p.70, 71 du roman, l. 547 à 588
Par Antonin, Vincent, Deac'hlan :
Introduction : Emile Zola est un auteur français né en 1840 et mort en 1902. Il
est l’initiateur du naturalisme dont il est le chef de file. Cet
auteur est principalement connu pour sa fresque romanesque Les
Rougon-Macquart qu’il a fait paraître entre 1871 et 1893 mais
également pour ses prises de position politiques notamment en 1898
avec sa lettre ouverte « J’Accuse »
publiée dans le journal l’Aurore où il prend la défense
de l’officier Dreyfus. La Fortune des Rougon,
publié en 1871, est le premier roman des Rougon-Macquart. L'histoire
se passe en décembre 1851, au moment du coup d’État de
Louis-Napoléon Bonaparte. L’extrait dont il est question
est situé dans une analepse du chapitre 2.
Il relate la manière dont Pierre Rougon se débarrasse de
chacun des membres de sa famille, et plus précisément, ici, de sa
mère Adélaïde. Nous allons donc voir comment Zola décrit cette
relation grâce au registre pathétique. Nous allons nous interroger
sur les moyens qu’utilise Zola pour témoigner d’un certain
rapport de force entre les deux protagonistes qui fait de Pierre un
homme immoral et d’Adélaïde, une mère vulnérable.
I-
Pierre ,un homme immoral
A) Immoralité
B) Violence
C) Inspire du
dégoût
Ouverture : Cet extrait peut rappeler le roman d’Albert Camus, L’Etranger qui est paru en 1942 : il y est également question d'une relation mère-fils ; bien que dans L’Etranger, la relation entre Meursault et sa mère ne soit pas décrite, elle marque le début de l'histoire et frappe le lecteur par sa froideur, comme si le narrateur n'éprouvait rien pour la défunte.
II-
Adélaïde, une mère vulnérable
A) Folie/Normalité
B)
Humanité/Animalisation
C) Mise en
retrait/Marginalité
Ouverture : Cet extrait peut rappeler le roman d’Albert Camus, L’Etranger qui est paru en 1942 : il y est également question d'une relation mère-fils ; bien que dans L’Etranger, la relation entre Meursault et sa mère ne soit pas décrite, elle marque le début de l'histoire et frappe le lecteur par sa froideur, comme si le narrateur n'éprouvait rien pour la défunte.
Pierre
|
Adélaïde
|
CL Famille
Comparaison L16-17
Hyperbole L1-2
CL du Calcul
Cl de la violence
CL de la mort
CL de la faiblesse
Métaphore « éclaboussures de sa Honte »
CL de L’habitat
Focalisation interne à Pierre
|
Cl de la souffrance
Cl de la folie atténuée
Hyperbole L28
CL de la passivité
Chosification/métaphore « s’attacher au pied un boulet »
CL de la sensualité
Enumération L54
Focalisation
omnisciente
|
Pour une L.A plus détaillée :
Rappel : Pierre s'est débarrassé d'Antoine (Conscription) et d'Ursule (Mariage avec Mouret). Reste Adélaïde.
I.
Pierre, la force brute
A.
Pierre, froidement calculateur
- l.1
à 14 : focalisation interne à Pierre : on est dans
ses pensées : absence de jugement moral sur sa conduite :
-CL
du souhait : voulait l.2, aurait désiré l.3, souhaitait l.11,
désirs l.40
-irréel
du passé : aurait désiré l.3, aurait dérangé l.9
Alternatives
« embarrassantes » : qui le mettent dans l'embarras,
ne sait pas que choisir.
-CL
du calcul : alternatives l.4, calculs l.9, moyen l.12, résultat
l.14, compter l.40, réalisation l.40
-Exposé
du problème : phrase minimale et elliptique en tête de paragraphe :
le nom du problème : « Adélaïde ». Double sens de la
phrase : 1) Adélaïde restait à la maison ; 2) Il restait
le problème d'Adélaïde.
-Explication
du problème : hyperbole « pour rien au monde » +
éloignement textuel entre « Pierre » et « elle »
rejeté en fin de phrase → objectif implicite : se débarrasser
d'Adélaïde.
-Argument
très clair dans la stratégie de réussite de Pierre : phrase
courte et efficace « Elle le compromettait ».
-Confirmation
de l'argument : tournure emphatique « c'est par elle
qu'il... » + de nouveau tournure elliptique :
« commencer » (commencer quoi ?) →fort implicite.
