Acte
I, scène 2 (extrait) :
p.51 : « cet
homme ne m'est pas inconnu » à p.56, « Ah ! Comme
je leur en garde, morbleu ! »
I.
Une scène d'exposition traditionnelle
A.
Présentation du passé et des personnages
-double
énonciation : scène de reconnaissance + présentation des
personnages aux spectateurs
-description
visuelle des personnages grâce aux réflexions de chacun sur
l'autre : emploi d'adjectifs qualificatifs précis : Figaro
vu par le comte : « cette tournure grotesque » +
« te voilà si gros et si gras » ; par opposition,
le comte a un « air altier et noble » selon Figaro =>
ont l'air de leur statut social.
-identité
des personnages : « le comte Almaviva » et
« Figaro » ;
-On
apprend également le lieu : Séville.
-le
passé de Figaro : « garçon apothicaire »
… « dans les haras d'Andalousie » p.53 puis le Ministre
« [lui] a fait ôter [s]on emploi » quand « il a su
que [Figaro] étai[t] imprimé tout vif » p. 54 ; puis a
fait du théâtre p.55, mais la cabale l'a fait échouer p.56 .
B.
Présentation des relations entre eux
-le
comte tutoie Figaro alors que Figaro le vouvoie.
-le
comte attribue des apostrophes dévalorisantes ou sarcastiques à
Figaro : « ce coquin », « maraud »,
« pauvre petit », p.52
-il
lui rappelle même ses défauts : « mauvais sujet »,
« paresseux, dérangé » p.55
-Figaro
appelle le comte « Monseigneur » p.52, « Excellence »,
p.53
-Figaro
a été le valet du Comte : « Je me souviens qu’à mon service…
», p.55
-le
comte a « autrefois recommandé » Figaro pour un autre
emploi, p.52
-c'est
le comte qui interroge (la majorité des répliques est
interrogative), et Figaro répond.
C.
Présentation de l'intrigue
-Le comte est déguisé car il
veut « être inconnu » p.53 ; et se fait appeler
« Lindor ».
-Le mystère est entretenu un
moment : le comte emploie un pronom indéfini très vague :
« j'attends ici qq chose » p. 53 ; il
organise une mise en scène (impératif « ayons l'air de »)
pour paraître « moins suspects » → « deux hommes
qui jasent ». p.53
- l’intrigue amoureuse se
fait sentir p.55, avec :
- le Comte qui interrompt
Figaro : didascalie : « l'arrêtant » +
injonction « Un moment... »
- le pronom féminin qui ne
renvoie à personne de connu, ni par Figaro, ni par le spectateur :«
J’ai cru que c’était elle… »
- didascalie indiquant que
l'intérêt du comte se porte plus sur la « jalousie »
que sur Figaro, p. 56
II.
Une scène comique au service de la
dénonciation
A.
« Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en
pleurer » (p.57)
Figaro est un joyeux, plein de
verve :
-antiphrase : « voilà
les bontés familières dont vous m'avez toujours honoré »
p.52
-paradoxe : « que
voulez-vous, monseigneur, c'est la misère » p.52
-effet de chute grâce au
décalage comique entre le titre ronflant de « Garçon
Apothicaire » et le lieu « dans les haras d'Andalousie »
p.53
-comique de situation et
comique de mots : « je vendais souvent aux hommes de
bonnes médecines de cheval » p.53 (jeu sur l'expression
« remède de cheval »).
-l'excuse qu'il se donne pour
avoir tué les sujets du Roi : « il n'y a point de remède
universel »p.54
-la personnification de son
emploi : « Quitté ? C'est bien lui-même » p.
54
-l'hyperbole : « il
a pris la chose au tragique » p.54
-sa suffisance : « je
faisais, je puis dire assez joliment, des bouquets à Chloris »
p54, « je vous essayer de nouveau mes talents littéraires »
p.55, « je ne sais comment je n'eus pas le plus grand succès »
p.56
-l'aveu naturel de sa
corruption du public (mise en abîme) : « j'avais rempli
le parterre des plus excellents Travailleurs » p.56 + la
comparaison « des mains… comme des battoirs ».
Réaction amusée du comte :
-ironique
« pauvre petit ! » p.52 + « beau
début ! » p.53 +
« Monsieur l'Auteur tombé » p.56
: entre dans le jeu de Figaro
-didascalie
« le comte, riant »
p.53 puis p.55
-termine plaisamment le récit
de Figaro : « qui tuaient les sujets du roi ! »
p. 53
-s'exclame de manière
hyperbolique : « Ah ! miséricorde ! »
p.55 puis « Ah ! la cabale ! » p.56
B.
Figaro, représentant de Beaumarchais et des
gens de lettres ; le comte, affiche son indifférence
-de même que Figaro a occupé
de nombreuses fonctions, Beaumarchais a occupé de nombreux emplois
(voir sa biographie)
-il est cultivé : cite
(approximativement) un vers de la Henriade de Voltaire
-lexique de l'écriture
littéraire : « des vers », « au tragique »,
« amour des Lettres », « talents littéraires »,
« théâtre »
-énumération des différents
genres auxquels s'est essayé Figaro, p.54 : « que je
faisais […] des bouquets à Chloris », « des énigmes
aux journaux », « des madrigaux de ma façon »
Par contraste, le comte
manifeste de l'indifférence, voire du mépris à l'égard des gens
de lettres :
-péjoratif « griffonnant »
quand Figaro compose.
-Exclamation de rejet : « Oh
grâce ! grâce, ami ! » quand Figaro cite Voltaire
-Il acquiesce à la formule du
Ministre : « L’Amour des Lettres est incompatible avec
l’esprit des affaires »
-Manifestation d'inquiétude :
« Ah ! Miséricorde ! » à l'annonce des pièces de théâtre de
Figaro
-Ironise sur le titre que
s'attribue Figaro : « Monsieur l’Auteur tombé ».
C.
Dénonciation des inégalités sociales et satire des
mœurs théâtrales
-A la menace du comte
(« maraud, si tu dis un mot... »), Figaro ironise sur les
« bontés familières » du maître, p.52 : rappel
discret qu'il n'a pas toujours été bien traité.
-deux aphorismes pour dénoncer
les inégalités sociales :
« un grand nous fait assez
de bien quand il ne nous fait pas de mal » (p55) : antithèse
en parallélisme
« on veut que le pauvre soit
sans défaut » (p55) : le « on » représente un
« vous » = les puissants
- une question rhétorique
comparant le mérite des domestiques et celui des maîtres : «
Aux vertus qu'on exige dans un Domestique, Votre Excellence
connaît-elle beaucoup de Maîtres qui fussent dignes d’être
Valets ? » (p55). → preuve que l'argument a porté : le comte
ne sait que répondre : « Pas mal », puis changement
de sujet.
Beaumarchais dénonce la
corruption au théâtre (corruption double) :
-Figaro -qui représente ici
le dramaturge malhonnête- s'est démené pour que sa pièce
fonctionne, grâce à deux plus que parfait montrant sa préparation
du spectacle : « j'avais rempli », « j'avais
interdit », et son constat : « le Café m'avait paru
dans les meilleures dispositions pour moi ».
-a payé les spectateurs pour
qu'ils applaudissent (d'où l'emploi du terme « Travailleurs »
pour les désigner).
-insertion fantaisiste d'une
règle absurde, grâce à l'accumulation : « j'avais
interdit les gants, les cannes, tout ce qui ne produit que des
applaudissements sourds » p.56
-malgré ces précautions
inutiles (clin d'oeil au sous-titre de la pièce), annonce de l'échec
grâce à l'adversatif « Mais » et le nom « cabale »
qui ne nécessite pas de phrase développée, tellement le mot est
évocateur.
-description de la cabale :
« ils m'ont sifflé » : trahison
-mise en abîme et confusion
des rôles : on ne sait plus qui joue et qui regarde : le
comte est déguisé et se donne « l'air de jaser », mais
c'est lui qui regarde la scène que constitue le balcon à la
jalousie ; Figaro met en scène sa propre vie et le comte en est
le spectateur qui rit et applaudit ; les spectateurs du théâtre
de Figaro sont payés pour être acteurs ; Beaumarchais est
Figaro...
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