HISTOIRE
DU THEATRE
Le terme « théâtre » vient du Grec théa = regarder
Le
théâtre antique
Les
origines du théâtre prennent racine dans l'Antiquité. Le
théâtre occupe une place privilégiée dans la culture de la Grèce
antique. Le théâtre a une
origine religieuse.
En l'honneur de Dionysos,
dieu de l'ivresse, de la fertilité et de la fête, étaient données
de grandes fêtes appelées « grandes dionysies »,
qui se déroulaient à Athènes. Lors
de ces
fêtes, d'une
durée de
sept jours, avaient
lieu, entre autre, des concours de théâtre.
La
représentation théâtrale a évolué depuis sa création. En effet,
au départ, un seul acteur, le protagoniste,
joue tous les rôles et porte un masque
pour représenter
les personnages. Les
masques servent également de porte-voix pour que les spectateurs les
plus éloignés entendent ce qui se dit sur scène. Les
rôles des femmes sont tenus par des hommes puisque seuls ces
derniers peuvent jouer. Les choreutes
(qui forment le choeur),
commentent la pièce.
La
tragédie : Le
terme « tragédie » vient du Grec
tragos
(le bouc) et odos
(le chant), il signifie donc littéralement « chant
du bouc ».
En
effet, le
sacrifice du bouc faisait partie du culte que l'on rendait à
Dionysos et
son sacrifice marquait le début des concours de tragédie.
C'est
Aristote,
qui a codifié les
genres
dramatiques
dans sa Poétique :
Le
sujet de la tragédie
doit être inspiré des
grands mythes
antiques. Ses
personnages sont illustres
(nobles, rois, princes,
seigneurs…) et vivent
des combats, des passions, des douleurs exceptionnelles. Ils doivent
s'exprimer dans un langage
soutenu, élevé.
Ils dialoguent en vers,
idéalement en alexandrins, le vers noble par excellence.
La
tragédie a une fonction :
elle doit purger le spectateur de ses passions. C'est ce qu'Aristote
nomme la « catharsis » : la fin funeste du
personnage est à la fois un châtiment des dieux et une sanction de
ses erreurs. Elle doit susciter chez le spectateur des sentiments de
pitié et de terreur, et avoir un effet « thérapeutique ».
La comédie : Il semble que la comédie soit issue des jeux comiques improvisés lors des processions phalliques en l’honneur de Dionysos. La comédie cherche d'abord à provoquer le rire. Elle use de tous les artifices (jeux de mots, déguisements outranciers, plaisanteries sexuelles, etc.) pour y parvenir. Elle vise également à faire la satire de défauts humains, de personnages politiques ou même des dieux.
Le théâtre médiéval : religion ou farce
Alors que l’Église chrétienne a vivement combattu le théâtre au début du Moyen-Age, c'est elle, paradoxalement, qui le réanime sous la forme du "drame liturgique" pour instruire un public souvent illettré : les "miracles" représentent des anecdotes bibliques sont représentés, de la Création du monde à la Crucifixion. Les "mystères" racontent plutôt la vie d'un Saint. Mais peu à peu, le divertissement et le spectacle l'emportant sur le message religieux, la scène est déplacée à l'extérieur de l’église (sur le parvis), puis aux places de marché. Le théâtre coexiste avec des jeux de troubadours et de jongleurs récitant des monologues, et avec des farces ou soties (pièces comiques et politiques jouées par des « sots »).
Le
théâtre du XVIème
siècle :
Italie :
la Commedia dell'Arte
Le
public populaire
italien
se
divertit avec la
Commedia
dell’arte :
des
troupes de comédiens créent des personnages-
types
(serviteurs comiques, vieillards, avocats, docteurs ridicules,
amants, etc.) qui
apparaissent dans des pièces bâties sur un canevas simpliste, sur
lesquels ils improvisent.
Dans ce cadre, les acteurs peuvent librement exécuter leurs jeux de
scène et leurs morceaux de bravoure, appelés "lazzi".
Les personnages des
valets,
les
zannis,
gagnent peu à peu toute l’Europe. La commedia dell’arte atteint
son apogée entre 1550 et 1650, et marque de son influence la
comédie française, et notamment
Molière,
Marivaux
ou Beaumarchais.
Angleterre :
Shakespeare
Shakespeare
crée des pièces qui mélangent les registres tragiques et comiques,
jouent
avec la mort et les revenants et multiplient les lieux, les
temporalités et les actions. Son théâtre est baroque.
Il influencera fortement le théâtre romantique français au XIXème
siècle.
Le théâtre français au XVIIè siècle : le Classicisme contre le Baroque
Au
XVIe siècle il n’existe pas encore de théâtre
régulier, ni de troupe fixe. Le théâtre pâtit d'une mauvaise
réputation : ce sont des lieux mal famés où le public populaire
applaudit des farces grossières, hue les acteurs et se bat. Les
classes les plus élevées ne s'y rendent pas. Richelieu,
Ministre de Louis XIII, veut faire émerger des auteurs prestigieux
pour soigner l'image de la France à l'étranger. C'est à lui qu'on
doit la renaissance du théâtre au XVIIè siècle (« Age
d'or » du théâtre).
