Un
incipit est le début d'un roman. Il vient du latin
incipio :
« commencer ».
Il
a une longueur variable (quelques phrases à plusieurs pages)
LES FONCTIONS DE L'INCIPIT TRADITIONNEL
L'incipit
traditionnel répond aux questions où ? quand ? qui ? quoi ? comment ?
-
Il détermine le cadre spatio-temporel (où et quand ?)
-
Il présente le ou les personnages principaux : identité, fonction sociale, liens entre eux, portrait physique (qui ?)
-
Il aborde certains thèmes à venir (quoi ?)
- Il renseigne sur le registre dominant et/ou sur le sous-genre du roman (policier, science-fiction, historique, etc.) (comment ?)
Il débute donc traditionnellement par une description (celle du lieu ou d'un personnage par exemple).
Les romans du XIXème siècle commencent souvent de manière traditionnelle. Voir, par exemple :
- le très long incipit du Père Goriot de Balzac (description du lieu),
- celui du livre I des Misérable de Hugo (description d'un personnage),
- celui de Le Rouge et le noir de Stendhal (description du lieu et d'un personnage)
MAIS FRÉQUEMMENT, L'INCIPIT N'OBÉIT PAS A CE MODÈLE
Il convient alors d'étudier les écarts par rapport à la tradition.
Quelques exemples d'incipit originaux (du plus fréquent au plus rare) :
-
L'incipit
in
medias res
(du latin « au milieu de la chose »). Il
débute dans le vif du sujet, alors que l’action
ou
un dialogue semble avoir déjà commencé.
Ex)
Mauriac, Le
Sagouin (1951)
:
« Monte
à ta chambre. Que je ne te voie plus jusqu'au dîner ».
L'enfant porta la main à sa joue comme s'il avait eu la mâchoire
brisée.
-
L'incipit qui ne permet pas d'identifier la situation d'énonciation :
on ne sait ni qui parle, ni où, ni quand.
Ex)
Albert
Camus, L'Étranger (1942) : Aujourd’hui,
Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
- L'incipit qui résume en quelques mots un passé long
Ex)
Vivant Denon, Point
de lendemain »,
(1777) : J'aimais
éperdument la comtesse de *** ; j'avais vingt ans, et j'étais
ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais
ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna ;
et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé,
mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux aimé, partant le
plus heureux des hommes.
- L'incipit qui pose plus de questions qu'il n'apporte d'éléments de réponse.
- L'incipit qui pose plus de questions qu'il n'apporte d'éléments de réponse.
Ex) Diderot, Jacques le Fataliste (1773) : Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va?
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