HUXLEY,
Le Meilleur des Mondes, 1931
Portrait des personnages :
BERNARD
Alpha Plus - Avide de liberté,
insatisfait de son état.
La rumeur prétend que de l'alcool
aurait été versé par accident dans son pseudo-sang quand il était
encore en éprouvette. Du coup, il est petit, laid et bizarre (selon
Fanny).
Il sent que quelque chose ne va pas
dans sa vie, mais il ignore quoi. Il est très négatif, refuse le
bonheur avilissant offert par la société.
Mais il ne fait rien pour sortir de
cette société. Son seul acte de rébellion (jeter le soma par les
fenêtres à l'hôpital), il le fait, poussé par John et Helmholtz.
Au contraire, il cherche désespérément
à s'intégrer : il fait semblant d'entrer en transe lors de
l'Office de Solidarité, il est horrifié par la vie des
« sauvages », il s'humilie devant Mustapha Ménier (il se
jette à genoux devant lui en pleurant) lorsque celui-ci l'exile sur
une île.
Finalement, il est peu sympathique,
plutôt méprisable.
LENINA
Béta – Belle jeune femme, pur
produit de la société. Elle ingurgite du soma, se rend aux loisirs
recommandés, a remplacé sa pensée propre par des phrases
hypnopédiques, est heureuse.
Elle apparaît comme une femme un peu
bécasse.
Mais elle est plus nuancée que ça
finalement : elle reste un peu trop longtemps avec le même
homme, Henry Foster (quatre mois !), et semble attirée par les
individus déviants. Elle sort avec Bernard, accepte même d'aller
visiter une réserve de sauvages avec lui. Elle est très attirée
par John le Sauvage.
Cependant, elle n'évolue pas au cours
de roman. Elle reste toujours un pur produit du Meilleur des Mondes.
HELMHOLTZ WATSON
Alpha Plus – Maître de conférence
au Collège des Ingénieurs en Emotion. Il est très beau, très
musclé, c'est un amant infatigable, un homme apprécié dans tous
les milieux, bref, il est parfait. Trop réussi, « trop
capable » selon ses supérieurs : un « excès
mental » fait que, comme Bernard, il se sent en décalage, il a
une pensée individuelle.
Il sent que dans cette société où il
ne peut exprimer ses aspirations profondes, il lui manque quelque
chose. Lorsqu'il se révolte avec John et Bernard, c'est en
connaissance de cause. Il est heureux d'être exilé sur une île
lointaine, sur laquelle il pourra enfin s'épancher.
JOHN
Le sauvage. Il est le fils de Linda et
du Directeur du Centre d'Incubation. Il n'est pas un produit du
Meilleur des mondes, puisqu'il a été élevé par sa mère dans une
tribu de Sauvages. Il n'a pas été conditionné, ne prend pas de
soma, aime sa mère. Il incarne ici le regard extérieur (et
horrifié) sur la société.
C'est un être sensible, qui a lu
Shakespeare et en déclame des vers entiers ; il aime, il
souffre, il éprouve des émotions humaines.
Il ne partage évidemment pas les
valeurs du Meilleur des Mondes, se révolte mais en pure perte :
il ne peut pas changer le monde à lui tout seul. Il est très
idéaliste, tant dans sa vie qu'en amour. Il voudrait aimer Lenina de
manière romantique, mais Lenina ne peut accepter cette idée en
contradiction totale avec ses propres valeurs.
John incarne donc l'humanité... mais
une humanité au destin tragique ici.
Ce
qui est fait au nom du bonheur dans cette société
- prise de soma qui empêche les émotions
- phrases hypnopédiques répétant que « nous sommes tous heureux à présent »
- conditionnement à se satisfaire de sa catégorie sociale
- divertissements variés (sport, cinéma sentant...)
- absence d'angoisse existentielle, notamment celle se rapportant à la mort, par le conditionnement à l'indifférence (voir la mort de Linda, la mère de John, dans l'indifférence générale, au milieu des enfants jouant p.252)
- existence de Centres de reconditionnement pour les individus déviants
Ce
qui est mis en place pour empêcher la pensée individuelle
- absence de solitude
- absence d'attachement fort à un individu : pas de liens familiaux, pas de relations amoureuses longues (p.66, p.239)
- communion sexuelle, dès le plus jeune âge
- communion de pensée dans les Offices de Solidarité (p.112 à 120)
- pensée unique contenue et diffusée par les phrases hypnopédiques
- absence de spiritualité ou d'art
- poids du regard de la société (Fanny pour Lenina par exemple)
Ce
que dénonce le roman
- la pensée unique (le fait que tout le monde pense la même chose, partage les mêmes valeurs)
- le matérialisme et l'absence de spiritualité (philosophie, religion, art), le Fordisme
- la mainmise de la science sur tout, l'absence de conscience (or, « science sans conscience n'est que ruine de l'âme »)
- le totalitarisme
- etc.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire