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La préface
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Les deux objectifs principaux du recueil : donner un visage aux morts anonymes (leur rendre hommage) et empêcher l’oubli.
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Tahar Ben Jelloun reproche aux « puissants » de « se laver les mains » des conséquences de la guerre, c’est-à-dire de s’en déresponsabiliser.
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Dans ce poème, il prend la parole pour « les ensevelis, les écorchés, les pendus, les jetés dans la fosse commune » (l.38).
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Il reproche aux hommes à galons et à médaille (aux décideurs militaires, donc) de prévoir les guerres sans penser à l’humain, sans prendre en compte les hommes.
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Il compare sa poésie à une prière.
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Un poème
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« Verset » : division d’un livre sacré, dont la longueur varie entre une et deux ou trois lignes ; Les vers de ce poème ressemblent à des versets car ils ne sont pas vraiment en prose, mais pas vraiment en vers non plus. Ils dépassent rarement 2 lignes (à l’exception de la partie sur Moha) ; Ben Jelloun a choisi cette forme car ce recueil se veut, entre autres, une prière pour les morts.
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Séries d’anaphores, exemples : « Ce corps qui fut » p.2-3 ; « Qui… » p.6 ; « Je suis » et « j’aime » p.7 ; « Je suis » p.9 ; « Une vie », p.10 ; « Quand » p.10, etc… Ces anaphores servent à faire comme une litanie, une prière, une chanson pour qu’on n’oublie pas.
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L’expression « ce corps qui fut un corps » est reprise à la fin du poème, cela crée un effet de circularité, mais dans un sens positif, comme vers une évolution, un avenir apaisé par les mots.
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Exemples d’expressions à six syllabes (ou multiples) :
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Exemple de métaphore p.8 : « On a couvert deux villages d’une moustiquaire de mort » (massacre de Halabja et Hanap, aucune échappatoire possible pour les habitants pris comme des moustiques qu’il faut écraser) ; Comparaison : « sourires suspendus comme un rêve pris en photo » (la joie de ces habitants fait désormais partie d’un passé tellement difficile à imaginer qu’on se demande si on ne l’a pas rêvé) ; Personnification : «Le soleil regarde » (impuissance de ce dieu désabusé par la folie des hommes ?).
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Enterrer les morts
11) Réalisme : énumération p.3 « juste un matelas
lacéré, une casserole, un pain rassis… » ;
Pathétique : « une mère a retiré sa robe et en a
fait un linceul pour l’enfant éteint » p.10; Fantastique :
prise de parole des « voix » des morts ; Lyrisme :
multiples citations possibles, par exemple : prise de parole du
petit cordonnier p.7 ; Tragique : ex. p.7 : de
« Pourquoi notre histoire est-elle semée de défaites ? »
à « ce bol de cendres mêlées » ou aussi p.9, le début
du mouvement sur Moha.
12) Le titre du poème « La remontée des cendres »
s’explique par le fait que Tahar Ben Jelloun tente de déterrer les
morts pour leur offrir une sépulture plus digne, leur donner un nom,
un recueil à leur mémoire. Les cendres désignent la vie brûlée
et définitivement oubliée des morts anonymes. Le poète tente de
leur donner une mémoire, pour que l’oubli ne les ensevelisse pas à
jamais.
Mouvement 1 : « Ce corps qui fut... »
(p.2-4)
13) La brutalité de l’ensevelissement est montrée par les mots
« une pelle » et « un sac en plastique » qui
ôtent toute humanité et toute sacralité à l’enterrement.
14) Le mot « visage » est répété cinq fois pour
redonner une identité et une humanité aux morts anonymes.
15) La cendre symbolise la vie passée, brûlée, anéantie, sans
lieu de mémoire possible.
Mouvement 2 : Les voix (p.4-8)
16) Ces voix sont les voix des morts, elles proviennent de tous
endroits : un puits, un champ, une fosse…, des lieux oubliés
et difficile d’accès.
17) Il y a gradation dans l’horreur de la 1ère à la
3ème voix, car au départ, il n’y a pas vraiment de description du
corps, il y a l’évocation d’un « squelette » de
ville ; la 2ème voix évoque au corps gonflé et
sans yeux ; la 3ème voix parle d’un sac contenant
des membres séparés, des bouts de corps…
18) La dernière voix est celle d’un cordonnier qui aimait les
plaisirs simples de la vie (chansons d’amour, miel, huile d’olive,
etc.). Il nous ressemble, et pourrait être notre père, notre
grand-père, ou nous-mêmes.
Mouvement 3 : Moha
(p.
9
à 13)
19) « Mes frères » s’adresse aux tueurs, puis à ceux
qui sont restés « endormis », c’est-à-dire complices
du massacre par leur passivité, et enfin aux « fossoyeurs »,
ceux qui ont enterré les corps à la va-vite, sans considération
pour eux. Cette expression rappelle pourtant que nous sommes tous
frères, que nous nous devons les uns aux autres.
20) Les « peuples » qui ont « connu l’exil »
fait référence notamment aux Juifs (dispersion des Juif en 70, lors
de la destruction du Temple de Jérusalem). C’est important pour
bien montrer que quelque soit le peuple concerné, l’exil est une
souffrance digne de compassion.
21) La différence majeure entre les occidentaux (« ils »)
et « nous », réside en ce que les occidentaux, eux, ont
compté et nommé leurs morts. Ils en connaissent le chiffre exact et
l’identité précise. Les Irakiens, eux, ignorent absolument le
nombre de morts et l’identité des victimes.
Mouvement 4 : "Ce
corps qui fut un corps" (p.13)
22) Les morts anonymes retrouvent leur dignité à la fin du poème
car ils marchent, « l’homme se relève ». Ils ont
désormais un visage, une parole (la poésie).
23) Une note d’espoir apparaît en fin de poème, avec l’image de
la « lumière » qui guide l’homme en marche. Cet homme
« croit à l’âme, à la pensée et aux choses », il
voit, et surtout, il écrit « au-delà de tous les silence ».
Cet homme, c’est peut-être le poète.
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