samedi 24 octobre 2015

Fortune des Rougon, L.A n°3

 Par ???
Introduction :

 
I- Eros et Thanatos (Amour et Mort)
  1. La vision progressive de Tante Dide
  2. Le topos (motif fréquent en littérature) de l’amour pur
  3. Le poids de la tragédie
II- Le symbole de la porte
  1. Le temps qui se répète
  2. Un espace sacralisé
  3. L’hérédité, la transmission

Citations
Procédés
Interprétations
Les pensées d'Adélaïde
« douceur mortelle »
Oxymore


« bonheur qui irrite la mort »
Allégorie de la mort


« enfants amoureux, enfants soignants »
Antithèse


« prend garde, on en meurt »
Impératif
Mise en garde contre l’amour qui provoque l’amour »


C.L regard
Focalisation interne de Dide
Macquart / Adélaïde
« recommençant, futures »
C.L temps


L.10
Parallélisme


« éternel recommencement »
Hyperbole


« maintenant, jadis »
Connecteurs temporels
Confrontation passé/présent
Silvère / Miette
« elle pleure son cher Silvère »
Passé simple
Les temps sont mélangés pour Tante Dide
L.10
Plus que parfait/imparfait
Idem
Tnate Dide culpabilise d'avoir créé la porte
« complice »
Répétition (x3)


« maudite porte »
Lexique fort/sacralisation
Montre à quel point la porte provoque malheur
« mort, fuir, coupable »
C.L enquête/meurtre


« maudite, porte »
C.L mal


« ferme la porte »


Tante Dide essaie de conjurer le sort
« jette la clé dans le puit »


Se débarrasse du seul objet compromettant
« escargots avaient pleuré des larmes d’argent »
Métaphore poétique


Miette et Silvère
« prend le jeune homme par la main »


Infantilisation de Silvère
« amoureux, extase »
C.L amour


« jeune, garçon »
C.L enfance
Pureté
« claire, limpide, blanche »
C.L lumière
Pureté, innocence
« joie, heureuse »
C.L bonheur




Ouverture : 

Pour une L.A plus détaillée : 
 
I. Eros et Thanatos

A. La vision progressive de Tante Dide
-Focalisation interne : on voit tout à travers le regard de Tante Dide
-Très peu de paroles, beaucoup de silences : mise en relief du regard et des pensées.
-Nombreux verbes de perception qui scandent le texte : « elle aperçut » l.3, « la vue des deux enfants » l.3-4, « son regard » l.4 « Tante Dide ne vit » l.12, « la voir », l.32, « reportant ses yeux » l.39, « elle revint l'examiner » l.38, « voir » l.49.
-Un regard qui construit l'organisation de l'extrait : d'abord elle voit la porte ouverte (l.1-2) ; puis elle voit Miette et Silvère l.3-4 ; elle voit son passé et le futur de Miette et Silvère (l.7 à 15) ; elle regarde alternativement Miette l.28, puis Silvère l.37-38 ; elle regarde enfin la porte fermée l.48.
-Tante Dide est le sujet de nombreux verbes, c'est elle qui agit, qui voit, qui impulse le mouvement.
-Elle a une vision prémonitoire : la mort de Miette et Silvère.

B. Daphnis et Chloé ou Paul et Virginie : le motif de l'amour pur
-des personnages enfants : « enfant » x3 et Adélaïde trouve Miette « bien jeune » l.34
-amoureux : « amour », « amoureux » + attitude de Silvère : « aux pieds d'une fille » l.20, « qui avait suivi avec extase la course de l'enfant » l.38-39
-décor bucolique : « ce coin perdu » l.20, « sa cruche » l.29, « le chaume » l.29, « le champ » l.32,
-comparaison de Miette avec « une chèvre échappée » l.32-33 (dans Daphnis et Chloé, les deux enfants sont d'abord allaités par une chèvre puis ils gardent des chèvres) = liberté et insouciance.
-CL de la lumière (symbole de pureté) : « la claire matinée » l.8, « soleil lipide » l.39, « trouée blanche » l.50
-CL du bonheur : « joies présentes » l.11-12, « un bonheur » l.21, « heureuse » l.30, « sourire » l.31
-CL de l'insouciance : « jaser au pied du mur » l.25, « pas léger de Miette » l.28, « se griser » l.21

C. Le poids de la tragédie
-une série d'oppositions : antithèse : « ses joies présentes et ses larmes futures » l.11-12, oxymore : « douceurs mortelles » l.26 ; les « deux enfants amoureux » l.4 ont en échos les « deux enfants saignants » l.14
-des images frappantes : le pressentiment de Tante Dide : une image d'horreur : « les deux enfants saignants, frappés au coeur » l.14-15 ; allégorie du « bonheur qui irrite la morte et la rend jalouse » l.21-22 ;
-motif des larmes et des pleurs : les larmes l.12, elle pleura l.17, pleurer l.37, pleurer l.54
-la course de Miette, symbole de la brièveté de sa vie : « s'était hâtée », « courait follement », « fuir », « la course de l'enfant ».
-la remarque étrange de Tante Dide, qui commente cette course : « elle a le temps » : elle semble assimiler la course de Miette à la mort.
-métaphore de « la tombe » pour désigner la porte l. 50.


II. Le symbole de la porte

A. Un temps qui se répète
-effet miroir : « la vue des deux enfants amoureux qui attendaient son regard »  
-« c'était l'éternel recommencement » l.11 + « une seconde fois » l.9
-Parallélisme avec changement de temps : « Par où l'amour avait passé, l'amour passait de nouveau »
-opposition présent/ futur l.12 (« joies présentes et larmes futures »)
-confrontation passé/ présent : maintenant l.6, jadis l.18
-mélange passé/ futur : dans la même phrase : « souvenir » puis « pleura son cher Silvère » l.15 et 17
-identification entre « elle et Macquart » et « Miette et Silvère »

B. Un espace sacralisé
-la porte est « maudite » l.1 → littéralement, une malédiction a été lancée contre elle, avec idée implicite que quiconque l'ouvrira sera puni.
-D'ailleurs, mise en garde de Tante Dide dans une tournure très elliptique : « on en meurt » → comme un aphorisme (présent de vérité général + « on » gnostique)… mais que représente ce « en » ? L'amour ? La transgression de la porte ?
-la porte est « violée » l.2-3 : implicite sacré (viol = transgression, souillure d'un lieu sacré)
-culpabilité de tous les personnages, comme s'ils avaient transgressé un interdit : Miette et Silvère sont « confus, la tête baissée » l.5, Tante Dide se sent « coupable » l.17, Miette est heureuse « d'en être quitte à si bon marché » l.30-31
-lexique de la faute : la porte est « complice », puis c'est Tante Dide l.26, et enfin les deux ensemble l.48 (« la porte ne la rendrait plus complice »)
-Tante Dide répare la faute en fermant la porte « à double tour » l.46, puis elle conjure le sort en jetant « la clé dans la puits », comme si elle pouvait suspendre le temps, enrayer la punition.

C. La transmission, l'hérédité
Cette porte est une brèche (« une trouée ») dans la muraille, elle représente symboliquement la « lésion organique » de Tante Dide, qui se transmettra à tous ses descendants.
-L'ouverture de la brèche a une influence physiologique sur Tante Dide : lexique de la mise en mouvement : « toute secouée » l.15, « ce lieu venait de réveiller » l.16, « remua » l.43
-la porte ouverte est un passage : « avait passé », « passait de nouveau » l.10 (passage de l'hérédité)
-au contraire, la porte fermée correspond au désir de conjurer le poids de l'hérédité  : « immuable » l.50, « à jamais bouchée » l.51
- D'ailleurs, cette conjuration est visible dans un autre flux, celui de la parole : la métaphore « elle s'était fait une religion du silence » : montre que Tante Dide vit le silence comme un acte de rachat de sa faute initiale.
-lexique du silence : « au bout d'un silence », « sans dire un mot », mais c'est la présence de Miette « une fille » qui ne fait pas partie de la famille, qui libère brièvement sa parole (au discours direct) comme si Miette ne pouvait pas être atteinte par le poison que constitue Tante Dide.
-Tante Dide s'adresse également à Silvère, mais c'est, de fait, une parole mortifère.
-Une fois que la porte est refermée, elle retourne au silence : « ce furent les seules paroles qu'elle prononça » l.42.

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