lire Othello ?
- Je vous l’ai dit : c’est vieux. D’ailleurs, ils ne le comprendraient pas. [] Parce que notre monde n’est pas celui d’Othello. On ne peut pas faire de tacots sans acier, et l’on ne peut pas faire de tragédies sans instabilité sociale. Le monde est stable, à présent. Les gens sont heureux ; ils obtiennent ce qu’ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent obtenir. Ils sont à l’aise ; ils sont en sécurité ; ils ne sont jamais malades ; ils n’ont pas peur de la mort ; ils sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse ; ils ne sont encombrés de nuls pères ni mères ; ils n’ont pas d’épouses, pas d’enfants, pas d’amants, au sujet desquels ils pourraient éprouver des émotions violentes ; ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le doivent.
[...] Vous êtes conditionné de telle sorte que vous ne pouvez vous empêcher de faire ce que vous avez à faire. Et ce que vous avez à faire est, dans l'ensemble, si agréable, on laisse leur libre jeu à un si grand nombre de vos impulsions naturelles, qu'il n'y a véritablement pas de tentations auxquelles il faille résister. Et si jamais, par quelque malchance, il se produisait d'une façon ou d'une autre quelque chose de désagréable, eh bien, il y a toujours le soma qui vous permet de prendre un congé, de vous évader de la réalité. Et il y a toujours le soma pour calmer votre colère, pour vous réconcilier avec vos ennemis, pour vous rendre patient et vous aider à supporter les ennuis. Autrefois, on ne pouvait accomplir ces choses-là qu'en faisant un gros effort et après des années d'entraînement moral pénible. A présent, on avale deux ou trois comprimés d'un demi-gramme, et voilà. Tout le monde peut être vertueux, à présent. On peut porter sur soi, en flacon, au moins la moitié de sa moralité. Le christianisme sans larmes, voilà ce qu'est le soma.
- Mais les larmes sont nécessaires. Ne vous souvenez-vous pas de ce qu'a dit Othello ? « Si, après toute tempête, il advient de tels calmes, alors, que les vents soufflent jusqu'à ce qu'ils aient réveillé la mort! » Il y a une histoire que nous contait l'un des vieux Indiens, au sujet de la Fille de Matsaki. Les jeunes gens qui désiraient l'épouser devaient passer une matinée à sarcler son jardin avec une houe. Cela semblait facile ; mais il y avait des mouches et des moustiques, tous enchantés. La plupart des jeunes gens étaient absolument incapables de supporter les morsures et les piqûres. Mais celui qui en était capable, celui-là obtenait la jeune fille.
- Charmant ! Mais dans les pays civilisés, dit l'Administrateur, on peut avoir des jeunes filles sans sarcler pour elles avec une houe; et il n'y a pas de mouches ni de moustiques pour vous piquer. Il y a des siècles que nous nous en sommes complètement débarrassés.
Le Sauvage eut un signe de tête d'acquiescement, avec un froncement des sourcils,
- Vous vous en êtes débarrassés. Oui, c'est bien là votre manière. Se débarrasser de tout ce qui est désagréable, au lieu d'apprendre à s'en accommoder. C'est trop facile. [...] N'est-ce pas quelque chose, que de vivre dangereusement ?
- Je crois bien, que c'est quelque chose! répondit l'Administrateur. Les hommes et les femmes ont besoin qu'on leur stimule de temps en temps les capsules surrénales.
- Comment ? interrogea le Sauvage, qui ne comprenait pas.
- C'est l'une des conditions de la santé parfaite. C'est pourquoi nous avons rendu obligatoires les traitements de S.P.V.
- S.P.V. ?
- Succédané de Passion Violente. Régulièrement, une fois par mois, nous irriguons tout l'organisme avec un flot d'adrénaline. C'est l'équivalent physiologique complet de la peur et de la colère. Tous les effets toniques que produit le meurtre de Desdémone2 et le fait d'être tuée par Othello, sans aucun des désagréments.
- Mais cela me plaît, les désagréments.
- Pas à nous, dit l'Administrateur. Nous préférons faire les choses en plein confort.
- Mais je n'en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché.
- En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d'être malheureux.
- Eh bien, soit, dit le Sauvage d'un ton de défi, je réclame le droit d'être malheureux.
- Sans parler du droit de vieillir, de devenir laid et impotent ; du droit d'avoir la syphilis et le cancer ; du droit d'avoir trop peu à manger ; du droit d'avoir des poux ; du droit de vivre dans l'appréhension constante de ce qui pourra se produire demain ; du droit d'attraper la typhoïde ; du droit d'être torturé par des douleurs indicibles de toutes sortes.
Il y eut un long silence.
- Je les réclame tous, dit enfin le Sauvage.
Mustapha Menier haussa les épaules.
- On vous les offre de grand coeur, dit-il.

1- citation tirée de Hamlet de Shakespeare. 2- Desdémone est tuée par son amant jaloux, Othello.

TEXTE C : Orwell, 1984, 1948

À l’intérieur de l’appartement de Winston, une voix sucrée faisait entendre une série de nombres qui avaient trait à la production de la fonte. La voix provenait d’une plaque de métal oblongue, miroir terne encastré dans le mur de droite. Winston tourna un bouton et la voix diminua de volume, mais les mots étaient encore distincts. Le son de l’appareil (du télécran, comme on disait) pouvait être assourdi, mais il n’y avait aucun moyen de l’éteindre complètement. Winston se dirigea vers la fenêtre. Il était de stature frêle, plutôt petite, et sa maigreur était soulignée par la combinaison bleue, uniforme du Parti. Il avait les cheveux très blonds, le visage naturellement sanguin, la peau durcie par le savon grossier, les lames de rasoir émoussées et le froid de l’hiver qui venait de prendre fin.
Au-dehors, même à travers le carreau de la fenêtre fermée, le monde paraissait froid. Dans la rue, de petits remous de vent faisaient tourner en spirale la poussière et le papier déchiré. Bien que le soleil brillât et que le ciel fût d’un bleu dur, tout semblait décoloré, hormis les affiches collées partout. De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston. Au niveau de la rue, une autre affiche, dont un angle était déchiré, battait par à-coups dans le vent, couvrant et découvrant alternativement un seul mot : ANGSOC. Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée.
Derrière Winston, la voix du télécran continuait à débiter des renseignements sur la fonte et sur le dépassement des prévisions pour le neuvième plan triennal. Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d’un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu. Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, sauf dans l’obscurité, tout mouvement était perçu.
Winston restait le dos tourné au télécran. Bien qu’un dos, il le savait, pût être révélateur, c’était plus prudent. À un kilomètre, le ministère de la Vérité, où il travaillait, s’élevait vaste et blanc au-dessus du paysage sinistre. Voilà Londres, pensa-t-il avec une sorte de vague dégoût, Londres, capitale de la première région aérienne, la troisième, par le chiffre de sa population, des provinces de l’Océania. [...]
Le ministère de la Vérité – Miniver, en novlangue1 – frappait par sa différence avec les objets environnants. C’était une gigantesque construction pyramidale de béton d’un blanc éclatant. Elle étageait ses terrasses jusqu’à trois cents mètres de hauteur. De son poste d’observation, Winston pouvait encore déchiffrer sur la façade l’inscription artistique des trois slogans du Parti :
LA GUERRE C’EST LA PAIX
LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE
L’IGNORANCE C’EST LA FORCE
Le ministère de la Vérité comprenait, disait-on, trois mille pièces au-dessus du niveau du sol, et des ramifications souterraines correspondantes. Disséminées dans Londres, il n’y avait que trois autres constructions d’apparence et de dimensions analogues. Elles écrasaient si complètement l’architecture environnante que, du toit du bloc de la Victoire, on pouvait les voir toutes les quatre simultanément. C’étaient les locaux des quatre ministères entre lesquels se partageait la totalité de l’appareil gouvernemental. Le ministère de la Vérité, qui s’occupait des divertissements, de l’information, de l’éducation et des beaux-arts. Le ministère de la Paix, qui s’occupait de la guerre. Le ministère de l’Amour qui veillait au respect de la loi et de l’ordre. Le ministère de l’Abondance, qui était responsable des affaires économiques. Leurs noms, en novlangue, étaient : Miniver, Minipax, Miniamour, Miniplein.

1- Novlangue : nouvelle langue, destinée à réduire le vocabulaire, donc la pensée.

TEXTE D : Ira Levin, Un bonheur insoutenable

Ils attrapent des animaux, les mangent et s’habillent avec leurs peaux, disait celui qui parlait, un petit garçon de huit ans. Et aussi, ils se… « battent ». Ça veut dire qu’ils se font mal, exprès, avec leurs mains ou bien avec des pierres ou des bâtons. Ils ne s’aiment pas et ne s’aident pas. Pas du tout.
Les quatre enfants l’écoutaient bouche bée. Une petite fille, plus jeune que celui qui avait parlé, dit : « Mais on ne peut pas ôter les bracelets. C’est impossible. »
Elle tira sur son propre bracelet avec un doigt, pour montrer la solidité des maillons.
Si, on peut, si on a les outils qu’il faut, dit le garçon. On l’ôte bien le jour de l’union, non ?
Oui, mais seulement pour une seconde.
Peut-être, mais on l’ôte.
Où vivent-ils ? demanda un autre.
Au sommet des montagnes. Dans des cavernes. Dans un tas d’endroits où on ne peut pas les trouver.
Ils doivent être malades, dit la première petite fille.
Bien sûr ! s’exclama le garçon en riant. C’est pourquoi on les appelle « incurables ». Incurable veut dire malade. Ils sont très, très malades.
Le plus jeune des enfants, un garçon d’environ six ans, dit :
Ils ne se font pas faire leurs traitements ?
L’autre le regarda avec dédain.
Sans leurs bracelets ? Dans des cavernes ? […]

Le petit garçon, que l’on appelait parfois Copeau mais plus souvent Li – son noméro était Li RM35M4419 –, n’ouvrit pas la bouche de tout le repas, mais sa sœur Paix bavardait tellement que ses parents ne remarquèrent même pas son silence. Ce ne fut que lorsque tous quatre se furent installés dans les fauteuils TV que sa mère le regarda de plus près.
Tu es sûr que tu te sens bien. Copeau ? [...]
Jésus nous a raconté des choses… Jésus DV. Pendant qu’on jouait.
De quoi a-t-il parlé ? [...]
De membres qui… qui tombent malades et quittent la Famille. Ils s’enfuient et ôtent leurs bracelets.
Ah, les incurables ! dit sa mère un peu sèchement.
Il hésita, mal à l’aise à cause du ton de sa mère – et aussi parce qu’elle savait.
C’est vrai ? finit-il par demander.
Non. Non, ce n’est pas vrai. Non. Je vais appeler Bob. Il t’expliquera.

[…] Elle toucha de son bracelet la plaque du combiné et composa le noméro imprimé en rouge sur une carte glissée sous le cadran : « Bob NE20G3018. » Elle attendit, en se frottant nerveusement les mains. [...]
Vingt minutes plus tard, Bob était là.
Il est dans sa chambre, lui dit la mère de Copeau.
[…] Il se dirigea vers la chambre de Copeau et regarda par la porte ouverte.
Bonjour, Li.
Copeau leva la tête.
Bonjour, Bob.
Bob entra et s’assit sur le bord du lit. Il mit son téléord à terre, posa la main sur le front de Copeau puis lui ébouriffa les cheveux. […]
Il paraît qu’on t’a raconté un tas d’histoires sur les incurables ?
C’est rien que des histoires ? demanda Copeau.
Rien de plus, Li. C’était vrai il y a très, très longtemps, mais plus maintenant. […] Nous n’avons pas toujours été aussi forts en chimie et en médecine que maintenant. Encore une cinquantaine d’années après l’Unification, il arrivait que des membres tombent malades ; pas beaucoup, mais tout de même quelques-uns. Ils s’imaginaient qu’ils n’étaient pas des membres. Il y en avait qui s’enfuyaient et allaient vivre dans des endroits que la Famille n’utilisait pas, comme des îles désertes ou des sommets de montagnes, par exemple. [...]
Jésus m’a dit qu’ils… je crois qu’on dit « se battaient ».
Bob se détourna, gêné.
Il vaut mieux dire « agissaient agressivement ». Oui, ils le faisaient.
Copeau leva les yeux sur lui.
Mais ils sont morts maintenant ?
Oui, ils sont morts. Tous. Jusqu’au dernier. [...] Il y a longtemps, bien longtemps. Cela n’arrive plus jamais maintenant. […] Alors, la prochaine fois que quelqu’un te parlera des incurables, n’oublie pas deux choses : premièrement, les traitements sont devenus beaucoup plus efficaces qu’en ce temps-là, et deuxièmement, UniOrd est là et veille sur nous d’un bout à l’autre de la terre. D’accord ?
D’accord, dit Copeau, avec un sourire confiant.
Voyons ce qu’il dit de toi.
Bob prit son téléord et l’ouvrit sur ses genoux. Copeau s’approcha et releva la manche de son pyjama pour découvrir son bracelet.
Tu crois que j’aurai droit à un traitement supplémentaire, Bob ? […]
Demain à 12 h 25, annonça-t-il.
Merveilleux ! Merci, Bob !
Uni merci, dit Bob en refermant la machine. Qui t’avait parlé des incurables ? Jésus comment ?
DV33 quelque chose. Il vit au vingt-quatrième étage. […]
Il aura aussi droit à un traitement de plus ?
S’il en a besoin. Je vais avertir son conseiller. Et maintenant, au dodo, petit frère. Il y a école demain. [...] Les parents de Copeau se levèrent avec appréhension lorsque Bob revint.
Tout va bien, leur annonça-t-il. Il est déjà presque endormi. Il aura un traitement supplémentaire demain à l’heure du déjeuner. Sans doute un petit tranquillisant.
Ah ! quel soulagement, dit la mère de Copeau, et son père ajouta :
Merci, Bob.
Uni merci, dit Bob. (Il alla vers le téléphone.) Je voudrais aider l’autre garçon, expliqua-t-il. Celui qui lui a raconté tout ça. Il toucha la plaque du combiné.

[…] Plus tard dans l’après-midi, sur le terrain de jeux, le petit Jésus DV qui lui avait parlé des incurables s’approcha de Copeau pour le remercier.
Uni merci, dit Copeau. J’ai eu droit à un traitement supplémentaire. Et toi ?
Moi aussi, dit Jésus. De même que les autres, et aussi Bob UT, qui me l’avait raconté.
Ça m’avait fait un peu peur de penser à des membres qui tombent malades et qui s’enfuient.
À moi aussi, un peu. Mais c’était il y a très, très longtemps. Cela n’arrive plus maintenant.
Les traitements sont meilleurs maintenant que dans le temps, renchérit Copeau.
Oui, dit Jésus, et nous avons UniOrd qui nous surveille d’un bout à l’autre de la terre.
Tout juste, dit Copeau.

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