-Le
dilemme qui empêche la réussite de son objectif : Adversatif
« mais » marque une rupture et annonce le dilemme ;
métaphore de l'immobilisme : « il se trouvait pris
entre » (d'où l'impossibilité d'agir) ; parallélisme de
construction des deux alternatives : infinitif + conséquences
négatives introduites par un connecteur logique : « et
alors », « et à coup sûr ».
-La
solution, très claire elle aussi grâce à l'apposition « celui
d'amener Adélaïde à s'en aller d'elle-même » : le
pronom réfléchi « elle-même » montre que la solution
réside en Adélaïde.
-La
méthode : la litote « ne négligeait rien » insinue
qu'il faisait beaucoup pour atteindre son objectif.
B.
Amoralité et cruauté
-Manipulation :
« il allait avoir besoin de tout le monde » l.10-11
-Ambition
de Pierre : « élan de son ambition » l.7, métonymie
hyperbolique : « Plassans entier » l.12 (et non pas
seulement une partie).
-Amoralité :
l'hyperbole « parfaitement excusé » l.15, en antithèse
avec l'euphémisme « duretés » (« brutalité »
aurait été mieux approprié) prouve d'une part qu'il n'a pas
conscience de faire le mal, et d'autre part qu'il minimise ce mal.
-Lexique
de la brutalité : duretés l.15, punissait l.16, férule l.18,
coups l.26, brutalités l.35
-La
métaphore « la tuer de ses regards » l.22 confirme son
inhumanité : c'est sa mère qu'il tue.
-
C.L de la mort
-
l.41 à 56 : focalisation externe ou zéro, qui laisse le
lecteur interpréter, mais une présence discrète du narrateur :
Absence totale d'émotion à la mort de Macquart : il « observa
curieusement » sa mère, comme une bête curieuse, un objet
d'expérience ; il ne ressent rien.
-
C.L de la famille renforce l'immoralité de Pierre (c'est sa mère
qu'il maltraite)
-
C.L de l'habitation et de l'enfermement : huis-clos oppressant
entre Pierre et Adélaïde : chacun étouffe avec l'autre.
C.
Hypocrisie
-
l.14 à 40 : focalisation omnisciente, qui permet le jugement
moral
du
narrateur sur
Pierre : désignation
non atténuée des agissements de Pierre : là où Pierre pense
« duretés » l.15, le narrateur substitue « brutalités »
l.35 ; évocation de ses « silences méprisants »
l.34-35, qui viennent compléter « ses regards sévères »
l. 22-23
Les
valeurs de Pierre ne
sont pas « bien / mal », mais « bonne conduite /
mauvaise conduite », aux yeux du monde :
-l'inversion
des valeurs est visible dans l'inversion des rôles, l.17 : Il
la punissait comme on punit un enfant. Les rôles étaient
renversés ».
-ses
valeurs inversées justifient ses actes : le complément d'agent
« par l'inconduite de sa mère » l.16 montre qu'il n'agit
pas au nom du bien, mais au nom de ce qui paraît.
-Lexique
de l'opprobre : « compromettait » l.2-3, « honte »
l.6, « se faire montrer au doigt » l.8, « mauvais
fils » l.9 + métaphore des « éclaboussures » qui
salissent l.6
-En
antithèse avec la volonté d'effacer la faute : « que son
nom rentrât en grâce » : pour lui, la « faute »
n'est pas d'ordre moral, mais social ; la métaphore
« s'attacher au pied un boulet » (où le boulet désigne
Adélaïde) est empruntée au domaine du bagne, comme si, tant que le
« boulet » reste présent, la faute est présente aussi.
-Volonté
de paraître, hypocrisie (hyporitès en Grec = le masque, puis
l'acteur) : « ses calculs de bonhomie »
II.
Adélaïde, l'innocence animale
A.
Registre pathétique lié à sa description
-l.14
à 40 : focalisation omnisciente, qui permet le jugement du
narrateur : regard
pathétique sur Adélaïde :
-désignation
: « la pauvre femme » l.18, « la malheureuse »
l.24.
-une
hyperbolisation de ses souffrance : « épouvante »
l. 20, « souffrait horriblement » l.24-25, « peur
atroce » l. 31.
-
plus Pierre grandit, plus Adélaïde s'efface : lexique de la
soumission : sous cette férule l.18 (= sous la domination, le
despotisme), lâchetés acceptées l.26, passivement l.26 ;
antithèse entre « férule toujours levée » et « se
courbait » ; lexique de la chute, du bas : se
courbait l.19, humbles l.21, tombée l.21
-
l.41 à 56 : focalisation externe ou zéro, qui laisse le
lecteur interpréter, mais une présence discrète du narrateur.
