mercredi 17 décembre 2014

(1ères) Histoire du théâtre


HISTOIRE DU THEATRE


Le terme « théâtre » vient du Grec théa = regarder



Le théâtre antique



Les origines du théâtre prennent racine dans l'Antiquité. Le théâtre occupe une place privilégiée dans la culture de la Grèce antique. Le théâtre a une origine religieuse. En l'honneur de Dionysos, dieu de l'ivresse, de la fertilité et de la fête, étaient données de grandes fêtes appelées « grandes dionysies », qui se déroulaient à Athènes. Lors de ces fêtes, d'une durée de sept jours, avaient lieu, entre autre, des concours de théâtre.



La représentation théâtrale a évolué depuis sa création. En effet, au départ, un seul acteur, le protagoniste, joue tous les rôles et porte un masque pour représenter les personnages. Les masques servent également de porte-voix pour que les spectateurs les plus éloignés entendent ce qui se dit sur scène. Les rôles des femmes sont tenus par des hommes puisque seuls ces derniers peuvent jouer. Les choreutes (qui forment le choeur), commentent la pièce.



La tragédie : Le terme « tragédie » vient du Grec tragos (le bouc) et odos (le chant), il signifie donc littéralement « chant du bouc ». En effet, le sacrifice du bouc faisait partie du culte que l'on rendait à Dionysos et son sacrifice marquait le début des concours de tragédie.

C'est Aristote, qui a codifié les genres dramatiques dans sa Poétique : Le sujet de la tragédie doit être inspiré des grands mythes antiques. Ses personnages sont illustres (nobles, rois, princes, seigneurs…) et vivent des combats, des passions, des douleurs exceptionnelles. Ils doivent s'exprimer dans un langage soutenu, élevé. Ils dialoguent en vers, idéalement en alexandrins, le vers noble par excellence.

La tragédie a une fonction : elle doit purger le spectateur de ses passions. C'est ce qu'Aristote nomme la « catharsis » : la fin funeste du personnage est à la fois un châtiment des dieux et une sanction de ses erreurs. Elle doit susciter chez le spectateur des sentiments de pitié et de terreur, et avoir un effet « thérapeutique ».



La comédie : Il semble que la comédie soit issue des jeux comiques improvisés lors des processions phalliques en l’honneur de Dionysos. La comédie cherche d'abord à provoquer le rire. Elle use de tous les artifices (jeux de mots, déguisements outranciers, plaisanteries sexuelles, etc.) pour y parvenir. Elle vise également à faire la satire de défauts humains, de personnages politiques ou même des dieux.




Le théâtre médiéval : religion ou farce




Alors que l’Église chrétienne a vivement combattu le théâtre au début du Moyen-Age, c'est elle, paradoxalement, qui le réanime sous la forme du "drame liturgique" pour instruire un public souvent illettré : les "miracles" représentent des anecdotes bibliques sont représentés, de la Création du monde à la Crucifixion. Les "mystères" racontent plutôt la vie d'un Saint. Mais peu à peu, le divertissement et le spectacle l'emportant sur le message religieux, la scène est déplacée à l'extérieur de l’église (sur le parvis), puis aux places de marché. Le théâtre coexiste avec des jeux de troubadours et de jongleurs récitant des monologues, et avec des farces ou soties (pièces comiques et politiques jouées par des « sots »).




Le théâtre du XVIème siècle :

Italie : la Commedia dell'Arte

Le public populaire italien se divertit avec la Commedia dell’arte : des troupes de comédiens créent des personnages- types (serviteurs comiques, vieillards, avocats, docteurs ridicules, amants, etc.) qui apparaissent dans des pièces bâties sur un canevas simpliste, sur lesquels ils improvisent. Dans ce cadre, les acteurs peuvent librement exécuter leurs jeux de scène et leurs morceaux de bravoure, appelés "lazzi". Les personnages des valets, les zannis, gagnent peu à peu toute l’Europe. La commedia dell’arte atteint son apogée entre 1550 et 1650, et marque de son influence la comédie française, et notamment Molière, Marivaux ou Beaumarchais.



Angleterre : Shakespeare

Shakespeare crée des pièces qui mélangent les registres tragiques et comiques, jouent avec la mort et les revenants et multiplient les lieux, les temporalités et les actions. Son théâtre est baroque. Il influencera fortement le théâtre romantique français au XIXème siècle.





Le théâtre français au XVIIè siècle : le Classicisme contre le Baroque




Au XVIe siècle il n’existe pas encore de théâtre régulier, ni de troupe fixe. Le théâtre pâtit d'une mauvaise réputation : ce sont des lieux mal famés où le public populaire applaudit des farces grossières, hue les acteurs et se bat. Les classes les plus élevées ne s'y rendent pas. Richelieu, Ministre de Louis XIII, veut faire émerger des auteurs prestigieux pour soigner l'image de la France à l'étranger. C'est à lui qu'on doit la renaissance du théâtre au XVIIè siècle (« Age d'or » du théâtre).



Depuis la querelle du Cid, débat d'intellectuels à propos de la rigueur de la pièce de Corneille, le grand souci des dramaturges classiques est de bannir des excès et de la folie du baroque. Désormais, il faut faire preuve de mesure, de raison et d'ordre. On doit alors épurer l'action et atteindre la pureté des sentiments.



Pour ce faire, il convient de ne pas choquer la sensibilité du public, c'est la règle de bienséance : tandis quand dans le théâtre baroque, les conflits se réglaient à l'épée sur scène, les Classiques bannissent de la scène toute action violente. Les déclarations d'amour doivent, elles aussi, rester décentes.

Les théoriciens du Classicisme considèrent que le théâtre doit imiter la réalité afin que le public oublie qu'il est au spectacle. C'est la règle de vraisemblance : tout ce qui se joue sur scène doit être vraisemblable. La vraisemblance n'est pas forcément ce qui est vrai, mais ce que le public peut croire. L'intervention du merveilleux, fréquente dans le théâtre baroque, est rejetée par les Classiques, sauf si elle était déjà présente dans le mythe qui a inspiré l'oeuvre.

Enfin, l'idéal de pureté interdit le mélange des registres : alors que le théâtre médiéval et le théâtre baroque inséraient du comique dans les tragédies, le Classicisme renoue avec le principe antique de la séparation des genres tragiques et comiques.

Les grands théoriciens du Classicisme s'inspirent d'Aristote pour édicter la règle des trois unités :

l'unité de temps (l'action doit se dérouler en 24h maximum), l'unité de lieu (toute l'action doit se dérouler dans un lieu unique, un décor de palais par exemple pour une tragédie ou un intérieur bourgeois pour une comédie), l'unité d'action (tous les événements doivent être liés et nécessaires, de l'exposition jusqu'au dénouement de la pièce).


Au XVIIIème siècle : le drame bourgeois



L'esprit des Lumières (Diderot notamment) transforme les tragédies en drames bourgeois : ils sont écrits en prose, et au lieu de se moquer des bourgeois comme le faisaient les comédies du XVIIème siècle, ils posent désormais les valeurs bourgeoises en modèles à imiter. Selon Diderot, le théâtre doit désormais avoir une fonction moralisatrice auprès des spectateurs.

La comédie, elle, se fait plus complexe : elle devient riche en rebondissements et en jeux de scène avec Beaumarchais ; elle se fait aussi plus psychologique avec Marivaux qui explore les sentiments amoureux et l'âme humaine ; elle se nuance enfin d'un registre satirique et contestataire : dans L'île des esclaves, Marivaux inverse les rôles, les esclaves endossent le statut des maîtres et inversement ; dans Le Mariage de Figaro, toute une maisonnée se ligue contre son Seigneur.



Au XIX siècle : le drame romantique



La Bataille d'Hernani reste un symbole de la lutte entre les adeptes du Classicisme et les Romantiques, elle se règle à coups de points, d'insultes et d'ordures jetées à la figure : les romantiques entendent se libérer de toutes les contraintes édictées par les Classiques. Ils prônent la « liberté dans l'art » comme le proclame Victor Hugo dans la « Préface de Cromwell » (véritable traité sur le théâtre romantique). Ils fusionnent en un seul genre la comédie et la tragédie, mélangent les registres, refusent la règle des trois unités et veulent choisir librement le vers ou la prose.



Le vaudeville voit le jour dans la deuxième moitié du XIXème siècle : il s'agit de comédies de moeurs légères, sans intention morale ni psychologique, et qui reposent généralement sur des quiproquos. Ils mettent en scène des maris trompés, des femmes de mauvaise vie, des maîtresses abusées, etc. Eugène Labiche, Georges Courteline ou encore Georges Feydau sont encore beaucoup joués aujourd'hui, leurs pièces traitant des thèmes toujours populaires.



Au XXème siècle : chercher un sens



On assiste à un éclatement des formes traditionnelles du théâtre, les auteurs cherchent à explorer de nouveaux genres. Quelques tendances surgissent :

- la réécriture de mythes antiques (Antigone d'Anouilh, La Machine Infernale de Cocteau, etc.) qui interprètent des récits universels pour en montrer la pertinence toujours d'actualité.

- le « Théâtre de l'Absurde », ou « Nouveau Théâtre » révèle l'idée d'un monde pessimiste, sans sans dieu, incompréhensible. La condition humaine étant tragique puisque l'homme ne vient au monde que pour mourir, les dramaturges mettent en scène une vie sans but, absurde, où même les mots perdent leur sens. Dérision et humour grinçant rythment ces pièces que l'on vient alors à qualifier de « farces tragiques ». Ionesco (La Cantatrice Chauve, Le Roi se meurt) et Beckett (En Attendant Godot) sont les représentants majeurs du théâtre de l'absurde.

- le théâtre engagé permet de faire passer des idées politiques ou philosophiques, par exemple l'existentialisme de Sartre Huis-Clos ou la philosophie de l'absurde de Camus (Les Justes, Caligula).

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