Depuis
la querelle du Cid, débat d'intellectuels à
propos de la rigueur de la pièce de Corneille, le grand souci des
dramaturges classiques est de bannir des excès et de la folie du
baroque. Désormais, il faut faire preuve de mesure, de raison et
d'ordre. On doit alors épurer l'action et atteindre la pureté des
sentiments.
Pour
ce faire, il convient de ne pas choquer la sensibilité du public,
c'est la règle de bienséance : tandis quand dans le théâtre
baroque, les conflits se réglaient à l'épée sur scène, les
Classiques bannissent de la scène toute action violente. Les
déclarations d'amour doivent, elles aussi, rester décentes.
Les
théoriciens du Classicisme considèrent que le théâtre doit imiter
la réalité afin que le public oublie qu'il est au spectacle. C'est
la règle de vraisemblance : tout ce qui se joue sur scène
doit être vraisemblable. La vraisemblance n'est pas forcément ce
qui est vrai, mais ce que le public peut croire. L'intervention du
merveilleux, fréquente dans le théâtre baroque, est rejetée par
les Classiques, sauf si elle était déjà présente dans le mythe
qui a inspiré l'oeuvre.
Enfin,
l'idéal de pureté interdit le mélange des registres : alors
que le théâtre médiéval et le théâtre baroque inséraient du
comique dans les tragédies, le Classicisme renoue avec le principe
antique de la séparation des genres tragiques et comiques.
Les
grands théoriciens du Classicisme s'inspirent d'Aristote pour
édicter la règle des trois unités :
l'unité
de temps (l'action
doit se dérouler en 24h maximum),
l'unité de lieu (toute
l'action doit se dérouler dans un lieu unique, un décor de palais
par exemple pour une tragédie ou un intérieur bourgeois pour une
comédie), l'unité d'action
(tous
les événements doivent être liés et nécessaires, de l'exposition
jusqu'au dénouement de la pièce).
Au
XVIIIème siècle : le drame bourgeois
L'esprit
des Lumières (Diderot
notamment) transforme les
tragédies en drames bourgeois :
ils sont écrits
en prose, et au
lieu de se moquer des bourgeois comme le faisaient les comédies du
XVIIème siècle, ils posent désormais les
valeurs bourgeoises
en modèles
à imiter. Selon Diderot, le
théâtre doit désormais avoir
une fonction moralisatrice
auprès des spectateurs.
La
comédie, elle,
se fait plus complexe
: elle devient riche en rebondissements et en jeux de scène avec
Beaumarchais ; elle se fait aussi plus psychologique avec Marivaux
qui explore les sentiments amoureux et l'âme humaine ; elle se
nuance enfin d'un registre satirique
et contestataire :
dans L'île des esclaves,
Marivaux inverse les rôles, les esclaves endossent le statut des
maîtres et inversement ; dans Le
Mariage de Figaro,
toute une maisonnée se
ligue contre son
Seigneur.
Au
XIX siècle : le drame romantique
La
Bataille d'Hernani reste
un symbole de la lutte entre les adeptes du Classicisme et les
Romantiques, elle se règle à coups de points, d'insultes et
d'ordures jetées à la figure : les
romantiques entendent
se libérer de toutes les contraintes édictées par les Classiques.
Ils prônent la « liberté
dans l'art » comme le proclame Victor Hugo dans la « Préface
de Cromwell »
(véritable
traité sur le théâtre romantique).
Ils fusionnent en un seul genre
la comédie et la tragédie, mélangent les registres,
refusent la règle des trois unités
et veulent choisir librement le vers ou la prose.
Le
vaudeville voit le jour dans la
deuxième moitié du XIXème siècle : il s'agit de comédies
de moeurs légères, sans
intention morale ni psychologique, et qui reposent généralement sur
des quiproquos. Ils mettent en scène des maris trompés, des femmes
de mauvaise vie, des maîtresses abusées, etc. Eugène Labiche,
Georges Courteline ou encore Georges Feydau sont encore beaucoup
joués aujourd'hui, leurs pièces traitant des thèmes toujours
populaires.
Au
XXème siècle : chercher un sens
On
assiste à un éclatement des formes traditionnelles du théâtre,
les auteurs cherchent à explorer de nouveaux genres. Quelques
tendances surgissent :
-
la réécriture de mythes antiques (Antigone d'Anouilh,
La Machine Infernale de Cocteau, etc.) qui interprètent des
récits universels pour en montrer la pertinence toujours
d'actualité.
-
le « Théâtre de l'Absurde »,
ou « Nouveau Théâtre »
révèle l'idée d'un monde pessimiste, sans sans dieu,
incompréhensible. La condition humaine étant tragique puisque
l'homme ne vient au monde que pour mourir, les dramaturges mettent en
scène une vie sans but, absurde, où même les mots perdent leur
sens. Dérision et humour grinçant rythment ces pièces que l'on
vient alors à qualifier de « farces tragiques ». Ionesco
(La Cantatrice Chauve, Le
Roi se meurt) et Beckett
(En Attendant Godot)
sont les représentants majeurs du théâtre de l'absurde.
-
le théâtre engagé
permet de faire passer des idées politiques ou philosophiques, par
exemple l'existentialisme de
Sartre Huis-Clos
ou la philosophie de l'absurde de Camus (Les
Justes, Caligula).
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