L'ennemi
n°1 du commentaire, c'est la paraphrase : elle consiste à
traduire le texte avec ses propres mots, ce qui n'est pas l'objectif
de l'exercice.
La paraphrase | L'interprétation | |
...pourrait commencer par | « L'auteur dit que » | « J'en déduis que » |
Son objectif | Comprendre ce que dit le texte | Analyser ce que le texte ne dit pas explicitement |
Le point de départ | Le sens du texte | Votre ressenti, votre imagination |
Les outils | Du vocabulaire | Des procédés, des connaissances littéraires |
Quelques exemples : Le refus de Madeleine Forestier, p. (Bel-Ami, I, chap.6)
Paraphrase | Interprétation | |
« Mon cher ami » | Madeleine considère que Georges est son ami | Madeleine commence par ménager Duroy |
« Pour moi, un homme amoureux est rayé du nombre des vivants » | Elle ne veut plus jamais voir un homme tombé amoureux. | M. est directe, elle livre sa pensée de manière brutale, assez masculine. |
« ils me sont suspects comme un chien enragé » | Elle compare les amoureux à un animal malade. | Pur elle, l'amour est une maladie qui lui fait peur, voire la dégoûte. |
« je les mets en quarantaine morale » | Elle guérit les hommes amoureux d'elle en ne les voyant plus pendant un certain temps, jusqu'à ce que l'amour les quitte. | Elle poursuit sa comparaison de l'amour avec une maladie, mais une maladie de l'âme, une sorte de folie qu'il faut soigner. |
A vous de continuer : lesquelles de ces phrases sont des interprétations ?
Maupassant, Bel-Ami, partie I, chapitre 6
Racine, Phèdre, récit de la mort d'Hippolyte par Théramène
Maupassant, Bel-Ami, partie I, chapitre 6
« une espèce de… de… de » | M. semble émue. | M. cherche ses mots. |
« je sais bien que chez vous, l'amour... » | M. a bien cerné Duroy, ce qui prouve qu'elle est intelligente. | M. sait parfaitement ce qu'est l'amour pour Duroy. |
« chez vous l'amour n'est autre chose qu'une espèce d'appétit » | M. compare la conception de l'amour de Duroy à la sensation de faim. | M. méprise la conception de l'amour de Duroy, qu'elle réduit à une satisfaction du corps. |
« communion des âmes » | M. a une représentation mystique (religieuse) de l'amour. | M. a une représentation fusionnelle de l'amour. |
« Vous en comprenez la lettre, et moi l'esprit » | Selon M., Duroy conçoit l'aspect physique de l'amour, tandis qu'elle ne s'intéresse qu'à l'aspect psychologique. | M. laisse entendre que leurs conceptions sont incompatibles, car elles se situent à deux niveaux de réalité différents, exactement comme lorsqu'ils écrivent un article : elle a l'idée, lui n'est que la main qui rédige. |
« Elle ne souriait plus. Elle avait un visage calme et froid » | Le visage de M. se durcit. | M. manifeste par son expression du visage le refus de tout sentiment amoureux entre eux. |
« Je ne serai jamais, jamais votre maîtresse ». | M. insiste, dans une déclaration franche et directe. | M. refuse d'avoir une relation amoureuse avec Duroy. |
Racine, Phèdre, récit de la mort d'Hippolyte par Théramène
« indomptable
taureau, dragon impétueux » (chiasme) |
Le monstre ressemble à
la fois à un dragon et à un taureau ; il est furieux. |
Le monstre est d’une
force et d’une sauvagerie inouïes et il est impossible de lui
résister. |
« la terre s’en
émeut, l’air en est infecté » (personnification
/ parallélisme) |
La nature elle-même est
épouvanté par le monstre ; celui-ci est vu comme un mal
(une maladie) qui infecte l’air. |
La présence du monstre
se ressent à la fois sur terre et en l’air (ça sent mauvais).
