I.
Il conserve les élément traditionnels du mythe
A.
Il reprend les personnages et les éléments de l'intrigue
Jocaste, Oedipe, Laïus, Thèbes, Sphinx, Apollon, etc. | Noms propres |
Noms reprenant les lieux
et noms des héros de la tragédie grecque Attention : Laïos devient ici Laïus (ironie ? Un laïus, en Français, désigne un long discours creux) |
Enfance d'Oedipe + épisode de la mort de Laïus + mariage et enfants + mort de Jocaste et mutilation d'Oedipe | Tout ce qui est dévoilé à la fin d'Oedipe-Roi de Sophocle est annoncé dès l'exposition ici → l'intérêt de cette pièce ne réside donc pas dans le suspens lié à l'enquête d'Oedipe, puisqu'on connaît déjà le dénouement. | |
« Et voici », « et voilà... » l.13 et 22 | Présentatifs | Phénomènes d'annonce, prolepses sur le parricide et l'inceste. Fatalité. |
« le nourrisson », « l'enfant », « Jeune homme » l.67« un soir » l.10, « des années s'écoulent », l.23-24 | Indications d'âge et connecteurs temporels | Ecoulement du temps ; toute la vie d'Oedipe est retracée dans ces lignes |
« écharpe rouge », « broche d'or » l.27 et 28 | Nom d'objets proleptiques | Objets esthétiques
détournés de leur utilisation normale : la beauté qui se transforme en laideur. Les couleurs de la royauté et de la mort. |
B.
Il conserve le tragique
« pour », « donc », « au reste », « toujours est-il que », « pour que », « mais » | Connecteurs logiques | Inexorable enchaînement des faits |
l.2 à 6 | Des relations logiques implicites | Tout est déjà écrit, fatalité. |
l.1 à 9 l.10 à 15 l.16 à 22 l.23 à 28 l.29 à 30 |
Structure de la tirade :
- introduction - 1ère transgression - 2ème transgression - châtiment - conclusion et envoi |
Mécanisme du tragique :
tout est organisé jusqu'à la fin inévitable. Suit l'organisation originelle de la tragédie antique. |
« tuera », « épousera », « assassineras », etc. | Verbes au futur dans du texte en italique | Signe de la fatalité, annoncée par l'oracle. La chute est inévitable puisque déjà écrite. |
« ambition » l.20 | Équivalent de l' « hybris », la démesure, à l'origine de la tragédie. | |
« vainqueur » l.19, « roi » l.25, « prospères » l.24 | C.L. de la réussite | Réussite aussi bien publique que privée → la chute n'en sera que plus cruelle. |
« piège » « machine » |
métaphores | Symboles de la tragédie ; engrenage (machine) que rien ne peut arrêter. |
« au pied du mur » l.27 | Syllepse (= à la fois sens propre et sens figuré) | Sens propre : évoque les murs de la cité, qu'Oedipe franchira à la fin, lorsqu'il aura découvert al vérité et s'exilera hors de Thèbes. Sens figuré : évoque la vérité à laquelle il ne peut plus échapper et qu'il doit affronter. |
« lumière est faite » ; « se crève les yeux » l.27 et 28 | Antithèse | La lumière, symbole de la vérité, paraît insupportable à Oedipe. |
« anéantissement mathématique » l.31 | Expression liant un terme évoquant la mort (même si Oedipe ne meurt pas au sens propre, il finira par mourir socialement puisqu'il devra s'exiler) et un terme évoquant la logique implacable. | Aucune échappatoire
possible, c'est « mathématique », donc inexorable. Anéantissement = terme très fort qui insiste sur la mort psychologique plus que physique. |
l.10 à 13 | Phrases juxtaposées, rythme rapide. | La mort de Laïus est rapportée comme un malheureux concours de circonstances ; les faits s'enchaînent avec des relations de causes à effet. |
C.
Il explicite et accentue le rôle des dieux.