-Aucune
description de la douleur d'Adélaïde à la mort de Macquart,
excepté par le regard de Pierre et par la négative : « pas
verser une larme », mais sentiment de sa douleur profonde :
« la douleur d'Adélaïde fut stupide ».
B.
Entre humanité et folie
-Deux
terme la rattachent à l'enfance : « enfant » et
« enfance » , en antithèse avec « vieille femme »
→ qui est Adélaïde ? Personnalité insaisissable à
l'inverse de celle de Pierre, froidement calculateur.
-Animalisation :
par Pierre d'abord, qui hésite entre « la garder » ou
« la chasser », comme pour un animal domestique ;
elle n'articule pas de sons : « balbutiements » ;
elle est fidèle à son maître, Macquart (qui pourtant la bat aussi,
voir p. 84), « retournant quand même à Macquart » l.27
et « prête à mourir » pour lui l.27-28.
-Sa
folie aussi : « vieille femme tombée en enfance »
l.21 suggère la démence sénile ; « courir se jeter dans
la Viorne » évoque l'hystérie ; « chair faible »
et « femme nerveuse » insistent sur l'aspect
physiologique de cette folie + la symbolique attirance d'Adélaïde
pour « la frontière », l.32 : attirée par les
limites, le hors-norme, l'a-normal.
-Tension
entre ses désirs et ses actes : « désirs contenus »
l.25, irréel du passé dont la réalisation est empêchée par un
obstacle : « elle se serait levée pour courir » mais
« peur atroce de la mort » l.29 et 31 ; puis « elle
rêva de fuir » l.31-32 mais « ne savoir où se
réfugier » ; et « elle l'aurait quitté »
mais seulement « si elle avait eu un asile ».
-Mais
humanité rappelée sans cesse : par son prénom, « Adélaïde » ;
son statut, « mère » l.16 ; son âge
« quarante-deux ans » l.19 ; ses émotions :
« épouvante » l.20, « honte » et « désirs »
l.25, « peur [de la mort] » l.31 ; et la désignation
par le terme de « femme » l. 18, 21 et 30.
C.
Des rapports inversés, symbole de l'inversion des valeurs :
être intégré ou exclu de la société ?
-Macquart
n'existe pas aux yeux de la société, sa mort et son enterrement
sont à l'image de sa position sociale : le corps de Macquart
n'est pas rapatrié, il reste symboliquement à « la
frontière », dans des hauteurs « à la montagne »,
et dans un « petit village » : c'est-à-dire loin de
la civilisation, de la ville, du monde d'ambition et de pouvoir où
vivent les Rougon. Il n'a pas de nom dans cette phrase, uniquement
une fonction anti-sociale : le « contrebandier »
(l.45-46).
-Adélaïde
hérite de « sa masure » et de sa « carabine »,
deux symboles : la masure = retirée dans « l'impasse
saint Mittre », hors du monde, comme une réplique de la
« frontière » ou du retrait du monde ; la carabine
= symbole de mort, indice de la tragédie à venir (celle de
l'histoire et celle de l'Histoire). + « la douleur
d'Adélaïde » à la mort de son amant : si Macquart ne
valait rien aux yeux de la société, il représentait tout pour
Adélaïde qui ne vivait que pour lui.
-De
la même manière, isolement d'Adélaïde : suite d'actes
automatiques et rapidement rapportés dans un sommaire l.53 à 56 :
« elle se retira », « elle pendit » « et
vécut là ».
-Elle
devient la spectatrice indifférente du reste de l'histoire et de
l'Histoire dont elle ne sera même pas un témoin (« muette ») :
« elle pendit la carabine » et ne l'utilise jamais.
-Elle
est désormais en marge de tout : elle « se retira »,
« étrangère au monde », « solitaire », dans
« l'impasse Saint Mittre » (tout le contraire de Pierre
qui lui, cherche à s'intègrer à la société).
NB.
-passé
simple qui fait suite à l'imparfait de description qui précède.
-connecteur
temporel soudain : « lorsqu'un accident » l. 39
-précision
des circonstances de la mort : lieu : « à la
frontière », « au moment où il entrait en France » ;
temps : « venait d'être tué » ; comment :
« par le coup de feu d'un douanier » ; pourquoi :
« toute une cargaison de montres de Genève »
(contrebande).
-La
rumeur « on apprit que » est confirmée par une
intervention du narrateur : « l'histoire était vraie ».
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