|
« le flot qui
l’apporta recule, épouvanté »
(personnification) |
La mer se retire après
avoir craché le monstre sur le rivage. |
La mer, elle aussi, a
peur, comme la terre et l’air : les quatre éléments sont
touchés par la terreur. |
« courage
inutile » (oxymore) |
Le courage ne sert à
rien à l’entourage d’Hippolyte devant un tel monstre |
Ironie à l’égard de
l’entourage d’Hippolyte qui fuit lâchement. |
« le ciel […]
m’arrache une innocente vie » (métaphore) |
Les dieux le font mourir
alors qu’il est innocent. |
Les dieux sont violents
et injustes. |
« une montagne
humide » (métaphore ) |
Le monstre, qui sort de
l’eau, ressemble à une montagne. |
Le monstre paraît
immense. |
« triste objet »
(métaphore) |
Théramène éprouve de
la compassion pour Hippolyte qui n’a été qu’une marionnette
pour les dieux.
|
Hippolyte est triste, il
n’est plus qu’un objet inerte dans les bras de Théramène |
Extrait du poème de Claude Roy, "Jamais je ne pourrai" (Jamais, jamais je ne pourrai dormir tranquille...") : lesquelles des affirmations suivantes sont des interprétations (1 réponse par citation)?
1) « Jamais
jamais je ne pourrai dormir tranquille aussi longtemps que d’autres
n’ont pas le sommeil et l’abri » :
- la répétition de
« jamais » prouve la colère du poète.
- il parle ici des
soldats de guerre qui dorment peu et ne sont pas toujours abrités.
- à cause de cette
guerre il est presque impossible pour lui de vivre ou bien même de
dormir en pendant qu’à n’importe quel moment des personnes
peuvent se faire tuer sans raison quelconque.
2) « …
d’autres meurent qui ne savent pas pourquoi » :
- de nombreuses
personnes sont tuées sans explication
- « ne savent
pas pourquoi » forme négative qui prouve que cette guerre n’a
pas vraiment de raison.
- « Meurent
qui ne savent pas pourquoi » est en rejet, comme pour accentuer
l’absurdité de la guerre, à l’image de l’absurdité de ce
vers désarticulé.
3) « Vous êtes
déjà là » :
- Le poète s’étonne
que les ennemis soient arrivés aussi vite sur le champ de bataille.
- Métaphore
montrant le poète comme un lieu ouvert à tous : les adverbes
de lieu « là » et « y » seraient comme des
abris qui font tant défaut aux hommes en souffrance.
4) « J’ai
mal au cœur »
- c’est à prendre
au sens figuré : le poète est triste de cette situation et
peut-être même sous le choc.
- l’emploi du
« je » après le pluriel de « d’autres »
montre que le poète souffre pour l’ensemble des hommes.
5) « Le poète
dit J’y suis pour tout le monde »
- Roy annonce la
fonction du poète selon lui : porter la voix du peuple.
- cela démontre que
le poète s’investit, il est présent pour tous les hommes.
6) « Pour
ceux qui pleurent parce que s’ils ont des yeux eh bien c’est pour
pleurer » :
- on peut penser que
le poète a du regret pour les familles des victimes et que ceux qui
sont toujours vivants n’ont que leurs yeux pour pleurer leurs
proches.
- absurdité de
l’explication qui rappelle l’absurdité de la guerre.
- les conséquences
de la guerre sont terribles pour les familles qui ont perdu un
proche.
7) « qui vous
frappe me frappe » :
- à chaque fois
qu’un allié reçoit un coup ou une balle, le soldat représenté
par le poète la ressent.
- parallélisme de
construction dans lequel le poète incarne le « vous » de
l’humanité.
8) « Il ne
s’agit plus de comprendre le monde, il faut le transformer » :
- le poète change
de vision sur la vie.
- le poète veut
agir pour rendre le monde meilleur.
- Roy veut faire
passer comme message que désormais il faut avancer.
- Il s’agit d’une
sorte de morale au présent de vérité générale, qui montre que la
poésie n’est pas que des mots vains.
9) « En
t’aimant j’ouvre grand les portes de la vie »
- « Les portes
de la vie » font référence au vers 8 « Ne frappez pas
avant d’entrer », on peut alors comprendre que c’est grâce
à l’amour d’une femme que le poète est capable de donner de
l’amour à tous les hommes.
- s’il fait
confiance à quelqu’un il peut ouvrir les portes de la vie
c’est-à-dire se protéger entre eux.
10) « la main
de tous les hommes » :
- cette métaphore
prouve que la main que le poète tient représente la main de tous
les hommes.
- Le poète est ami
avec tous les hommes
- La main de la
femme devient celle de tous les hommes, montrant que c’est l’amour
de cette femme qui le fait devenir sensible à l’humanité.
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