« piège »
l.27 « machine » l.30 |
métaphores | Oedipe comme un animal traqué, piégé par les dieux. |
« il importe que leur victime tombe de haut » l.23 | métaphore |
Jeu des dieux ; Oedipe est à la fois coupable et ici,victime. |
« machines » l.30 | Famille de mots (intérêt du radical) | Évoque la machination des dieux → plan des dieux pour piéger Oedipe. |
« machine », « remontée », « ressort », « mathématique » | Métaphore du rouage, de la machinerie. | Caractère inéluctable du destin, fabriqué comme un jouet des dieux. |
« les dieux s'amusent beaucoup » l.23 | Ironie | Oedipe est un jouet ou une marionnette entre les mains de dieux puérils. |
« accusent », « exigent » l.25-26 | Verbes d'autorité | Les dieux commandent les actions d'Oedipe. Absence de liberté de sa part. |
II.
Il réinterprète le mythe de manière moderne
A.
Il utilise un langage moderne
Verbes au présent | Réactualisation ou intemporalité du mythe |
l. 20, parallèle entre Siegried et Oedipe | Comparaison anachronique | Intemporalité du mythe, puisque deux personnages d'époques différentes sont comparés. |
« De quelle nature, cette rencontre ? » l.21 | Syntaxe oralisée : absence de verbe. | Langage parlé, familier. |
« Et voici », « et voilà... » l.13 et 22 | Conjonction « et » qui précède le présentatif = langage parlé (le « et » n'a pas ici sa valeur normale de coordonnant, mais plutôt de conclusion, d'aboutissement) | Langage courant, oralisé. |
« leur tombe du ciel », « remontée à bloc », « au pied du mur », « se trompe d'adresse » | Registre courant, voire familier | Réactualisation du mythe |
« machine », « remontée », « ressort », « mathématique » | lexique technique (pour info, la technique du ressort est relativement moderne : le ressort en spiral a été inventé au XVIIIè siècle) | L'usage d'un lexique technique est peu « noble » au sens du classicisme. Style « bas », bassement matériel. |
B.
Il démystifie les héros
« cet accident » l.15 | litote | Ironie : mort de Laïus comme anecdotique |
Œdipe poursuit son chemin comme si de rien n'était. | Oedipe est vu comme un jeune homme inconséquent, écervelé. | |
« devinette » l.17 | litote | Évoque l'énigme mortelle du Sphinx : atténue le tragique en faisant passer ça pour un simple jeu. |
« toujours est-il que » l.21 | Expression visant à ramener le propos dans le sujet. Marque la fin d'une digression. | Semble traiter la victoire d'Oedipe comme anecdotique : démystifie le héros. |
« le coup se trompe d'adresse et assomme le maître » l.12 ; « Oedipe ne se doute de rien » l.14 ; « il est jeune, enthousiaste » l.15 ; « la curiosité, l'ambition le dévorent » l.20-21 | isotopie de l'inconscience, de la négligence | Oedipe démystifié, comme un jeune homme inconséquent, naïf. |
C.
Il joue avec l'illusion théâtrale
« De quelle nature, cette rencontre ? » l.21 | Question | Pas de réponse, ce qui laisse planer un mystère, qui sera éclairci à l'acte II → acte le plus original de la pièce de Cocteau |
« pour que les dieux s'amusent beaucoup » l.23 | Métaphore ? | Les dieux peuvent représenter le metteur en scène (Cocteau lui-même!) qui s'amuse en réécrivant la tragédie. |
« Regarde, spectateur » l.29 | Injonction (= ordre) à l'impératif | -Introduit la représentation, laisse de côté la narration. |
« machines » l.30 | Famille de mots (intérêt du radical) | Evoque la machinerie du dramaturge : brise l'illusion théâtrale |
« spectateur », 1.29 | Apostrophe au public | Brise l'illusion théâtrale en rappelant au spectateur que ce n'est qu'un spectacle.-Spectateur devient témoin de la tragédie. |
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