I.
Un
éloge de la chevelure
A. Un
poème à la femme aimée
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pronom personnel « tu « et déterminants possessifs « tes », « ta » => intimité avec le locuteur puisque tutoiement
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impératif « laisse-moi » répété en strophe 1 et 7 => supplique à la femme aimée
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termes indiquant une proximité amoureuse : le poète veut plonger son visage dans les cheveux de la femme, « caresses » l.15, « mordre » et « mordille » dans la dernière strophe, références au « divan » et à la « chambre » l.16 qui renvoient au lieu de l'amour ; la « nuit » et les « langueurs » inspirés par les cheveux suggèrent également une nuit amoureuse.
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Multiples occurrences de « cheveux », dans les 3 premières strophes puis à la fin du poème. Terme remplacé par « chevelure » dans les strophes » 4, 5 et 6, puis par « tresses » dans la dernière strophe => au total, la chevelure est évoquée à 10 reprises, la femme aimée n'apparaît qu'à travers elle, comme si elle se résumait à elle.
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Description de cette chevelure : « tresses » + « lourdes et noires » l.22 + toute l'évocation exotique => on pense à la chevelure de Jeanne Duval, la maîtresse métisse de Baudelaire.
B. Eloge
d'une chevelure-monde
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le titre du poème est significatif : la chevelure contient un hémisphère, c'est-à-dire une partie du monde.
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L'expression « dans tes cheveux », ligne 5 est reprise par l'anaphore de « Dans […] de tes cheveux », qui débute les strophes 4, 5 et 6 => la chevelure est un contenant (un continent?). Idée confirmée par le verbe « contiennent », répété à deux reprises, l. 7.
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Répétition à trois reprises de l'expression « tout ce que », l. 4 et 5 + « tout » l.7 + « toutes » x3 l. 12 + « plein de » l.7 + « grandes » l.8 => ensemble de pronoms globalisants, de déterminants et d'adjectifs hyperboliques signifiant l'immensité de cette chevelure.
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Métaphore assimilant la chevelure à un « océan » l.11, à des « rivages » l.20 ; images encore de cette immensité par les « grandes mers » l.8 ou le « ciel immense » l.13 contenus dans les cheveux.
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Accumulation de COD énumérant le contenu de la chevelure : « voilures », « mâts », « mers », « ports »...
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Ces COD projettent eux-mêmes dans un autre espace plein, par l'intermédiaire de compléments variés : subordonnées relatives (« dont les moussons... » l.8, « où l'espace... » et « où l'atmosphère » l.9), Compléments d'objet ou d'attribution (« de chants... d'hommes... de navires » l.11 et 12) et compléments circonstanciels de lieu (« sur un divan », « dans la chambre », « entre les pots de fleurs » l.16 et 17.
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Les strophes 3 à 6 sont à chaque fois composées d'une seule phrase, longue, qui déroule tout le contenu de la chevelure.
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Présence des quatre éléments dans cette chevelure : l'eau bien sûr (champ lexical de la mer et de l'eau), l'air (l.3 ou la référence aux parfums), la terre (plus ténu, mais visible à travers « les fruits », « les feuilles », « les pots de fleurs »), le feu (« l'ardent foyer » l.18) => une chevelure qui contient les éléments primitifs du monde.
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Union des contraires dans cette chevelure-monde : une chevelure-eau et une chevelure-feu ; antithèse nuit et lumière ligne 19 : une chevelure de « nuit » mais qui laisse « resplendir [...]l'azur » ;
II.
Qui
permet de voyager à travers le monde
A. Le
voyage par le parfum
Ce
qui permet prioritairement le voyage, c'est l'odeur de cette
chevelure :
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Champ lexical de l'odeur : « respirer » et « odeur » l.1, « mouchoir odorant » l.2, « je sens » l.4, « parfum » l.5, parfumée » l.9, « je respire » l.18, « odeurs » l.21
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Métaphore « mon âme voyage sur le parfum » l.5 => le parfum comme un moyen de transport, d'évasion.
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L'odeur est le premier des sens qui est évoqué dans ce poème l.1, il est celui par lequel tout surgit. Il est également le dernier évoqué, dans l'avant-dernière la strophe : il est celui vers lequel tout tend.
