L.A
n°4, Desnos, « Les espaces du sommeil »
I. Les « espaces du sommeil », lieu de tous les possibles
A. L’univers onirique de la nuit ou La nuit, un univers merveilleux et magique
-
Anaphore
de « dans la nuit » + le titre avec le terme
« espaces » : la nuit est conçue plus comme un
lieu que comme un moment.
-
Lexique
de la nuit et du rêve : « nuit »,
« sommeil », « rêves » (plusieurs
occurrences), « yeux clos »
-
Anaphore
du présentatif « il y a » + énumération (v.1 à
12) : description de ce qui peuple la nuit du poète, comme si
celle-ci était plus un espace qu’un moment.
-
Univers
merveilleux, univers
de la fiction, univers
du fantastique :
« les forêts »
et les « créatures de
légende »,
« merveilles du
monde » v.1 et 43
= référence aux contes ; il y a le pas du promeneur et celui
de l’assassin et celui du sergent de ville » v.6-7
= référence à un récit policier : « d’étranges
figures » v.19 ;
« lumière
blafarde » et
« essieux qui grincent »
v.27-28
= fantastique
-
Univers
magique, lieu des illusions : C.L « mirage »,
« charme », « métamorphoses », « illusion »
-
Les
deux références aux yeux fermés (« mes yeux clos »
v.33 et « quand je ferme les yeux » v.20) provoquent le
jaillissement d’images heureuses : les « floraisons »
et le visage de la femme aimée → paradoxe qui rend la nuit
toute-puissante.
-
La
nuit rend aussi possible la réunion des contraires :
antithèses « la grandeur et le tragique » v.2, « l’assassin »
et « le sergent » v.6-7, le « crépuscule »
et l’« aube » v.11-12 ; paradoxe : « quand
je ferme les yeux, des floraison phosphorescentes apparaissent »
v.20 ; propositions inverse : « toi [… ] que je ne
connais pas, que je connais au contraire ».
-
deux
termes concrets (« appartenir » et « posséder »)
en lien avec deux termes de l’imagination (« volonté »,
« illusion ») dans « Toi qui m'appartient de par ma
volonté de te posséder en illusion » = le seul fait de rêver
rend réel un désir = nuit comme lieu de tous les possibles
B.
Le sommeil, lieu immense et cosmique
-
Le
titre « Les espaces du sommeil » : pluriel + métaphore
spatiale = grandeur, immensité
-
Les
cinq sens sont sollicités : l’ouïe est le sens plus
sollicité (« Un air de piano, un éclat de voix./ Une porte
claque. Une horloge. » ,« le chant du coq » v.18, « le cri du
paon », « les bruits ») ; la vue
(« lumière »,
«yeux », « figures » + description des
« merveilles », des « forêts »...)
; le toucher (« heurtent », « frisson »,
« mains qui se serrent », « palpable ») ; l’odorat
(« parfums ») → un univers total, complet.
-
Les
accumulations et les hyperbates (figures de style consistant à
prolonger une phrase par ajout d’éléments, ici, grâce à la
conjonction de coordination « et ») donnent une
impression de foisonnement : v.2« il y a naturellement les sept
merveilles du monde et la grandeur et le tragique et
le charme », v.6-7 « il y a le pas du promeneur et
celui de l’assassin et celui du sergent de ville et
la lumière… et celle du... »
-
Anaphore
de « Et » en début de vers, v.16, 24, 25 :
accentue ce foisonnement
-
De
nombreux éléments sont au pluriel : « les forêts »
v.3, « les trains et les bateaux » v.10, « des
pays inconnus » v.22, « les parfums » v.25, etc.
-
La
nuit donne accès à des « espaces » multiples, au monde
entier, au cosmos même :
x
le titre du poème : pluriel « les espaces ».
x
C.L du du déplacement, du
voyage, comme si le
rêve permettait n’importe quel voyage :
« le pas du
promeneur » v.6,
« passent les trains et les bateaux » v.10,
« pays inconnus que je parcours » v.22,
« routes médusantes » v.28
x
répétition de « pays » dans « pays où il fait jour »
(v.10) et « pays inconnus » (v.22),
x
« les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves,
des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et
millions d’êtres » (v.40) : gradation (du plus grand au
plus petit) : la nuit permet de tout embrasser.
-
Elle
permet aussi un voyage dans le temps : « le chant du coq
d’il y a 2000 ans » v.25, « les derniers souffles du
crépuscule et les premiers frissons de l’aube » v.11-12
C.
Un espace de beauté et de vie
-
Le
nom « merveilles »
est utilisé en début et en fin de poème (v.1
et 43)→
place importante accordée
à ces merveilles (dans le sens de beauté extraordinaires)
-
Evocation
de phénomènes naturels traditionnellement associés à la beauté :
« le crépuscule » et « l’aube » v.11-12,
des « floraisons » v.20, les « étoiles » et
« la mer » v.40 ; des créations humaines également
associées à la beauté, à l’art : « un air de
piano » v.14 et des « feux d’artifice » v.21.
-
Des
belles images : « l’âme palpable de l’étendue »
v.24 ou « les parfums du ciel et des étoiles » v.25
-
La
lumière et
le feu éclairent
le poème / la
nuit
par petites touches : « floraisons phosphorescentes »
« feux d’artifice » «
lumière du réverbère » « lanterne du chiffonnier »
« étoiles » « parcs en flammes» «lumière
blafarde » →
la vie palpite dans la nuit
-
Caractère
incantatoire et musical :
-
les
allitérations
(par
exemple
en [f]
v.20-21 :
« ferme »,
« floraisons », « phosphorescentes »,
« fanent », « feux »),
-
échos
phoniques (« naissent », « disparaissent »,
« apparaissent », « renaissent » v.19 à
21)
-
ou
sémantiques (« étoiles »,
v.25
et 40,
« créatures » v.3
et 22,
« merveilles »,
etc) ;
-
couplets
et
refrains
-
alexandrins :
« moi
qui me poursuis ou sans cesse me dépasse » v.17
-
Personnification
de la nature : « les forêts s’y heurtent » v.3,
« souffles du crépuscule » et « frissons de
l’aube » v.11-12,
« l’âme palpable de l’étendue » v.24,
« le flot meurt sur les plages » v.35
→
tout vit
-
Souffle,
respiration : hyperbole
«
des poumons de millions et millions d’êtres » +
la métaphore « souffles du crépuscule » →
tout semble respirer.
-
Anaphore
de « dans la nuit » + le titre avec le terme
« espaces » : la nuit est conçue plus comme un
lieu que comme un moment.
Lexique
de la nuit et du rêve : « nuit »,
« sommeil », « rêves » (plusieurs
occurrences), « yeux clos »
Anaphore
du présentatif « il y a » + énumération (v.1 à
12) : description de ce qui peuple la nuit du poète, comme si
celle-ci était plus un espace qu’un moment.
Univers
merveilleux, univers
de la fiction, univers
du fantastique :
« les forêts »
et les « créatures de
légende »,
« merveilles du
monde » v.1 et 43
= référence aux contes ; il y a le pas du promeneur et celui
de l’assassin et celui du sergent de ville » v.6-7
= référence à un récit policier : « d’étranges
figures » v.19 ;
« lumière
blafarde » et
« essieux qui grincent »
v.27-28
= fantastique
Univers
magique, lieu des illusions : C.L « mirage »,
« charme », « métamorphoses », « illusion »
Les
deux références aux yeux fermés (« mes yeux clos »
v.33 et « quand je ferme les yeux » v.20) provoquent le
jaillissement d’images heureuses : les « floraisons »
et le visage de la femme aimée → paradoxe qui rend la nuit
toute-puissante.
