mercredi 1 avril 2015

Servitude Volontaire, Le Meilleur des Mondes, bilan

HUXLEY, Le Meilleur des Mondes, 1931

Portrait des personnages :

BERNARD

Alpha Plus - Avide de liberté, insatisfait de son état.

La rumeur prétend que de l'alcool aurait été versé par accident dans son pseudo-sang quand il était encore en éprouvette. Du coup, il est petit, laid et bizarre (selon Fanny).

Il sent que quelque chose ne va pas dans sa vie, mais il ignore quoi. Il est très négatif, refuse le bonheur avilissant offert par la société.

Mais il ne fait rien pour sortir de cette société. Son seul acte de rébellion (jeter le soma par les fenêtres à l'hôpital), il le fait, poussé par John et Helmholtz.

Au contraire, il cherche désespérément à s'intégrer : il fait semblant d'entrer en transe lors de l'Office de Solidarité, il est horrifié par la vie des « sauvages », il s'humilie devant Mustapha Ménier (il se jette à genoux devant lui en pleurant) lorsque celui-ci l'exile sur une île.

Finalement, il est peu sympathique, plutôt méprisable.

LENINA

Béta – Belle jeune femme, pur produit de la société. Elle ingurgite du soma, se rend aux loisirs recommandés, a remplacé sa pensée propre par des phrases hypnopédiques, est heureuse.

Elle apparaît comme une femme un peu bécasse.

Mais elle est plus nuancée que ça finalement : elle reste un peu trop longtemps avec le même homme, Henry Foster (quatre mois !), et semble attirée par les individus déviants. Elle sort avec Bernard, accepte même d'aller visiter une réserve de sauvages avec lui. Elle est très attirée par John le Sauvage.

Cependant, elle n'évolue pas au cours de roman. Elle reste toujours un pur produit du Meilleur des Mondes.

HELMHOLTZ WATSON

Alpha Plus – Maître de conférence au Collège des Ingénieurs en Emotion. Il est très beau, très musclé, c'est un amant infatigable, un homme apprécié dans tous les milieux, bref, il est parfait. Trop réussi, « trop capable » selon ses supérieurs : un « excès mental » fait que, comme Bernard, il se sent en décalage, il a une pensée individuelle.

Il sent que dans cette société où il ne peut exprimer ses aspirations profondes, il lui manque quelque chose. Lorsqu'il se révolte avec John et Bernard, c'est en connaissance de cause. Il est heureux d'être exilé sur une île lointaine, sur laquelle il pourra enfin s'épancher.

JOHN

Le sauvage. Il est le fils de Linda et du Directeur du Centre d'Incubation. Il n'est pas un produit du Meilleur des mondes, puisqu'il a été élevé par sa mère dans une tribu de Sauvages. Il n'a pas été conditionné, ne prend pas de soma, aime sa mère. Il incarne ici le regard extérieur (et horrifié) sur la société.

C'est un être sensible, qui a lu Shakespeare et en déclame des vers entiers ; il aime, il souffre, il éprouve des émotions humaines.

Il ne partage évidemment pas les valeurs du Meilleur des Mondes, se révolte mais en pure perte : il ne peut pas changer le monde à lui tout seul. Il est très idéaliste, tant dans sa vie qu'en amour. Il voudrait aimer Lenina de manière romantique, mais Lenina ne peut accepter cette idée en contradiction totale avec ses propres valeurs.

John incarne donc l'humanité... mais une humanité au destin tragique ici.

Ce qui est fait au nom du bonheur dans cette société
  • prise de soma qui empêche les émotions
  • phrases hypnopédiques répétant que « nous sommes tous heureux à présent »
  • conditionnement à se satisfaire de sa catégorie sociale
  • divertissements variés (sport, cinéma sentant...)
  • absence d'angoisse existentielle, notamment celle se rapportant à la mort, par le conditionnement à l'indifférence (voir la mort de Linda, la mère de John, dans l'indifférence générale, au milieu des enfants jouant p.252)
  • existence de Centres de reconditionnement pour les individus déviants

Ce qui est mis en place pour empêcher la pensée individuelle
  • absence de solitude
  • absence d'attachement fort à un individu : pas de liens familiaux, pas de relations amoureuses longues (p.66, p.239)
  • communion sexuelle, dès le plus jeune âge
  • communion de pensée dans les Offices de Solidarité (p.112 à 120)
  • pensée unique contenue et diffusée par les phrases hypnopédiques
  • absence de spiritualité ou d'art
  • poids du regard de la société (Fanny pour Lenina par exemple)

Ce que dénonce le roman
  • la pensée unique (le fait que tout le monde pense la même chose, partage les mêmes valeurs)
  • le matérialisme et l'absence de spiritualité (philosophie, religion, art), le Fordisme
  • la mainmise de la science sur tout, l'absence de conscience (or, « science sans conscience n'est que ruine de l'âme »)
  • le totalitarisme
  • etc.


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