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Les odeurs évoqués sont « mêlé[es] » l.18, « combinées » l.20 et multiples : accumulation de parfums l. 9 et 10, puis l.18 à 21 : « fruits », « feuilles », « peau humaine », puis « tabac », « opium », « sucre », et « goudron », « musc », « huile de coco » (noter : trois groupes de trois parfums).(Surprise de ces accumulations : à chaque fois, le dernier terme est comme un intrus dans la liste : « fruits » et « feuilles » (allitération en [f] + même champ lexical) ; « tabac » et « opium » (deux composantes des paradis artificiels) ; « goudron » et « musc » (odeurs masculines, très fortes, boisées), ce qui laisse de côté « peau humaine », « sucre » et « huile de coco » = odeurs féminines ? Odeur de la peau de la femme aimée ? )
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Cette odeur apporte l'ivresse : odeurs de tabac et d'opium l.18 puis « je m'enivre » l.20
B. Vers
un univers paradisiaque et exotique
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Deux références au voyage: « voyage » l.5, « me portent vers » l. 8
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Voyage prolongé par le champ lexical de la mer : « mers » l.8, « océan » l.11, « rivages » l.20 ; et du port « voilures et matures » l.7,« port » l.11 et 17, « navires » l.12,
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Voyage ayant pour destination des contrées lointaines : Champ lexical de l'exotisme (à travers le climat, les produits, les pays) : « toutes nations » l.12, « charmants climats » l.8, « mousson » l.8, « chaleur » l.14, « tropical » l.19, « opium » l.18, « huile de coco » l.21, « sucre » l. 18
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Des références au farniente : « langueurs », « longues heures » « passées sur un divan » avec le confort : « gargoulettes rafraîchissantes »
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Et la beauté des lieux : l'espace est «plus bleu » et « plus profond », l.9, les navires ont des « architecture fines » l.13, le navire est « beau » l.16, il y a des « fleurs », l'azur « resplendi[t] » l.19
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Plénitude des sens : les 5 sens sont présents : on a vu l'odorat + ouïe (« j'entends »), le toucher (« les caresses »), la vue (« le vois ») et le goût (« sucre », « mordre ») => pays de cocagne, qui satisfait tous les sens.
III.
Et
offre surtout un voyage intérieur
A. Un
voyage au cœur du rêve, des souvenirs, de l'idéal
Ce
voyage est imaginaire et spirituel :
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il est composé de souvenirs : « des souvenirs » l.3 et 23 (ce qui ouvre et clôt le poème) et « je retrouve » l.15
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il est du domaine du rêve : «tout un rêve » l.7
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il fait surgir des visions : « je vois » l.4 et 19, « j'entrevois » l.11.
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Le poète précise que c'est son « âme » qui voyage l.5
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la métaphore « je mange des souvenirs » l.23 => les souvenirs comme nourriture spirituelle
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nombreuses images permettant de passer de la réalité du présent (le chevelure de la femme aimée, son odeur) à des images évoquant le paradis : métaphores qui transposent le présent dans un océan, (« plonger » dans les cheveux l.1, « océan » de la chevelure l.11), un feu (« ardent foyer »), une « nuit »...
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idée d'infini, d'ouverture : « ciel immense » et chaleur « éternelle » l.13 + « infini » l.9 => comme si ce voyage donnait accès à l'univers entier, par l'harmonie homme / nature.
B. Un
bercement poétique
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ce texte est à lire comme une berceuse : champ lexical du bercement : « roulis » l.16, « bercées » l.16, mais aussi « plonger » l.1, « agiter » l.2, « secouer » l.3, « fourmillent » l.11
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l. 16 et suivantes, allitérations en [r] => intensifie le roulis, puis en [b] et [p] (des labiales puisqu'elles se prononcent avec les lèvres) => comme le bercement.
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Références à la musique : comparaison parfum / musique l.5 et 6 + « tout ce que j'entends « l.4 + « chants mélancoliques » l.11, accompagnés par l'assonance en [an] l. 11 et l'allitération en [m] comme le murmure de la musique.
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De nombreux échos dans ce poème :
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« laisse-moi » strophe 1 // « laisse-moi » strophe 7 ;
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« longtemps » x2 strophe 1 // « longtemps » strophe 7 ;
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« dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois » → « dans les caresses de ta chevelure, je retrouve » → « dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire »
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Echos de sonorités : « voilures » et « mâtures » l. 7 puis « chevelure » et « azur » l. 19, « chaleur », « langueurs », « heures », « fleurs », « odeurs » l.14 à 18
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Rythme ternaire très fréquent, par exemple :
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« tout ce que je vois... tout ce que je sens … tout ce que j'entends » l. 4-5 ;
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« un port fourmillant de chants..., d'hommes... et de navires... » ;
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« dans l'ardent foyer... je respire... ; dans la nuit... je vois... ; sur les rivages... je m'enivre »
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etc.
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Un poème tout en circularité : la 1ère strophe renvoie à la dernière (souvenirs // souvenirs) ; l' « hémisphère » suggère le cercle, la fin est est recommencement sans fin.
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