La
nuit rend aussi possible la réunion des contraires :
antithèses « la grandeur et le tragique » v.2, « l’assassin »
et « le sergent » v.6-7, le « crépuscule »
et l’« aube » v.11-12 ; paradoxe : « quand
je ferme les yeux, des floraison phosphorescentes apparaissent »
v.20 ; propositions inverse : « toi [… ] que je ne
connais pas, que je connais au contraire ».
deux
termes concrets (« appartenir » et « posséder »)
en lien avec deux termes de l’imagination (« volonté »,
« illusion ») dans « Toi qui m'appartient de par ma
volonté de te posséder en illusion » = le seul fait de rêver
rend réel un désir = nuit comme lieu de tous les possibles
Le
titre « Les espaces du sommeil » : pluriel + métaphore
spatiale = grandeur, immensité
Les
cinq sens sont sollicités : l’ouïe est le sens plus
sollicité (« Un air de piano, un éclat de voix./ Une porte
claque. Une horloge. » ,« le chant du coq » v.18, « le cri du
paon », « les bruits ») ; la vue
(« lumière »,
«yeux », « figures » + description des
« merveilles », des « forêts »...)
; le toucher (« heurtent », « frisson »,
« mains qui se serrent », « palpable ») ; l’odorat
(« parfums ») → un univers total, complet.
Les
accumulations et les hyperbates (figures de style consistant à
prolonger une phrase par ajout d’éléments, ici, grâce à la
conjonction de coordination « et ») donnent une
impression de foisonnement : v.2« il y a naturellement les sept
merveilles du monde et la grandeur et le tragique et
le charme », v.6-7 « il y a le pas du promeneur et
celui de l’assassin et celui du sergent de ville et
la lumière… et celle du... »
Anaphore
de « Et » en début de vers, v.16, 24, 25 :
accentue ce foisonnement
De
nombreux éléments sont au pluriel : « les forêts »
v.3, « les trains et les bateaux » v.10, « des
pays inconnus » v.22, « les parfums » v.25, etc.
La
nuit donne accès à des « espaces » multiples, au monde
entier, au cosmos même :
x
le titre du poème : pluriel « les espaces ».
x
C.L du du déplacement, du
voyage, comme si le
rêve permettait n’importe quel voyage :
« le pas du
promeneur » v.6,
« passent les trains et les bateaux » v.10,
« pays inconnus que je parcours » v.22,
« routes médusantes » v.28
x
répétition de « pays » dans « pays où il fait jour »
(v.10) et « pays inconnus » (v.22),
x
« les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves,
des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et
millions d’êtres » (v.40) : gradation (du plus grand au
plus petit) : la nuit permet de tout embrasser.
Elle
permet aussi un voyage dans le temps : « le chant du coq
d’il y a 2000 ans » v.25, « les derniers souffles du
crépuscule et les premiers frissons de l’aube » v.11-12
Le
nom « merveilles »
est utilisé en début et en fin de poème (v.1
et 43)→
place importante accordée
à ces merveilles (dans le sens de beauté extraordinaires)
Evocation
de phénomènes naturels traditionnellement associés à la beauté :
« le crépuscule » et « l’aube » v.11-12,
des « floraisons » v.20, les « étoiles » et
« la mer » v.40 ; des créations humaines également
associées à la beauté, à l’art : « un air de
piano » v.14 et des « feux d’artifice » v.21.
Des
belles images : « l’âme palpable de l’étendue »
v.24 ou « les parfums du ciel et des étoiles » v.25
La
lumière et
le feu éclairent
le poème / la
nuit
par petites touches : « floraisons phosphorescentes »
« feux d’artifice » «
lumière du réverbère » « lanterne du chiffonnier »
« étoiles » « parcs en flammes» «lumière
blafarde » →
la vie palpite dans la nuit
Caractère
incantatoire et musical :
-
les allitérations (par exemple en [f] v.20-21 : « ferme », « floraisons », « phosphorescentes », « fanent », « feux »),
-
échos phoniques (« naissent », « disparaissent », « apparaissent », « renaissent » v.19 à 21)
-
ou sémantiques (« étoiles », v.25 et 40, « créatures » v.3 et 22, « merveilles », etc) ;
-
couplets et refrains
-
alexandrins : « moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse » v.17
Personnification
de la nature : « les forêts s’y heurtent » v.3,
« souffles du crépuscule » et « frissons de
l’aube » v.11-12,
« l’âme palpable de l’étendue » v.24,
« le flot meurt sur les plages » v.35
→
tout vit
Souffle,
respiration : hyperbole
«
des poumons de millions et millions d’êtres » +
la métaphore « souffles du crépuscule » →
tout semble respirer.
II. Un poème à la femme aimée
A.
L’obsession de la femme aimée
-
Anaphore
de “Il y a toi” :
présence
obsédante, qui remplit
tout et se suffit à soi-même : phrase réduite au minimum,
sans aucun complément. Puis « Toi qui » envahit le
poème entre les vers 30
et 38.
-
Le
contraste entre l’unique « toi » et le foisonnement et
l’immensité de la nature rend ce « toi » encore plus
fort, plus important : elle se distingue du reste du monde, du
pluriel.
-
A
partir du v.18, le « toi » prend de la consistance, elle
est qualifiée par des adjectifs ou ppes passés : « immolée »
v.18, « belle et discrète » v.23, « insaisissable »
v.31
-
Elle
est perçue de manière
fragmentaire : « ton visage » v.33,
« ton gant » et « ta main » v.39
-
Anaphore
lyrique : « Ô belle... » v.23
=
exprime l’admiration, l’amour
-
Pluriel
de « mes rêves » dans « présente dans mes
rêves » v.30 : elle peuple régulièrement ses rêves.
-
Les
parallélismes
jour / nuit prouvent que l’obsession ne s’arrête jamais :
parallélisme dans
les
expressions
« dans la réalité et dans le rêve » v.31
et « aussi bien au rêve qu’à la réalité » v.34
+
«Dans
la nuit il y a toi. / dans
le jour aussi »
v.45-46
-
C.L
du ressac, du
va
et vient : « naissent
à l’instant du sommeil et disparaissent » v.19 ;
« apparaissent et se fanent et renaissent » v.20-21,
« le
mouvement ténébreux de la mer » v.40
+
poème cyclique (« merveilles » répété + jour / nuit)
→
ça ne s’arrête jamais, la
femme aimée revient sans cesse.
-
Explosion
de l’amour dans
la
comparaison
des
«
feux
d’artifices » d’ailleurs
qualifiés de « charnus » :
cet
adjectif suggère
la chair, donc le désir.
+
« baisers » v.26
et « je baise ta main » v.39
=
désir d’un amour sensuel, réel.
-
Fantasme
de la possession visible
dans la redondance « toi
qui m’appartiens » et « ma volonté de te posséder »
v.32
-
« Toi
que j’attends » : sorte
de rdv
amoureux voué
à l’échec
avec
la présence de l’horloge au v.15
(le
temps passe, elle ne vient pas ?) +
son
[oi] qui martèle la présence de « toi » :
« voix »,
« moi », « parfois »
B.
insaisissable, source de souffrance
-
Polysémie
du terme « espace » dans
le titre « espaces
du sommeil » : les vides, les blancs ?
-
Lexique
de la dissimulation : « cachées dans les fourrés », «
disparaissent », « espionne » = la femme lui échappe
-
Présence
difficilement perceptible : « discrète » v.23,
« s’y
laisser deviner sans y paraître » v.30,
« Toi
qui restes insaisissable
dans la réalité et dans le rêve » v.31
(parallélisme +
le rythme binaire =
insistance)
-
Verbes
« rester » v.31 et « s’obstiner » v.30 au
présent, comme un présent de vérité générale= permanence, pas
de changement, elle reste toujours insaisissable,
-
v.11-12
+ v.20-21
+v.27-28, forte
allitération en [s] et/ou [f] (= des sifflantes) → insaisissable,
comme un souffle
-
Difficulté
à définir cette femme fuyante, ce caractère insaisissable, d’où
contradiction : v.29 « toi sans doute que je ne connais pas,
que je connais au contraire » ou restriction :
« qui n’approche
ton visage du mien que
mes yeux clos » v.33
-
Curieux
changement de personne dans les pronom du v.30 : le poète la
tutoie toujours, excepté ici avec un passage à la 3ème personne :
« s’obstine à s’y laisser » (alors qu’on
attendrait « t’obstines à t’y laisser ») → effet
de distanciation, éloignement de la femme.
-
Répétition
du modalisateur « sans doute » (v.23 et 29), qui rend
incertaine la présence de la femme.
-
Images
de tristesse, de
tourment, qui figurent la
souffrance du poète :
-
la
peur, le fantastique « lumière
blafarde » (oxymore :
joie niée par l’absence de la femme),
« essieux qui grincent », « sinistrement »
v.19 ;
-
la
mort, le délabrement (qui
surgissent d’éléments traditionnellement associés à la
beauté) : « le
flot meurt » (sur
les plages), « des
usines en ruines » (la
corneille vole), « le
bois pourrit » (sous
le soleil ») ;
« assassin », « parcs
en flamme » ; «
des mains qui se serrent sinistrement » (image
de deuil, de cérémonie funèbre?)
-
« ténébreux »,
« éclat de voix » (dispute
?) « soleil de
plomb » (écrasement,
pesanteur ?)
-
Antithèse
du «
tragique » associé à la « grandeur » et au
« charme » : comme si la beauté et l’amour
rendaient l’existence du poète tragique.
C.
Une femme Muse, source de création poétique
-
« Toi
qui es à la base
de mes
rêves » v.38,
or
le rêve chez les Surréalistes est un des gisements de la création
poétique. La femme est donc explicitement la source de la création
poétique.
-
Métaphore
«
toi […]
qui secoues mon esprit
plein de métamorphoses » v.38 :
semble allier deux
puissances créatrices, celle de la femme qui impulse le mouvement
(« secoues »), et celle du poète qui transforme cette
impulsion en créations (« métamorphoses ») → l’union
des deux êtres se fait dans la création poétique.
-
«
toi qu’en dépit d’une rhétorique facile […] » v.35 :
lien
entre « toi » et la parole poétique (« toi »
est la source de la poésie)
-
« toi
l’immolée » v.12 :
connotation
tragique, métaphore
de la
victime, ici, de la femme sacrifiée à la poésie (c’est parce
que l’amour est malheureux, que le poète écrit) ; le
sacrifice de la femme est une condition du poème.
-
L'anaphore
« toi » organise et structure le flux de la parole poétique.
-
« espaces
du sommeil » = espace blancs de
la page, de
l’écriture automatique ?
-
« moi
qui me poursuis ou sans cesse me dépasse » v.11 :
métaphore
de la quête
de soi dans l’écriture du rêve
Anaphore
de “Il y a toi” :
présence
obsédante, qui remplit
tout et se suffit à soi-même : phrase réduite au minimum,
sans aucun complément. Puis « Toi qui » envahit le
poème entre les vers 30
et 38.
Le
contraste entre l’unique « toi » et le foisonnement et
l’immensité de la nature rend ce « toi » encore plus
fort, plus important : elle se distingue du reste du monde, du
pluriel.
A
partir du v.18, le « toi » prend de la consistance, elle
est qualifiée par des adjectifs ou ppes passés : « immolée »
v.18, « belle et discrète » v.23, « insaisissable »
v.31
Elle
est perçue de manière
fragmentaire : « ton visage » v.33,
« ton gant » et « ta main » v.39
Anaphore
lyrique : « Ô belle... » v.23
=
exprime l’admiration, l’amour
Pluriel
de « mes rêves » dans « présente dans mes
rêves » v.30 : elle peuple régulièrement ses rêves.
Les
parallélismes
jour / nuit prouvent que l’obsession ne s’arrête jamais :
parallélisme dans
les
expressions
« dans la réalité et dans le rêve » v.31
et « aussi bien au rêve qu’à la réalité » v.34
+
«Dans
la nuit il y a toi. / dans
le jour aussi »
v.45-46
C.L
du ressac, du
va
et vient : « naissent
à l’instant du sommeil et disparaissent » v.19 ;
« apparaissent et se fanent et renaissent » v.20-21,
« le
mouvement ténébreux de la mer » v.40
+
poème cyclique (« merveilles » répété + jour / nuit)
→
ça ne s’arrête jamais, la
femme aimée revient sans cesse.
Explosion
de l’amour dans
la
comparaison
des
«
feux
d’artifices » d’ailleurs
qualifiés de « charnus » :
cet
adjectif suggère
la chair, donc le désir.
+
« baisers » v.26
et « je baise ta main » v.39
=
désir d’un amour sensuel, réel.
Fantasme
de la possession visible
dans la redondance « toi
qui m’appartiens » et « ma volonté de te posséder »
v.32
« Toi
que j’attends » : sorte
de rdv
amoureux voué
à l’échec
avec
la présence de l’horloge au v.15
(le
temps passe, elle ne vient pas ?) +
son
[oi] qui martèle la présence de « toi » :
« voix »,
« moi », « parfois »
Polysémie
du terme « espace » dans
le titre « espaces
du sommeil » : les vides, les blancs ?
Lexique
de la dissimulation : « cachées dans les fourrés », «
disparaissent », « espionne » = la femme lui échappe
Présence
difficilement perceptible : « discrète » v.23,
« s’y
laisser deviner sans y paraître » v.30,
« Toi
qui restes insaisissable
dans la réalité et dans le rêve » v.31
(parallélisme +
le rythme binaire =
insistance)
Verbes
« rester » v.31 et « s’obstiner » v.30 au
présent, comme un présent de vérité générale= permanence, pas
de changement, elle reste toujours insaisissable,
v.11-12
+ v.20-21
+v.27-28, forte
allitération en [s] et/ou [f] (= des sifflantes) → insaisissable,
comme un souffle
Difficulté
à définir cette femme fuyante, ce caractère insaisissable, d’où
contradiction : v.29 « toi sans doute que je ne connais pas,
que je connais au contraire » ou restriction :
« qui n’approche
ton visage du mien que
mes yeux clos » v.33
Curieux
changement de personne dans les pronom du v.30 : le poète la
tutoie toujours, excepté ici avec un passage à la 3ème personne :
« s’obstine à s’y laisser » (alors qu’on
attendrait « t’obstines à t’y laisser ») → effet
de distanciation, éloignement de la femme.
Répétition
du modalisateur « sans doute » (v.23 et 29), qui rend
incertaine la présence de la femme.
Images
de tristesse, de
tourment, qui figurent la
souffrance du poète :
-
la peur, le fantastique « lumière blafarde » (oxymore : joie niée par l’absence de la femme), « essieux qui grincent », « sinistrement » v.19 ;
-
la mort, le délabrement (qui surgissent d’éléments traditionnellement associés à la beauté) : « le flot meurt » (sur les plages), « des usines en ruines » (la corneille vole), « le bois pourrit » (sous le soleil ») ; « assassin », « parcs en flamme » ; « des mains qui se serrent sinistrement » (image de deuil, de cérémonie funèbre?)
-
« ténébreux », « éclat de voix » (dispute ?) « soleil de plomb » (écrasement, pesanteur ?)
Antithèse
du «
tragique » associé à la « grandeur » et au
« charme » : comme si la beauté et l’amour
rendaient l’existence du poète tragique.
« Toi
qui es à la base
de mes
rêves » v.38,
or
le rêve chez les Surréalistes est un des gisements de la création
poétique. La femme est donc explicitement la source de la création
poétique.
Métaphore
«
toi […]
qui secoues mon esprit
plein de métamorphoses » v.38 :
semble allier deux
puissances créatrices, celle de la femme qui impulse le mouvement
(« secoues »), et celle du poète qui transforme cette
impulsion en créations (« métamorphoses ») → l’union
des deux êtres se fait dans la création poétique.
«
toi qu’en dépit d’une rhétorique facile […] » v.35 :
lien
entre « toi » et la parole poétique (« toi »
est la source de la poésie)
« toi
l’immolée » v.12 :
connotation
tragique, métaphore
de la
victime, ici, de la femme sacrifiée à la poésie (c’est parce
que l’amour est malheureux, que le poète écrit) ; le
sacrifice de la femme est une condition du poème.
L'anaphore
« toi » organise et structure le flux de la parole poétique.
« espaces
du sommeil » = espace blancs de
la page, de
l’écriture automatique ?
« moi
qui me poursuis ou sans cesse me dépasse » v.11 :
métaphore
de la quête
de soi dans l’écriture du rêve
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