LA
n° 5 : le dénouement
p.
93 « Il ne fera donc jamais nuit ? » à la fin
Un
dénouement tragique / un dénouement qui ne dénoue rien / Un
dénouement qui reprend les thèmes de la
pièce.
- Un trio infernal ou le couple impossible
A.
le couple Estelle / Garcin ne peut pas exister à cause de la
présence d'Inès :
-Estelle
cherche désespérément l'amour, la protection surtout (vis-à-vis
d'Inès) : « Mon amour ! » l. 26 : possessif (s'approprie
Garcin)
-Mais
Garcin refuse de répondre à sa demande : « laisse-moi »
+ il s'éloigne d'Estelle par 2 didascalies : « abandonne »
l.9 et « repoussant » l.27
-Jeu
sur les pronoms l.28, 29 : (tu), « moi » => « elle »,
« nous » => « je », « t' »,
« elle » = deux personnes distinctes (Estelle et Garcin),
cherchent à fusionner (nous) mais présence d'Inès (elle) qui fait
que le trio n'est jamais réductible => G + E + I.
B.
Inès rappelle le trio qu'ils forment
-les
liens se sont resserrés : ils se tutoient maintenant (ils sont nus
les uns devant les autres, se sont tout dit)
-
« Morte ! » répété 3 fois, « ni » répété
3 fois
- « ensemble »
et « nous » l.45 = les 3 personnages indissociables les
unes des autres.
-Estelle
et Garcin reprennent exactement ses paroles l. 48 et 52 (« Pour
toujours ») et reprennent également son rire.
=>
Inès montre par la même occasion qu'aucun couple n'est possible, ni
elle avec Estelle, ni Estelle avec Garcin.
- Le regard comme instrument de torture
A.
Le regard douloureux
-Il
se sent dévoré par les regards : « ces regards qui me
mangent... » l.18 = angoisse de la dévoration, de ne plus
s'appartenir, de disparaître dans un autre (dans le regard de
l'autre). Personnification du regard qui apparaît comme un ogre.
-Exprime
cette peur : « tous ces regards » x2 = comme assailli,
interjection « ah! » qui traduit à la fois la surprise
et la peur, didascalie « brusquement » (// référence à
la scène d'exposition, où G. avait peur que la situation lui saute
dessus par derrière p.17).
-didascalie
de la l.55 : garcin regarde les deux femmes, puis tous les trois
tombent assis sur leur canapé : comme si le regard de Garcin les
avait tués => le regard comme arme.
-Le
regard prend le dessus sur le rire => la dernière didascalie =
« ils cessent de rire et se regardent » l.55
-Le
regard de l'autre empêche la mauvaise foi et le mensonge : « tu
me verras toujours » l.6 + « tous ces regards »
l.17 et 18, « elle me voit » l.29, « les
regardant » l.51 => Garcin ne peut pas faire semblant
d'aimer Estelle à cause d'Inès qui sait.
B.
Les conséquences de ce regard auquel on ne peut échapper
-G.
frise la folie : « Je vous croyais beaucoup plus nombreuses »
=> paranoïa ?
-G.
a une prise de conscience : « L'enfer, c'est les autres ».
expression qui résume à elle seule la pièce : l'enfer ne tient pas
à des instruments de torture physique (rappel des instruments du
mythe judéo-chrétien) mais à la souffrance psychologique infligée
par « les Autres ».
Expression
pourtant à nuancer selon les propos de Sartre (voir doc
complémentaires) : ne signifie pas que les autres représentent
toujours l'enfer, mais dans ce cas précis, oui, puisque Garcin,
Estelle et dans une moindre mesure Inès, ne vivent que dans et par
le regard de l'autre, ils sont prisonniers de ce regard, ils en
dépendent totalement. Or puisque ce regard est négatif (Inès
considère Garcin comme un lâche, Garcin repousse Estelle qui
repousse Inès) alors les 3 personnages ont une représentation
d'eux-mêmes négative, insupportable. Garcin est l'archétype de la
victime de cet engrenage : tant qu'Inès le traitera de lâche, il
vivra l'enfer puisqu'il ne se considérera lui-même que comme lâche,
il ne peut pas se voir autrement.
-
Estelle utilise la violence physique, cherche à tuer Inès :
Interjection « Ah! » qui marque la rage + didascalie
« coupe-papier » et « plusieurs coups » l.32
=> première utilisation du coupe-papier = usage détourné de sa
fonction usuelle, mais inutilité de l'objet puisqu'il ne peut même
pas tuer.
-I.
est agressive : elle martèle l'adjectif « morte » en
criant (points d'exclamation), la didascalie l. 41 indique son
sentiment : « avec rage » ; elle se frappe elle-même,
imitant le geste inutile d'Estelle, pour montrer par l'acte ce
qu'elle dit avec des mots.
-Elle
est la première à initier le rire final : rire absurde, rire de
désespoir ? Rire nerveux ? => le rire à trois, qui montre
l'absurdité de la situation. Ou le désespoir.
- Un dénouement sans fin ou Un destin figé à jamais
A.
L'éternité ou l'éternel recommencement
-Monologue
de Garcin qui fait écho à la scène d'exposition avec le bronze, la
cheminée, et les références aux représentations populaires de
l'enfer => circularité.
-Pourtant
Garcin a évolué : « je comprends » l. 14, par
opposition à sa naïveté du début « quelle plaisanterie ! »
: il a compris le sens de son enfer. Il se méprise lui-même de sa
naïveté de départ (« le soufre, le bûcher, le gril »)
: rire de mépris l.21 -Phrase finale : « continuons » =>
enfer éternel,
-Adverbe
« toujours » du début de l'extrait et repris par chaque
personnage en fin d'extrait.
-Le
coupe-papier qui ne coupe pas : vie sans coupure, référence à la
scène d'exposition => référence aussi au « tu me verras
toujours » de Garcin. Objet hautement symbolique
- « Jamais
nuit » l.2 = vie sans coupure
B.
Un dénouement tragique
-L'impossibilité
d'agir : les objets ne fonctionnent pas (coupe-papier ne tue pas)
G.
se sent comme le bronze de barbedienne, immuable, figé pour
l'éternité : il est un « en-soi », c'est-à-dire un
objet qui ne peut plus changer, il est « réifié » (=
transformé en objet).
-Impossibilité
d'agir sur son passé : « c'est déjà fait » l.44, avec
« déjà » mis en évidence par l'italique.
-« Tout
était prévu » l.15 : destin préfixé, non pas le destin de
sa vie (Sartre disait que l'homme était « condamné à être
libre »), mais le destin de sa mort.
- « Ils »
avaient prévu l.15 : transcendance (=puissance supérieure) =>
tragique
-Mais
la transcendante, peut aussi être désignée par « les
Autres » puisque majuscule à « Autres » =>
l'autre nous dépasse, nous possède, à la manière d'un dieu.
- « Continuons »
= renforce la dimension tragique, puisqu'ils vont continuer à
exister, sans rien changer, juste à être là, comme le bronze de
barbedienne. Aucune évolution possible : ils ne peuvent que
continuer.
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