vendredi 11 septembre 2015

L'évolution du personnage romanesque

L'évolution du personnage romanesque


Voici une brève capsule récapitulant l'histoire du personnage de roman :




Au cours de l'Histoire, la conception du roman et de ses personnage a évolué. N’apparaissent ici que les principales évolutions.

Le roman
Le personnage de roman
Antiquité

Il n'existait pas de roman, mais des récit en vers appelés des épopées, qui narrent les combats légendaires et les aventures extraordinaires de personnages héroïques.
Le personnage est un héros

Il est doté de qualités exceptionnelles (physique et/ou mentales).
Ex :

Moyen-Age
Le terme « roman » vient du nom d’une langue, la langue romane, employée au nord de la France au Moyen-Age. Cette langue s’oppose au Latin, utilisé dans les documents officiels ou sacrés.
Les romans en prose apparaissent au XIIIème siècle et coexistent avec les romans en vers.
La chanson de geste (dans la continuité de l’épopée).
Le romans courtois (exploits chevaleresques du héros afin de plaire à la dame aimée).
Le roman satirique (parodie des genres nobles, du roman épique et courtois, c’est un genre provocateur et grivois).
Les personnages sont des héros et des modèles

Ils incarnent des valeurs chevaleresques telles que le courage, la foi en Dieu, la fierté, la fidélité à sa parole... Ils donnent l'exemple, incarnent le Bien qui combat le Mal.
Ex :

Dans le roman satirique, le personnage est issu de la classe populaire, il pense à assouvir ses plaisirs immédiats (manger, boire, dormir, s’enrichir) et est prêt à toutes les bassesses pour cela.
Ex :

XVIème siècle  
Naissance du roman moderne, en prose et en Français moderne.
Le roman devient plus réaliste, il relate des aventures, parodie les romans de chevalerie.

Le personnage devient un peu plus réaliste

Héritier des personnages du roman satirique, il est plus proche du lecteur, ils montre les travers de la société à travers des défauts humains.
Ex :

XVIIème siècle
Le roman pastoral et précieux : dans un cadre champêtre, des personnages parlent d’amour et analysent leurs sentiments. C’est la naissance du roman psychologique.

Le roman classique : se déroule généralement dans un milieu noble, et sert de modèle de comportement moral

(et toujours le roman satirique qui parodie des romans sérieux)


Le personnage devient un individu, un être unique, qui analyse ses émotions et sa psychologie

Le personnage précieux : les aventures amoureuses des personnages s’accompagnent d’analyses morales et sentimentales, révélatrices des valeurs de la société.
Ex :

Le héros (ou l’héroïne) vertueux : élégant et raffiné, il appartient à l’aristocratie et est un modèle de vertu. Il incarne le modèle de « l’honnête homme » .
Ex :

XVIIIème siècle
Le roman libertin : il est provocateur et transgresse les valeurs morales de la société, souvent dans le but de faire réagir le lectorat et d’inciter à la vertu.

Le roman réaliste poursuit l’analyse psychologique, chez des individus qui présentent des qualités et des défauts et qui racontent leur difficile existence.


Le roman philosophique n'a aucun souci de réalisme mais propose des réflexions sur des sujets sensibles comme la justice, l’esclavage, l’égalité, la religion...
Le personnage-individu se complexifie

Le personnage libertin : libéré des règles morales ; peut se montrer cynique ; incarne les travers d’une aristocratie corrompue.
Ex :

Le personnage narrateur : fausse autobiographie dans laquelle c’est le personnage qui raconte sa propre histoire, soit dans un journal intime, soit dans des propos recueillis par un ami.
Ex :

Le personnage philosophe : il construit un regard critique sur le monde et permet au lecteur de prendre des distances avec ses préjugés.
Ex :


XIXème siècle
Age d’or du roman

Le romantisme
Le roman n’est pas le genre favori des romantiques mais l’esprit du siècle (mélancolique, centré sur le Moi et les sentiments intimes) se retrouve dans certains personnages. Le suicide à cause d’un amour impossible, termine souvent ce type de roman.



Le réalisme et le naturalisme :

roman réaliste : représentation la plus fidèle possible du réel, des classes sociales, des métiers...

roman naturaliste : volonté d’étudier de façon scientifique la société, le poids de l’hérédité sur les individus.
Le personnage est un individu représentatif de sa classe sociale

Le personnage romantique : jeune, amoureux, mélancolique ; fait partager au lecteur son émotion devant les beautés de la nature, ainsi que son désespoir de voir son « moi » incompris. Il est passionné et tourmenté.
Ex :

(Certains personnages romantiques conservent une dimension héroïque : ils ont de nombreuses qualités physiques et morales au service des valeurs qu’ils incarnent ou des causes qu’ils défendent
Ex : ).

Le personnage réaliste : Les personnages conservent leur psychologie individuelle, mais ils sont également représentatifs d'un milieu social (paysans, bourgeois, nobles, etc.). De cette manière, le romancier analyse non seulement leur caractère, mais également le fonctionnement de la société. Les personnages sont mis en scène dans les moments les plus banals de la réalité (repas, coucher…).
Ex :

Le personnage naturaliste dominé par son instinct et victime de son hérédité (Zola) ; inquiétant car il est souvent incapable de changer son destin.
Ex :


XXème et XXIème siècles


L’Absurde :

Mouvement issu du traumatisme de la 2nde GM, qui illustre le désarroi de l’homme face à un monde qu’il ne comprend plus, voire un monde déshumanisé. Le personnage, perdu, déraciné, en quête identitaire, se débat dans un univers qui n’a plus de sens.



Le Nouveau Roman, un roman en crise :

De minutieuses descriptions hyperréalistes envahissent les pages au détriment de l’intrigue qui disparaît, et du personnage, souvent réduit à une lettre.



Vers la déconstruction du personnage ?

Le héros engagé : pour défendre des causes, certains auteurs vont inventer des personnages qui incarnent leurs idéaux. ils peuvent combattre au côté des républicains, incarner la solidarité ou la fraternité.
Ex :

Le personnage du Nouveau Roman : Le personnage semble de plus en plus difficile à cerner, donc à caractériser. Les auteurs n'analysent plus leurs sentiments, ils ne livrent plus les clés aux lecteurs. Les personnages ne sont plus décrits, ni psychologiquement, ni physiquement. Ils agissent, et c'est au lecteur de construire leur identité par rapport à leurs actes.
Ex :

L’Anti-héros : personnage désengagé et désabusé dans un monde désenchanté. Il est dépourvu de qualités particulières, se laisse porter par les événements ; sa vie est sans relief ; il amène le lecteur à réfléchir sur sa propre existence
Ex :



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